Tous les articles par admin

La voie est libre …pour la gestion publique

Est Ensemble (1) a signé un accord de coopération avec la ville de Paris dont le premier point porte sur l’eau et ouvre grand la porte à une alternative publique pour la gestion de l’eau dans l’est parisien. Paris s’engage à faciliter les études, à prêter son assistance technique et même à envisager les modalités de création d’un syndicat mixte si, bien sûr, Est Ensemble en fait la demande.

 

Grâce à l’action des citoyens avec la Coordination EAU Île-de-France, l’adhésion d’Est Ensemble au SEDIF (Syndicat des eaux d’Île-de-France, étroitement lié à VEOLIA) a été cassée par le tribunal administratif. Le SEDIF assure encore, de fait, la distribution d’eau, mais les dirigeants d’Est Ensemble peuvent à tout moment choisir une autre solution, s’ils en ont la volonté.

 

Les conditions sont donc réunies pour tirer un trait sur le choix désastreux de 2010 d’adhérer au SEDIF et pour s’engager dans la voie d’un partenariat public-public et aussi gagnant-gagnant avec Paris. Est Ensemble a tout intérêt à s’appuyer sur un partenaire aussi solide que la ville de Paris qui a, sans conteste, réussi le passage en régie. Et Paris a intérêt à  utiliser davantage ses capacités de production, devenues excédentaires avec la baisse constante de la consommation, et à améliorer encore son bilan économique dans l’intérêt des usagers.

 

Encore faut-il que les élus l’empruntent

« Je suis favorable à une gestion publique de l’eau » affirme le président d’Est Ensemble. Très bien, alors maintenant, passons aux actes ! Pas question d’attendre jusqu’en 2023, l’impossible retour à une gestion publique du SEDIF qui sera alors lié depuis un siècle à Véolia. Le passage à une gestion publique peut être rapide : 18 mois à Paris ! Pas question non plus, après des dizaines d’années de surfacturation des usagers, de payer un « droit de sortie » au SEDIF, comme le suggère l’interminable et coûteuse étude menée pour Est Ensemble. Les frais éventuels devront être assumés de façon équitable entre la future régie d’Est Ensemble et le SEDIF.

 

 

Encore faut-il que les citoyens les y engagent

 

A quelques mois de l’élection des conseillers municipaux et communautaires, les citoyens peuvent se faire entendre en s’adressant aux différentes listes et en leur réclamant des engagements forts. Si tout le monde se prononce pour la gestion publique, qui est prêt à créer dès maintenant la régie publique de l’eau d’Est Ensemble et à s’engager à la mettre en place au cours du prochain mandat ? Cette simple question devrait suffire à départager discours politiciens et intentions vérifiables. Ce sera le marqueur du changement à Est Ensemble pour les citoyens.

 

(1) Est Ensemble regroupe les communes de Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré Saint Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin et Romainville.

Version à imprimer

Eau et climat, un nouveau paradigme?

On parle souvent de l’influence du climat et du changement climatique sur les ressources en eau et sur le cycle de l’eau.

On ne parle pas de l’inverse : l’effet sur notre climat des changements introduits par l’humanité dans le cycle de l’eau.

Or prendre cette perspective amène une vision nouvelle des évolutions actuelles du climat, et permet non seulement de comprendre de nombreux phénomènes mais aussi d’amener des solutions.

C’est ce qu’a fait un groupe d’hydrologues et de chercheurs slovaques et tchèque. Ce projet est présenté dans un livre « l’eau pour rétablir le climat -un nouveau paradigme de l’eau » (…)

Forages, les préparatifs continuent, l’action aussi

Environ 450 personnes se sont rassemblées le samedi 3 août devant la plate forme installée par la société Hess Oil au lieu-dit « la Petite Brosse » près de Jouarre (Seine et Marne).

Officiellement, il s’agit d’exploration profonde. Les militants qui ont examiné le dossier sont sceptiques : il s’agit bien d’aller dans la roche-mère, là où l’exploitation nécessite la fracturation.

