Archives de catégorie : Santé & Environnement

La pollution de la Marne au tribunal

Depuis plusieurs années, la « Coordination Eau Île-de-France » avec l’association « Actions vertes Roissy Val-Maubuée » (AVRVM) et divers particuliers ont lancé  l’alerte sur la présence de composés de glycol dans  la Marne, et des conséquences éventuelles sur la qualité de l’eau mise en distribution par l’usine de production d’eau potable d’Annet-sur-Marne propriété de Veolia Eau.

L’aéroport Paris-Charles de Gaulle (3 400 hectares) est avec ses 60 millions de passagers le septième aéroport mondial. Les surfaces imperméabilisées (1 000 hectares) des 4 pistes, des voiries et des parkings ont besoin pendant l’hiver d’être déneigées et déverglacées. Il en est de même pour les ailes des aéronefs qui doivent être traitées au moment du décollage. Pour ce faire, Aéroports de Paris utilise divers produits dont des composés de glycol (propylène glycol et éthylène glycol), qui se retrouvent dans les eaux pluviales, puis dans les rivières (Reneuse et Beuvrone) et enfin dans la Marne, juste en amont de la prise d’eau de l’usine d’Annet-sur-Marne et peut-être dans le verre des 500 000 Franciliens habitant la Seine-et-Marne, le Val d’Oise ou la Seine-Saint-Denis.

Dans cette affaire, les citoyens et les associations qui les représentent se trouvent face aux énormes machines économiques que sont Aéroports de Paris et Veolia Eau. Ils sont confrontés à des difficultés d’accès à l’information, à une législation non adaptée à l’usage (et au rejet) de composés chimiques relativement récents, ainsi qu’à toute une série d’arrangements ou de négligences qui permettent à des pollutions liées à l’activité humaine de mettre en danger les écosystèmes et la santé des habitants.

La pollution à l’éthylène glycol en amont de l’usine de potabilisation d’Annet-sur-Marne est emblématique des combats que nous devons mener pour la défense de l’environnement.

Cela a conduit les associations et les citoyens à contester devant le tribunal administratif de Melun les arrêtés préfectoraux autorisant le rejet des eaux pluviales polluées dans la Marne. L’audience est prévue le 7 mai.

D’ores et déjà, la « Coordination Eau Île-de-France », l’association « Actions vertes Roissy Val-Maubuée » et les particuliers qui s’y sont joints,  se félicitent :
-d’avoir mis sur la place publique cette question de santé publique jusqu’à présent tue;
-des acquis obtenus de la part des services de l’État, d’ADP et de Veolia; en particulier, de la publication du plan d’actions d’ADP (pour un montant estimé à 50 millions d’euros) et de la signature d’un protocole d’alerte entre ADP et Veolia concernant la pollution de l’eau.
-de l’exemple donné qui montre l’intérêt qu’il y a de voir des citoyens s’impliquer dans ce type d’action.

> Synthèse documentaire de cette affaire & liste des documents de référence consultables en ligne >>> https://eau-iledefrance.fr/doc/dossier-glycol/

> Synthèse documentaire version pdf à télécharger >>> dossier Glycol

Le rôle de la surconsommation d’eau dans le chaos climatique

Cet article de Maude Barlow, qui cite les thèses de l’hydrologue slovaque Michal Kravcik, est particulièrement important à un moment où se prépare la « COP 21 » (conférence internationale sur le climat, qui doit se tenir au Bourget fin 2015) : « même si nous solutionnons le problème des gaz à effet de serre, nous ne serons pas en mesure d’arrêter le changement climatique si nous ne nous occupons pas de l’impact sur la planète de notre sur-exploitation de l’eau ».

Maude Barlow décrit les atteintes faites au système hydrique mondial, et montre les solutions, qui supposent de modifier totalement l’usage des ressources en eau ainsi que le commerce mondial, en relocalisant bon nombre de productions.

