Une tribune de Dominique Busson, membre du collectif climat de Noisy-le-Sec (93), qui éclaire les enjeux économiques et environnementaux de la mise en place des compteurs d’électricité Linky. Mais n’est-ce pas peu ou prou les mêmes enjeux qui sont posés avec les compteurs d’eau à télé-relève ? Au delà de la question des ondes qui fait peur ou pas, on ne parle pas si souvent des questions qui fâchent…
Linky coutera plus de 5 Milliards, qu’au final le client paiera. Pourquoi? Linky est une demande de la commission européenne pour ouvrir le marché économique de l’énergie. Récupérer les données individuelles et les revendre sont aujourd’hui choses courantes dans le vaste marché mondial. On connait déjà cela pour la téléphonie.
L’accès à sa consommation, le rêve de l’usager actif et réactif face à sa courbe de charge et la lutte contre le réchauffement climatique ne sont que l’alibi dont avaient besoin les marchands pour vendre leur produit.
Quelle est la réalité? Jusqu’en 2021, 35 millions de compteurs en état de marche seront changés par des appareils à l’obsolescence programmée (durée de vie max 20 ans d’après les vendeurs), soit 52 000 tonnes de déchets électriques parmi les plus polluant de la planète à retraiter au moins tous les 20 ans! On ne sait pas encore quel pays africain acceptera de prendre nos poubelles! Quel gaspillage… Et on ne dit rien…?
L’énergie en jeu pour la fabrication et retraitement sera l’équivalent de 750 000 arbres brulés à chaque renouvellement. Où est la lutte contre le réchauffement?
En l’état, les compteurs ne permettent même pas l’accès à ses propres données. Enedis, monopole de la gestion du réseau, pourra négocier nos données aux fournisseurs qui les produiront ou pas et suivant un service sans doute payant à la clé. L’expérience montre qu’un usager sans formation ou sans mobilisation ne fera rien de tout cela. Rien ne garantit sans accompagnement et incitation à consommer différemment.
L’énergie est l’affaire de tous et c’est de son économie dont on devrait parler avant de parler de sa consommation.
Autre problème, les données individuelles et leur protection. Nous sommes déjà tous sur écoute via nos téléphones, google, nos abonnements commerciaux, les fichages depuis notre enfance, etc… Sauf exception tous ces outils de surveillances peuvent être interrompus par l’usager quand il le veut. A chacun sa responsabilité d’interrompre les données mobiles. il suffit de paramétrer son mobile, de couper son ordinateur, de limiter les infos récupérée par l’administration par des réactions collectives…
Quand Linky sera installé, sans craindre pour autant Big Brother, ce sera un appareil que l’on ne pourra plus débrancher. Cet outils dont seulement 20% du logiciel est programmé sera reconfigurable suivant les besoins et souhaits des politiques futurs. Tous nos appareils sont ou seront communicants à notre insu. Toute notre vie, nos habitudes font déjà l’objet d’enregistrement pour le plus grand bien du commerce. Et cela sera transmis par Linky au reste du monde sans aucun contrôle possible sauf à tout débrancher!!!
Le coût social est lui aussi très peu évalué. tout d’abord c’est toute une activité, le contrôle des indices, qui est impacté. Les syndicats parlent de plus de 5 000 emplois CDI en danger. Ce sera d’ailleurs la dessus que Enedis compte se rembourser. Ce ne seront pas les emploi précaires nécessaire aux installations qui combleront le déficit. Les usagers seront eux aussi soumis plus directement au risque de coupures. On le connait déjà avec Veolia qui coupe l’alimentation des mauvais payeurs, ce sera la même chose pour les précaires énergétiques. Le système sera beaucoup plus réactif.
On nous dit que Linky permettra le développement des énergies renouvelables et préviendra le black out. Déjà des pays comme la Belgique connaissent ces risques. Déjà des moyens de prévention existent, sans Linky. Quand il s’agit de réguler les puissances disponibles face aux fluctuations du renouvelable, c’est de bons comportements dont on a besoin. Il faut en cas de surconsommation que chacun devienne responsable et accepte de fermer certains appareils pour partager ce qui est disponible. Des solutions existent sans avoir besoin d’un Linky qui décidera pour vous. Il s’agit de limiter les consommations. 5 milliards pourraient profiter à l’isolation de plus d’un million de logements! Commençons par penser consommation raisonnée avant de penser gestion des surconsommations.
Enfin le problème des ondes… Actuellement une étude de l’ANSES commandée par le gouvernement est en cours. Rien n’est acté ni évalué sur les effets des ondes sur le corps humain. Nous baignons dans un bain d’ondes à de multiples fréquences, dans des champs magnétiques à de multiples intensités, et tout cela à des niveaux divers d’exposition, le temps et dans l’espace. Rien n’est établi quant aux différentes pathologies qui pourraient en découler…. Sauf que l’OMS met en garde, à de fort niveaux on le sait. Cela peut avoir des conséquences graves. Linky ne sera pas sans doute l’émetteur le plus fort, encore que…. Un Linky n’en vaut pas deux, ni trois , ni quatre… Les signaux CPL seront portés par un seul Linky au bout d’une rue pour transmettre les infos au concentrateur qui lui relayera via WIFI aux centre de recueil de données. Alors quelles seront les réelles émissions quand elles s’additionneront? Quelles seront les émissions de ces nouvelles antennes en ville? Les « ondulo-sceptiques » n’argumentent souvent que sur l’effet d’un Linky mais quand on multiplie…? Pouvons nous accepter d’être les cobayes du marché de l’énergie?