L’accord de Paris a conclu la conférence internationale pour le climat (COP21). Son objectif à long terme est louable: maintenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C, voire de 1,5°C. Mais selon la Coordination SUD (pour solidarité urgence développement, qui regroupe les ONG françaises de solidarité internationale), les mécanismes proposés pour y parvenir semblent bien faibles; ils reposent sur la base du volontariat pour la plupart. L’accord ne permet pas de rattraper significativement et rapidement l’écart avec la trajectoire de +3,5°C qui se dessine avec les contributions nationales actuelles et qui ne seront pas revues avant 2023. LIRE ICI. De bonnes intentions sans moyens d’action: rien de gagné donc pour le moment.
Rien de gagné mais tout n’est pas perdu
Tout n’est pas perdu car nous saurons rappeler aux chefs d’État leurs engagements. D’autant qu’après la COP 21 et, en particulier, après les manifestations du 12 décembre, le mouvement international pour la justice climatique sort renforcé. A nous donc de continuer à le faire grandir.
Il y a quelques semaines, la Coordination Eau bien commun France et les rencontres Eau, planète et peuples avaient regretté que l’eau soit absente du texte préparatoire (lire la déclaration « eau et climat »). Cela se confirme malheureusement avec le texte de l’accord de Paris. C’est pourtant par l’eau que se manifestent principalement les dérèglements climatiques ainsi que le montre le rapport des Nations Unies sur les désastres climatiques. Ainsi les inondations représentent plus de 47% des désastres liés au climat (1995-2015), elles ont affecté plus de 2,3 milliards de personnes et tué plus de 157 000 autres. Les sècheresses touchent l’Afrique plus que n’importe quel autre continent. Sur 136 sècheresses entre 1995 et 2015, 77 ont touché l’Afrique de l’Est. Les désastres climatiques représentent 90% des catastrophes naturelles survenues ces vingt dernières années.
En analysant les contributions nationales pour la COP21, on peut aussi constater que l’eau est le secteur prioritaire pour l’adaptation au changement climatique, suivi par l’agriculture et la santé (voir la note d’analyse du Partenariat français pour l’eau et de la Coalition eau).
La prochaine conférence climatique, la COP22, aura lieu au Maroc en novembre 2016: parions qu’il sera encore plus difficile de ne pas évoquer l’eau dans un pays fortement touché par le stress hydrique!
En 2016, action!
Au moment de la COP21, la Coordination Eau bien commun France et les rencontres Eau, planète et peuples ont mis en avant une démarche de restauration du cycle de l’eau, mis à mal par les activités humaines, pour contrer les dérèglements climatiques, en s’appuyant sur les réalisations de Michal Kravcik en Slovaquie et de Rajendra Singh au Rajasthan: voir ici plusieurs exemples de recul de la désertification. Avec le Sommet citoyen pour le climat à Montreuil et les rencontres Eau planète et peuples au Pavillon de l’eau à Paris, les liens se sont renforcés avec ces porteurs d’alternatives pour l’eau et le climat que nous avons fait venir du monde entier: Michal Kravcik et Rajendra Singh déjà évoqués, mais aussi Maude Barlow, Nathalie Seguin, Mehdi Lahlou, Marco Schmidt… Nous allons donc continuer à agir ensemble dans la perspective de la prochaine conférence climatique mais aussi essayer de répondre à l’appel de Rajendra Singh : « maintenant que vous avez compris notre démarche, ce qui compte c’est l’action! » Prenons des initiatives pour restaurer le cycle de l’eau, ici, en France.
Contrairement à la quantité de CO2 dans l’atmosphère qui reste une question très abstraite pour la majeure partie de la population, avec la restauration du cycle local de l’eau, nous tenons un levier plus concret pour agir sur le climat, à la portée de tous, citoyen-nes, associations, collectivités. Et cette action au niveau local peut avoir un résultat à grande échelle: deux photos satellites prises à vingt ans d’écart montrent la progression de la végétation dans les 10 000 km2 où s’est déployé le travail de Rajendra Singh et de son ONG Tarun Bharat Sangh.
Plus impressionnant encore, le chercheur brésilien Antonio Donato Nobre montre qu’au dessus de la forêt amazonienne coule un fleuve aérien, issu de l’évapotranspiration des arbres, plus grand que le fleuve Amazone lui-même! VOIR ICI A cette échelle, l’effet sur le climat global n’est pas négligeable et plusieurs chercheurs se demandent comment créer le même cycle vertueux entre forêt, atmosphère et océan, dans d’autres parties du monde… En tout cas, il est évident que le climat et ses dérèglements dépendent de plusieurs facteurs, l’atmosphère, bien sûr, mais aussi les océans et le cycle de l’eau, les forêts, et sans abandonner la lutte pour limiter les émissions de CO2, il faut sans doute s’intéresser davantage à tout ce que nous pouvons faire pour préserver le cycle de l’eau et éviter la déforestation.