« Une composante cruciale manque à la fois dans l’analyse actuelle du chaos climatique et dans les solutions qui sont proposées pour y répondre. La plupart des universitaires spécialisés sur le climat et des activistes voient le chaos climatique comme résultant presque uniquement des émissions de gaz à effet de serre issus de la combustion des carburants fossiles ainsi que de la pollution par le méthane des industries extractives et de l’élevage. La solution à la crise serait de réduire les émissions de CO2 et d’autres polluants dans l’air et de passer aux sources d’énergie alternatives et durables.

Je souscris pleinement aux apports de la science à cette analyse et je les soutiens. Je rejoins les autres activistes du climat dans la lutte contre l’usage croissant des carburants fossiles, surtout ceux venant de la fracturation hydraulique et de l’exploitation des sables bitumineux dans mon propre pays, le Canada. Mais je ressens fortement qu’il manque une pièce au puzzle, qui doit être prise en compte si nous voulons comprendre correctement la vraie nature de la crise. Ce morceau manquant est notre sur-exploitation de l’eau, sa mauvaise gestion et son détournement.

Quand nous parlons du changement climatique et de l’eau, c’est d’habitude pour considérer que le réchauffement a un impact sérieux et négatif sur les ressources en eau douce dans le monde. Effectivement, c’est le cas. Des conditions climatiques plus chaudes amènent une évaporation plus rapide des lacs et des rivières, des chutes de neige réduites, la baisse de l’étendue des glaciers et leur fonte. Tout cela représente un tribut terrible sur les systèmes hydriques de la planète.

Ce qui est moins compris, c’est que notre traitement cavalier de l’eau douce est aussi une cause majeure du chaos climatique et du réchauffement global. Ceci a besoin d’être pris en compte par notre mouvement. Si nous voulons analyser correctement le changement climatique, il est temps d’inclure une analyse de la façon dont notre surconsommation d’eau est un facteur additionnel dans l’apparition du réchauffement global. Les solutions à la crise doivent inclure la protection de l’eau et la restauration des bassins versants.

L’humanité moderne a largement perdu son rapport avec l’eau à l’état naturel. Au lieu de voir l’eau comme l’élément essentiel des bassins versants vivants qui nous donne la vie à tous, nous considérons l’eau comme une ressource nous procurant confort, plaisir et profits. Alors nous déversons des polluants dans nos bassins versants, sur-exploitons à mort nos rivières et pompons les eaux souterraines fossiles anciennes plus vite que la nature ne peut les reconstituer. Des fleuves n’atteignent plus l’océan, des aquifères sont asséchés, les déserts se développent. Cinq cents scientifiques ont récemment averti que notre surconsommation collective de l’eau a fait entrer la planète dans un « nouvel âge géologique” – une « transformation planétaire” qui n’est pas sans rappeler le retrait des glaciers il y a 11 000 ans.

Ce mauvais traitement de l’eau affecte le climat de deux manières.

La première est le déplacement de l’eau de l’endroit où elle participe à des écosystèmes sains, qui contribuent à leur tour à des cycles hydrologiques en bonne santé. Les sociétés modernes déplacent régulièrement des ressources locales en eau pour répondre à leurs besoins. Les villes sont construites au-dessus de rivières et de ruisseaux enterrés. L’eau est massivement canalisée et détournée pour répondre à nos objectifs. L’eau est déplacée de son emplacement naturel (qui nous est accessible) dans les bassins versants et aquifères, que ce soit par l’irrigation intensive pour la production de nourriture – où une grande partie de l’eau est perdue par évaporation – ou pour fournir la soif vorace des mégapoles, où elle est en général déversée comme un déchet dans des réseaux d’assainissement la conduisant finalement à l’océan.

L’humanité a tellement pollué les eaux de surface de la planète que nous sommes maintenant amenés à exploiter les nappes phréatiques bien plus vite que celles-ci peuvent être renouvelées par la nature. Les prélèvements globaux d’eau ont augmenté de 50 pour cent dans les dernières décades et continuent d’augmenter de façon spectaculaire. Grâce à la technologie des forages de puits qui n’existait pas il y a une centaine d’années, les humains extraient maintenant sans relâche les eaux souterraines. Le pompage des eaux souterraines dans le monde a plus que doublé entre 1960 et 2000 et est responsable d’une part significative de la hausse du niveau des mers.

