Assemblée du Mouvement européen pour l’eau à Florence

La Coordination Eau île de France était présente (Stefania Molinari, Maurice Martin) à l’Assemblée du Mouvement Européen pour l’Eau (European Water Movement) qui s’est réunie les 8 et 9 novembre 2012 à Florence (Italie) à l’occasion du Forum des mouvements sociaux.
Des délégations représentaient les pays suivants : Italie, Allemagne, Belgique, France, Grèce, Espagne, Portugal, Slovaquie, Bulgarie.

La première journée a d’abord été consacrée à un rappel des enjeux écologiques et économiques : menaces sur la ressource, aussi bien en qualité qu’en quantité disponible, inégalités d’accès pour les populations, marchandisation et privatisation.
La résolution de l’ONU reconnaissant le « droit à l’eau » n’est pas encore suffisamment traduite dans les faits : 16 pays de l’UE sur 27 ne l’ont pas transcrite dans leur législation nationale.

Puis, chaque délégation a pu faire état de la situation de son pays et des combats menés pour l’eau publique par les Associations et les citoyens.
En Italie, la mobilisation de plus de 1000 associations locales a permis de rassembler plus de 1,4 million de signatures, obligeant le gouvernement à organiser un référendum en juin 2011 au cours duquel 27 millions de citoyens se sont prononcés contre la privatisation de l’eau. Mais, bien que la Cour Constitutionnelle ait validé ce résultat, plusieurs municipalités (Florence, notamment !) contournent la loi en signant des partenariats public/privé.
A Berlin, où, malgré un référendum victorieux pour la dénonciation du contrat de la ville avec Veolia, la municipalité a procédé à une « remunicipalisation frauduleuse » qui laisse à Veolia 25 % des actions pour une durée de 30 ans.
En Espagne, le gouvernement conservateur soumis aux injonctions de la « troïka » (FMI, UE, BCE) impose partout une hausse du prix de l’eau et la privatisation (Llobregat, Barcelone, Madrid-Canal Isabel II).
La Grèce est, elle aussi, confrontée aux injonctions de la « troïka » qui poussent à la privatisation, notamment dans les deux plus grandes villes du pays : Athènes et Thessalonique. La résistance citoyenne s’organise sur tous les plans.
En France – où la gestion de l’eau relève de la responsabilité des 36000 communes – la majorité des collectivités locales l’ont confiée aux sociétés privées (Veolia, Suez, SAUR). Même si 85 % des contrats de DSP sont reconduits avec, le plus souvent, une baisse des tarifs, des combats se mènent un peu partout pour le retour en régie publique, à l’exemple de Paris.

La deuxième journée a été consacrée à l’examen de l’évolution de la législation européenne, notamment sur la Directive Cadre de 2000, dont les délais d’application n’ont pas été respectés, sur la Directive de 2006 relative aux services dans le marché intérieur, prévoyant la neutralité concernant le régime de la propriété des services de l’eau, mais qui a récemment été remise en cause par la lettre du commissaire européen Olli Rehn qui promeut délibérément la privatisation des services de l’eau comme l’une des conditions imposées dans le cadre des plans de sauvetage pour les pays les plus endettés de l’UE. Un nouveau texte : « Blueprint for safeguard Europe’s Waters » doit paraître dans les prochains jours sur lequel nous aurons à organiser la mobilisation.
Parmi les propositions d’action commune – qui restent à affiner (consultables sur : www.europeanwater.org) – une mobilisation européenne le 22 mars 2013 à l’occasion de la « journée mondiale de l’eau ».

Maurice MARTIN

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