Lors du permis de 2009 sur Château-Thierry (qui inclut Jouarre), les industriels (à l’époque la société Toréador) prévoyaient bien de procéder à la fracturation hydraulique pour leurs recherches. La loi de 2011 l’interdit, mais un recours a été déposé : Hess se tient donc prêt, au cas où elle serait remise en cause.

Les manifestants, avec l’appui de plusieurs élus (dont la Maire de la Ferté sous Jouarre) ont dit non à la fracturation hydraulique, non à l’exploitation mais aussi non à l’exploration : beaucoup ont demandé que les efforts soient menés non pour chercher de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz « non conventionnels » mais pour développer les énergies renouvelables. Daniel Hofnung (ATTAC, Coordination EAU Île-de-France) a appelé à se centrer sur la transition énergétique, qui signifie avant tout consommer moins d’énergie… donc ne pas chercher de nouveaux gisements. Plusieurs militants ont dénoncé le partenariat transatlantique en cours de négociation et les portes qu’il ouvrirait en Europe pour ce type d’exploitation.

Depuis les buttes surplombant le site, les installations prêtes à servir sont bien visibles: la foreuse de 26 m de haut, les cuves pour le mélange du fluide de forage, puis de fracturation, le bassin de décantation, les forêts prêts à servir, les tas de sacs de ciment pour le puits de 4.000 m, les piles de tuyaux d’acier, le mélangeur marqué H2S, les baraquements du personnel…

Ils sont prêts à forer, continuons l’action pour les en empêcher !

VOIR ICI les photos de l’action et des installations

Sans eau, quelle vie?

Les plus exclus, les plus fragilisés sont en première ligne aussi pour l’accès à l’eau et à l’assainissement. Pour les Roms, c’est l’été de tous les dangers. D’abord parce que les multiples démantèlements de camps depuis le début de l’année ont encore accru la précarité de leur existence. Ensuite parce que l’approche des municipales pousse certains maires à toutes les postures démagogiques et autoritaires sur le dos des plus faibles. Enfin parce que la chaleur rend la situation intenable sans eau.

Le droit à l’eau et à l’assainissement doit s’appliquer ici et maintenant! C’est un droit humain fondamental, c’est à dire qu’il ne peut pas souffrir de restrictions, de conditions… Sinon cela signifie un déni d’humanité pour ces familles.

La France se veut en pointe dans la gestion de l’eau -la fameuse école française de l’eau-, et plus récemment dans la reconnaissance du droit à l’eau et à l’assainissement, mais en réalité, il reste encore beaucoup à faire pour rendre ce droit effectif dans notre pays. Selon la Commission nationale des droits de l’homme en juin 2011, l’accès à l’eau et à l’assainissement n’est pas satisfait pour plus de deux millions de personnes.

En juin, l’action solidaire d’élus et d’associations à Vitry (94) VOIR ICI a marqué des points et permis une évolution de la situation. Depuis juillet,  une autre alerte vient de Wissous (91): LIRE ICI « le maire de Wissous coupe l’eau aux Roms », un article d’Essonne Info du 26 juillet, et VOIR ICI l’appel de deux élus.  Ces diverses initiatives contribuent à la réalisation du droit à l’eau pour tous. A soutenir et à multiplier!

Bruxelles, les habitants prennent la gestion de l’eau en main!

françoise-naufragée

La balade des naufragés est la première d’une série de quatre sur le versant d’un affluent de la Senne dans la commune bruxelloise de Forest. Ces promenades exploratoires, organisées par les Etats Généraux de l’eau à Bruxelles avec des groupes d’habitants de la commune organisés en comités, quartiers durables ou contrats de quartier durable, permettent un diagnostic des problèmes liés à l’eau. Elles sont suivies d’ateliers de cartographie collaborative (Map-it) pour l’élaboration de propositions de solutions et idées.

