«L’état général des rivières est très préoccupant»

 Selon Christian Weiss, chargé de mission à France nature environnement Ile-de-France, nos petits cours d’eau sont trop souvent victimes de pollutions diverses. Article de Gérald Moruzzi et Nicolas Sivanu dans Le Parisien – Essonne
Villebon-sur-Yvette (Essonne), samedi 12 mai 2018. Nettoyage en famille le long de l’Yvette. LP/Gérald Moruzzi

Le ru qui serpente dans la forêt où vous avez l’habitude de vous promener est-il en bonne santé ? Même si ses eaux sont claires et ses rives luxuriantes, cela n’est pas si sûr. Christian Weiss, chargé de mission Eaux et rivières à France Nature Environnement Ile-de-France, dresse un état des lieux assez sombre de la situation dans la région. « L’état général des rus et rivières est très préoccupant », estime ce spécialiste, travaillant dans le domaine de l’environnement depuis les années 1970.

Une carte publiée par la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE) résume la situation. Si l’état écologique de certaines rivières de grande couronne est considéré comme « bon », les grands cours d’eau d’Ile-de-France sont plutôt dans un état « moyen » (comme la Seine) et les petits « médiocres » voire « mauvais ».

« Nous ne sommes plus à l’époque où il y avait beaucoup de mousse et d’irisations [NDLR : notamment liées à la présence d’hydrocarbures] à la surface de l’eau, tempère Simon Lery, responsable du pôle expertise de la qualité des eaux et des milieux aquatiques de la DRIEE d’Ile-de-France. Les choses se sont bien améliorées. Mais la difficulté aujourd’hui est qu’il y a davantage de sources de pollution diffuses. L’Ile-de-France est confrontée à un cumul des pressions. »

Des activités domestiques polluantes

La plupart des « gros points noirs » ont été supprimés durant les dernières décennies – notamment grâce à l’installation d’importantes stations d’épuration – permettant aux grands cours d’eau de se refaire une santé. Mais les services de contrôle ont beaucoup plus de difficultés à repérer les petites sources de pollutions qui sont extrêmement nombreuses dans une région densément peuplée. « Si on est plus attentif qu’avant aux grandes rivières, on continue de polluer les petits ruisseaux, alerte Christian Weiss. Plus on remonte vers les petits cours d’eau, moins les directives européennes et les lois sont respectées. »

Les pollutions d’origines agricoles ne constituent pas les moins importantes. « Malheureusement, nous sommes en régression par rapport à des choses qui avaient été obtenues, comme par exemple la végétalisation sur cinq mètres autour des cours d’eau pour filtrer les intrants », poursuit le membre de France Nature Environnement.

Mais de nombreuses pratiques liées à notre mode de vie ont également une grande part de responsabilité dans le mauvais état de nos cours d’eau. « Les polluants proviennent beaucoup d’activités domestiques, précise Simon Léry. Les stations d’épuration ne sont pas conçues pour filtrer ces substances. »

Des projets et autant d’avancées

Alors comment faire évoluer la situation ? Chacun peut agir à son échelle, en essayant de prendre moins sa voiture, d’utiliser des produits nettoyants à outrance ou même en limitant le nombre et la durée des douches.

« Des choses positives ont aussi lieu un peu partout en Ile-de-France », souligne Christian Weiss. Les projets de découvrement de cours d’eau et de renaturation des berges constituent autant d’avancées favorisant l’amélioration des flux et de la qualité de ces milieux aquatiques. « Certaines communes, comme Les Mureaux, font beaucoup de choses, avec une vraie politique de l’eau, constate-t-il. Ce sont des exemples à suivre. »

 

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