Maroc : protestation contre les hausses de tarifs

Les habitants des villes de Tanger et de Tétouan ont manifesté symboliquement samedi 17 octobre 2015 contre les très fortes hausses des tarifs de l’eau, de l’assainissement et de l’électricité appliquées dans leurs villes – comme partout ailleurs au Maroc – en éteignant les lumières dans leurs logements de 20h à 21h.  Communiqué du Bureau national de l’ACME Maroc le 18 octobre 2015.

Une telle action, menée dans sens élevé de responsabilité, peut être le prélude à bien d’autres, dans de nombreuses régions du pays.
Elle est surtout l’expression d’un très fort mécontentement par rapport aux politiques publiques menées notamment dans les secteurs sociaux. Celles-ci sont fondées sur un discours « d’inclusion » et de réponse aux « besoins de la population », mais dans la pratique, elles vont totalement à l’encontre des intérêts véritables de cette même population, surtout de ses composantes les moins nanties.
Fontaine dans la vieille ville de Fès
Ainsi, l’État, en appliquant à travers ses régies et par l’entremise des sociétés délégataires de services publics (telles qu’Amendis, Veolia ou la Lydec) des tarifs qui n’ont pour objectif ultime que l’équilibre des comptes publics ou les bénéfices des sociétés privées, opère une très forte ponction sur le pouvoir d’achat de la plupart des ménages marocains et, surtout, prive une grande partie parmi eux de l’ accès à des services de base (comme l’eau, l’assainissement et l’électricité), pourtant contenu expressément dans l’article 31 de la constitution marocaine telle que réformée en 2011.
Devant cet état des choses, ACME Maroc :
– Demande une révision profonde des augmentations des tarifs de l’eau, l’assainissement et l’électricité telles que décidées au cours de l’été 2014
– Demande la mise en place d’un système de compensation qui garantit l’accès des plus pauvres et des classes moyennes à ces services publics vitaux pour la population.
– Demande l’exonération de la TVA sur l’eau, l’assainissement et l’électricité pour les mêmes catégories sociales. Cela doit concerner les 3 premières tranches du système de facturation adopté au cours de l’été 2014
– Demande que les tarifs appliqués pour l’eau et l’assainissement soient strictement utilisés pour améliorer le service dans ces secteurs et ne donnent lieu à aucun transfert de valeur au profit d’autres secteurs.
– Exige la fin de la Gestion déléguée dans l’eau, l’assainissement et l’électricité, puisque celle-ci, loin de répondre aux besoins de garantie d’accès â tous à ces services, a surtout bénéficié à de grands groupes privés à capitaux essentiellement étrangers.
– Réitère sa demande à l’État, aux collectivités territoriales et au parlement pour tout mettre en œuvre pour que l’article 31 de la constitution, malgré les limites qu’il comporte, soit pleinement appliqué.
Mehdi Lahlou, président d’honneur de l’ACME Maroc, vient d’obtenir l’Energy Globe Award, un prix international pour son action visant à créer un lien entre droit à l’eau et droit à l’éducation: VOIR ICI.