Après les quatre promenades et cartographies, une carte de synthèse est prévue. Elle sera présentée et discutée comme proposition d’un versant pilote à l’occasion d’une table ronde visant à réunir les habitants, les institutions locales compétentes en matière d’urbanisme et les gestionnaires de l’eau : institutions régionale, communale et fédérale et opérateurs de l’eau.

Cette première promenade dédiée au radeau des naufragés a réuni une bonne vingtaine de personnes : habitants du fonds de la vallée, et du haut du versant, militants de l’eau bien commun, curieux-curieuses bruxelloisEs ou venuEs de loin, la Coordination Eau Ile-de-France, radio PanikGlobradio, l’échevin (adjoint au maire) à l’urbanisme de Forest, et les experts, Kevin De Bondt,  géologue du département Earth System Science, Vrije Universiteit Brussel (VUB), Valérie Mahaut, ingénieure civile architecte, enseignant à l’Université de Montréal et particulièrement intéressée par les « nouvelles rivières urbaines ».

groupe-naufragésNotre petite troupe est guidée par Françoise, habitante depuis 25 ans du bas Forest, et sa fille qui porte les cartes et panneaux préparés par la mère pour illustrer ses propos. Françoise nous a fait observer en détail l’océan de bitume qui encercle et forme le radeau, et les derniers espaces où l’eau fait surface, tristement sale et malodorante. En vraie naufragée-militante, elle s’est préparée comme une pro et nous conte avec passion, comment au fil des siècles et de l’industrialisation, la fréquence des inondations s’est accrue et les forestois du bas ont appris à vivre les pieds dans l’eau et dans le caca !

Le Geleytsbeek, affluent de la Senne, et sa vallée n’ont plus grand chose du havre de paix qu’ils étaient jusqu’au XIXème siècle. Etangs, bois et noues qui attiraient autrefois la bourgeoisie et ses loisirs ont disparu sous les industries, le bitume et le béton. Après la construction de la gare et l’arrivée de la voie ferrée, les entreprises s’installent au fil de l’eau, les habitants des villas fuient ce bas de vallée où migrent des pauvres à la recherche d’emploi… Même les religieuses de l’Abbaye de Forest abandonnent leurs étangs et leurs canaux. L’industrialisation et l’urbanisation se poursuivent, les étangs sont asséchés, les canaux enterrés.

La tendance n’a jamais faibli, et s’est même amplifiée à partir des années 1980. Depuis, le fonds de vallée a vu pousser, une station d’épuration, une gigantesque usine de construction automobile (anciennement Volkswagen, désormais Audi), le centre de compostage de Bruxelles, deux centres de tri des déchets et une usine de production d’électricité gaz-vapeur !

L’imperméabilisation massive des sols empêche l’infiltration des eaux de pluie et c’est bien là une des causes principales d’inondation du quartier de Saint-Denis, trois à quatre fois par an. Le Geleytsbeek, depuis longtemps devenu un égout puant, en-tuyauté, enterré sert désormais de collecteur. Sans aucun dénivelé et avec un tracé qui entoure le quartier et remonte son cours d’antan, il ne trouve plus d’autre exutoire que les cave-cuisines des habitants. Une partie du collecteur, sous l’usine automobile, ne peut plus être curée. Le sable des chantiers de tout le versant, la graisse à frite et de mystérieux vêtements s’accumulent et le bouchent… L’eau n’a plus qu’à déborder.

C’est ainsi que les habitants du quartier, les plus persévérants, chaussent régulièrement leurs bottes pour aller vider des seaux d’eau et d’excréments accumulés dans leurs caves. D’autres ne restent pas longtemps. Les plus aisés du quartier, par des systèmes plus ou moins coûteux de pompe, de surélévation des bouches d’évacuation ou de cuvage des caves se protègent précairement. Mais ces solutions individuelles apportent autant d’eau supplémentaire dans les caves des plus démunis. Les sans-papiers, notamment, à qui des propriétaires peu scrupuleux louent les entresols, sont régulièrement chassés par l’eau… et sans préavis !

