Eau et changement climatique : que prévoit le Plan Climat de Paris ?

 

Interview avec Célia Blauel, adjointe – Environnement, développement durable, eau, politique des canaux et «plan climat énergie territorial» – et présidente d’Eau de Paris par Paula Torrente pour l’agence parisienne du climat. Publié le 08 mars 2018

 

Célia Blauel

Célia Blauel © Patrick Sordoillet

APC : En tant que présidente d’Eau de Paris, quels sont les risques auxquels la structure doit faire face vis-à-vis des  dérèglements  du climat ?

Célia Blauel : Les effets du changement climatique sont partout et aucun territoire n’est à l’abri. Eau de Paris, en tant qu’entreprise publique en charge de la production et de la distribution de l’eau aux 3 millions d’usagers parisiens, doit aussi faire face aux effets du dérèglement climatique.

A l’échelle du bassin Seine-Normandie, le changement climatique pourrait avoir un fort impact sur les milieux aquatiques, et entraîner notamment d’ici 2100 :

  • une diminution du débit de la Seine et des cours d’eau d’environ 30 %, avec des étiages plus sévères ;
  • une augmentation de la température des cours d’eau de 2°C en moyenne, avec des conséquences sur la qualité de l’eau ;
  • un phénomène d’évapo-transpiration en augmentation de 23% affectant les milieux et la végétation ;
  • une tendance globale à la diminution de la ressource en eau et une baisse du niveau des nappes.

Ces constats ne sont pas une fatalité mais il faut se préparer à y faire face. C’est pourquoi la ville de Paris comme Eau de Paris, à travers la mise en œuvre de plans climats ambitieux se mobilisent depuis plusieurs années pour atténuer l’ampleur des conséquences du dérèglement climatique et s’adapter à ses effets.

APC : Quels sont les moyens mis en place pour préserver la ressource en eau à Paris ?

C.B : En 2017, Eau de Paris a défini une nouvelle stratégie de protection de la ressource, qui vise des objectifs ambitieux en matière de prévention des pollutions. Elle privilégie notamment le développement de pratiques agricoles favorables à la qualité de l’eau sur les aires d’alimentation de captage, grâce à un partenariat étroit avec les professionnels et les collectivités locales ainsi qu’un soutien technique pour la mise à disposition de foncier agricole et d’aide au développement de filières durables.

Aujourd’hui, 96 agriculteurs sont engagés auprès d’Eau de Paris pour réduire de façon significative les quantités de nitrates et de pesticides utilisées dans les cultures et 2864 hectares de surfaces agricoles sont cultivés en agriculture biologique. Cette superficie a été multipliée par 10 entre 2007 et 2017. Eau de Paris prévoit de poursuivre et intensifier cette stratégie au cours des prochaines années.

APC : Quelles mesures sont prévues pour gérer des événements climatiques extrêmes comme les inondations ou les crues ?

C.B : Paris, en tant que zone urbaine dense doit faire face à des évènements climatiques extrêmes qui risquent d’être plus nombreux dans les années à venir : canicule, crue, fortes pluies…. Face à la crue, Eau de Paris met tout en œuvre pour garantir la continuité du service public, ce qui a été parfaitement assuré lors des récents épisodes de crue.

La diversité des sources d’approvisionnement (l’eau potable vient pour moitié d’eaux de sources souterraines et d’eaux de rivières – la Seine et la Marne) et la robustesse des outils de production et des capacités de stockage d’eau constituent de véritables atouts en cas de crise. Ce système d’alimentation en eau potable ultra performant permet à la fois d’assurer la continuité d’approvisionnement en eau des Parisiens, et également de secourir des villes voisines qui seraient en difficulté.

Réservoir d'eau de Passy à Paris

Réservoir d’eau de Passy © François Grunberg

APC : Et pour lutter contre l’îlot de chaleur urbain ?

C.B : Le phénomène d’îlots de chaleur se fait de plus en plus prégnant à Paris. A tel point que l’été de 2003 ou de 2015 durant lesquels Paris a connu une canicule exceptionnelle, pourrait bien constituer l’été « normal » en 2050. Pour anticiper les effets de ces vagues de chaleurs, la Ville de Paris expérimente différentes solutions. Elle développe la végétalisation des bâtiments et des murs, qui contribue à faire baisser la température et permet d’éviter la formation d’îlots de chaleur. Elle a d’ailleurs identifié 700 îlots et parcours fraîcheur permettant aux usagers de repérer les endroits frais quand il fait très chaud.

Bassin de la Villette 2017

Baignade dans le bassin de la Villette 2017 © Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris

En collaboration avec Eau de Paris, la Ville de Paris expérimente également le rafraîchissement de la chaussée avec de l’eau non potable, une eau plus écologique car sans traitement.  Enfin, Eau de Paris assure en permanence le bon fonctionnement de plus de 1200 points d’eau potable, permettant aux Parisiens de s’hydrater gratuitement avec une eau potable d’excellente qualité, ce qui est une source de bien-être bienvenue lors des pics de chaleur.

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