L’eau au cœur du chaos climatique

Alors que les pourparlers sur le climat sont en cours à Paris cette semaine, la conférence Eau, mégapoles et changement global, ouverte le 1er décembre à l’UNESCO, porte sur la ressource la plus menacée au monde par les changements climatiques : l’eau. Spécialiste mondialement reconnue en matière d’eau douce, Maude Barlow, présidente du Conseil des Canadiens, est intervenue lors de la cérémonie d’ouverture de cette conférence internationale.

 

« On ne peut parler de changements climatiques sans d’abord parler de l’eau et des innombrables menaces qui entravent sa protection », a dit Mme Barlow. « Nous exploitons nos rivières jusqu’à épuisement et la majorité des fleuves n’atteignent désormais plus la mer. En outre, le pompage excessif et impitoyable des eaux souterraines empêche les nappes phréatiques de se renouveler. Nous sommes à l’heure des mesures drastiques et le temps n’est pas notre allié. »

 « D’abord, a-t-elle souligné, la crise de l’humanité ne peut pas être résolue sans traiter la crise écologique et cela doit renouveler notre compréhension de changement climatique. Le chaos climatique n’est pas juste le résultat d’émissions de combustible fossile. Nous identifions seulement la moitié du problème.

Des cours d’eau majeurs ont été détruits par le pompage et la dérivation de l’eau, non par le changement climatique comme nous le décrivons d’habitude. La destruction des aquifères cause la désertification, en croissance rapide, qui à son tour, réchauffe la planète.

La déforestation dévaste le cycle de l’eau.  La crise actuelle à Sao Paulo n’est due pas aux émissions de gaz à effet de serre, mais à la destruction de l’Amazonie, la pompe biotique qui crée « des rivières volantes », qui porte la pluie à des milliers de kilomètres et agit  comme un climatiseur. »

L’auteure de douzaines de rapports et d’ouvrages sur les problématiques portant sur l’eau, la durabilité et la démocratie, Mme Barlow a également agi comme conseillère principale sur l’eau auprès du 63e président de l’assemblée générale des Nations Unies.

« Le droit humain à l’eau est une question de justice, pas de charité », a tenu à rappeler Mme Barlow lors de son allocution. « Une remise en question des structures de pouvoir qui soutiennent les inégalités d’accès aux réserves d’eau douce aujourd’hui en péril s’impose… Le modèle dominant en matière de développement adopté par la plupart de nos dirigeants et des institutions internationales fait non seulement partie intégrante du problème, il fait carrément obstacle à l’émergence de solutions. »

Lire la version intégrale du discours.

Maude Barlow sera à Comme vous émoi, 5 rue de la Révolution à Montreuil, samedi 5 décembre à 14h pour le Forum international « eau, jeunesse et climat » (voir notre programme).