Seul point positif dans ce sombre tableau que nous peint cette habitante exaspérée (mais loin d’être désespérée), une entreprise de design dans une ancienne usine, a aménagé dans sa cour, un tout petit étang verdoyant, offrant ainsi un échantillon minuscule des potentialités de paysage du quartier. Les petites maisons peintes de toutes les couleurs et les vieilles usines en brique rouge ne sont pas si désagréables à regarder lorsque la végétation trouve sa place dans le cadre.

Après plus de deux heures de marche rapide et le récit détaillé de Françoise, nous arrivons au TNG, bien essoufflés et étourdis d’information cartographique et catastrophique. Nous piqueniquons rapidement avant de nous retrousser les manches. C’est Dominique qui prend maintenant la parole pour orienter notre travail pour la fin de la soirée.

Aujourd’hui nous avons exploré le quartier le plus en difficulté du versant, le fonds de la vallée est logiquement le plus affecté par les inondations. Une partie des solutions viendront du haut du versant, mais il est important de nous concentrer sur ce que nous avons observé. Ce sera le but des prochaines balades que de tisser les liens de solidarité entre les habitants des collines et les naufragés, pour aller vers une gestion intégrale du bassin versant. Le géologue et la chercheuse nous conseillent de penser aux opportunités que nous avons pu observer pour l’eau de refaire surface, ils évoquent les « nouvelles rivières urbaines » comme solution possible pour ralentir, faire évaporer ou infiltrer l’eau…

mapping-naufragésTrois groupes se forment autour de cartes vierges du quartier, des étiquettes symboliques pour marquer les problèmes observés, les points positifs et les idées, les rêves mêmes. Les participants s’interrogent : doit-on rêver ou être réalistes ? Et je pense à cette phrase attribuée à Shakespeare : « Ils ont échoué parce qu’ils n’ont pas commencé par le rêve », et cette autre d’Oscar Wilde : « La sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit ». Un peu des deux sans doute, du rêve le plus fou au projet le plus pragmatique, un panel de solutions peut émerger de ce bouillonnement collectif…

Après une promenade aussi riche, malgré la fatigue et la nuit tombante, les cartes se couvrent vite de nombreuses étiquettes. Certains rêvent de voir l’usine disparaître, d’autres de voir les noues refaire surface, d’autres encore imaginent des marais permettant à la fois de faire tampon pour les crues et de filtrer l’eau tellement polluée… Nous n’avons pas le temps de faire la synthèse entre les trois groupes, mais une grande excitation et émulation animent encore les conversations jusque dans la nuit.

hope-naufragés

Les prochains rendez-vous pour les trois autres balades sont pris aux mois de septembre et octobre. Il faudra être prêts, solidaires, plein d’idées et de force pour la table ronde du 15 novembre.

Aventure à suivre…

SEDIF: Santini verrouille encore!

Echaudé par les exemples des Lacs de l’Essonne et d’Est Ensemble, où la création d’une communauté d’agglomération et la reprise par celle-ci de la compétence eau a permis la sortie du Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF) aux communes qui en étaient toutes membres auparavant, M. André Santini, président du SEDIF, veut tout faire pour empêcher que cela se reproduise! Et verrouiller encore plus le SEDIF en interdisant aux communes toute possibilité de sortie du syndicat.

Ainsi, dans un cas voisin, l’extension d’une communauté d’agglomération membre du SEDIF à de nouvelles communes, elles aussi membres du SEDIF, équivaut selon la réglementation à un retrait de ces communes du SEDIF et ouvre du coup une fenêtre de tir pour un autre choix, ce que M. Santini veut à tout prix éviter. Aussi il a écrit par deux fois au Ministre de l’Intérieur pour éviter « ces situations inutilement complexes de retrait imposées par les textes« .

Car, quand on est au SEDIF, c’est pour y rester! M. Santini en sait quelque chose, lui qui préside le SEDIF depuis trente ans. La Générale des eaux -Veolia aussi, qui est délégataire du syndicat depuis 90 ans!

Lire la note N°20 de la séance du comité syndical du SEDIF du 20 juin 2013