Alerte internationale : contamination de l’eau à Caimanes au Chili

Les autorités sanitaires chiliennes  continuent à ignorer le problème de contamination de l’eau à Caimanes et condamnent la population. Le témoignage sur place d’Elif Karakartal dont vous pouvez suivre les chroniques au jour le jour ICI

Neuf mois après les analyses du docteur Tchernitchin démontrant la contamination de l’eau à Caimanes par des métaux lourds et des particules toxiques –, mercure, zinc, cadmium manganèse etc…-;  cinq mois après que le rapport de la Fondation France Libertés sur la situation de l’eau à Caimanes ait été reçu par le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies ;  trois mois après que les résultats de la contamination de l’eau aient été confirmés par les rapports des services environnementaux de la police scientifique précisant que l’eau n’était apte ni pour la consommation humaine, ni pour la consommation du bétail, ni pour l’agriculture ;  deux mois après que de façon simultanée en France – grâce à la récolte de plus de 50 signatures des organisations du FAME déposées à l’ambassade du Chili- et à Caimanes –au travers du Comité d’eau potable de Caimanes-,   des lettres aient été envoyées à la présidence de la république, aux ministères de la santé, de la justice, de l’intérieur, de l’environnement-,  un mois après que le gouvernement régional de la province du Choapa se soit engagé verbalement à trouver une solution à l’alimentation de l’eau de Caimanes,  rien n’a été fait.

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Le ministère de la santé continue de faire la sourde oreille et de nier la contamination de l’eau sans éléments vérifiables puisque, à la différence des analyses effectuées par le docteur et par la police scientifiques qui ont été communiquées et sont visibles, les rapports d’analyse du secrétariat régional du ministère de la santé n’ont pas été communiqués à la population, tout juste quelques pages rassurant la population mais pas le détail des analyses. Les autorités sanitaires régionales avaient mis en doute les analyses précédentes car selon elles, ces analyses n’étaient pas sérieuses et avaient été mal faites. L’argument principal des autorités sanitaires étaient que les analyses devaient être prélevées « dans les règles », sous entendu qu’il fallait prévenir la Mine avant de réaliser les prélèvements de l’eau. Curieusement ces analyses faites « dans les règles » ne montrent pas de contamination alors que les analyses du docteur  de l’Université du Chili et de la police scientifiques, réalisées toutes deux par surprise, montrent que l’eau est contaminée et dangereuse pour la santé.

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Bien que l’avocat défenseur, la présidente du Comité d’eau potable de Caimanes et moi-même, nous nous soyons rendus dans les locaux des journaux et des télévisions locales, les médias n’ont publié aucune information sur le sujet, ce qui équivaut à de la censure.  Leur peu d’intérêt provenait de ce qu’à leur sens,  étant donné qu’aucune maladie n’a encore été déclarée, la contamination de l’eau n’existe pas…  On sait pourtant que la contamination par les métaux lourds ne se traduit pas immédiatement mais au bout de plusieurs années et que la reconnaissance de la contamination devait, à titre de précaution, être accompagnée de mesure préventive de distribution de l’eau, surtout aux populations les plus vulnérables, or c’est exactement le contraire qui se fait :  ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter de l’eau et les enfants de l’école sont exposés à cette contamination.

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A Caimanes en effet, les habitants ont perdu tout espoir dans leurs autorités. Ceux qui peuvent se le permettre, achètent l’eau par bidons de 20 litres pour 3,50 euro : les habitants disent consommer un minimum de 3 bidons de 20 litres d’eau par semaine pour un couple équivalent à 10,5 euros,  soit 42 euros par mois (le salaire minimum au Chili est de 300 euros mais à Caimanes, tous ne reçoivent pas de salaire..).  Ceux qui n’ont pas les moyens sont condamnés à boire l’eau du robinet. L’entreprise Aguas del Valle achemine des camions vers Caimanes et fait là un fructueux business. Il n’y a  aucune prise en charge ni de la Mine Los Pelambres ni de la part  de l’Etat. Los Pelambres refuse de reconnaître que ses activités contaminent tandis que l’Etat soutient la Mine de manière inconditionnelle.  Les populations les plus vulnérables : personnes de peu de ressource et les enfants sont sacrifiés à cette folie. En effet les cantines de l’école primaire et de  l’école maternelle continuent de distribuer de l’eau contaminée aux enfants !  Le futur des Caimanes est sacrifié par l’irresponsabilité totale des autorités et l’attitude criminelle de Los Pelambres, propriété de la famille la plus riche du Chili. A l’inverse du principe de précaution, ici tant qu’il n’y a pas de maladie déclarée, la contamination n’est pas reconnue. Les avocats défenseurs du village avaient déposé un recours de protection mais, bloqués par le procès de Caimanes, ils n’ont pas pu le présenter eux-mêmes et ce recours a été rejeté en première instance. Il est actuellement en appel à la cour suprême de justice. Pendant ce temps, les enfants et les familles qui ne peuvent pas s’acheter l’eau, n’ont d’autre solution que de boire l’eau empoisonnée.

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