Quand l’eau ne peut pas retourner aux champs, aux prairies, aux zones humides et aux cours d’eau suite à l’étalement urbain, aux mauvaises pratiques agricoles, au sur-pâturage et à la suppression des capacités de rétention d’eau des sols, la quantité réelle d’eau dans le cycle hydrologique local diminue, conduisant à la désertification des terres autrefois vertes. Quand on retire l’eau du sol, le sol se réchauffe et échauffe l’air à proximité.

L’eau est également perdue pour les écosystèmes à la suite du « commerce virtuel » – à travers de l’eau utilisée pour la production de cultures ou de produits manufacturés qui sont ensuite exportés. Plus de 20% de l’eau utilisée quotidiennement pour les besoins humains sont exportés hors des bassins versants de cette façon. L’eau est également acheminée sur de longues distances pour des besoins industriels, laissant derrière elle des paysages arides.

La deuxième façon dont notre intervention dans les bassins versants affecte le climat est l’élimination de la végétation nécessaire à un cycle hydrologique sain. L’urbanisation, la déforestation et la destruction des zones humides détruit largement la capacité de rétention d’eau des milieux naturels et conduit à un déclin des précipitations sur les zones concernées. Tout à fait logiquement, s’il n’y a plus rien de vert pour attirer la pluie, les systèmes nuageux vont plus loin, en créant un désert là où existait un écosystème vivant. Des études récentes confirment que lorsque les forêts sont abattues, les précipitations locales diminuent. Nous savons tous que le « Dust Bowl » a été causée par l’élimination rapide des prairies herbeuses, laissant la terre superficielle sèche, qui a ensuite été emportée par le vent. Mais nous ne pensons pas que cette sécheresse a été une infortune ou un acte inopportun de Dieu. Pas du tout. Des études montrent que l’élimination de l’eau des sols amplifie la baisse naturelle des précipitations et transforme un cycle de sécheresse ordinaire en une catastrophe.

Le scientifique slovaque Michal Kravcik et ses collègues expliquent que le milieu vivant influe sur le climat principalement par la régulation du cycle de l’eau avec les énormes flux d’énergie qui y sont liés. Les plantes, sujettes à l’évapo-transpiration, surtout des forêts, travaillent comme une sorte de pompe biologique, aspirant l’air humide des océans et le transférant à la terre sèche. Si la végétation est enlevée de la terre, le système naturel de régulation de la biosphère est interrompu. Le sol est érodé, réduisant la teneur en matière organique dans le sol, ce qui diminue sa capacité à retenir l’eau. Le sol sec qui a perdu sa végétation piège la chaleur solaire, ce qui augmente considérablement la température locale et cause une réduction des précipitations sur la région concernée. Ce processus détruit également la séquestration naturelle du carbone dans le sol et cause une perte de matière carbonée.

Bien sûr, ces deux façons dont notre sur-exploitation de l’eau affecte le climat sont profondément liées. Tout comme la suppression de la végétation d’un écosystème asséchera le sol, l’élimination de l’eau d’un écosystème signifiera une végétation réduite ou inexistante. Comme l’explique Kravcik, le jaune du soleil combiné au bleu de l’eau crée le vert de notre monde vivant. Retirer soit le bleu soit le vert de la terre, et la chaleur du soleil va tout changer.

Pris ensemble, ces deux facteurs accélèrent le désertification de la planète et intensifient le réchauffement climatique. Kravcik dit que nous ne serons pas en mesure d’arrêter le changement climatique si nous ne nous occupons pas de l’impact sur la planète de notre sur-exploitation de l’eau, même si nous solutionnons et inversons l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre ainsi que notre dépendance aux combustibles fossiles. Nous ne restaurerons pas la santé du climat tant que nous n’apporterons pas une réponse collective à la crise de l’eau douce et à notre traitement cavalier des systèmes hydriques dans le monde.

Restauration des bassins versants

La solution à cette crise concernant l’eau est la restauration de bassins versants. Il faut faire revenir l’eau dans les territoires desséchés. Il faut restituer l’eau qui a disparu en conservant autant que possible l’eau de pluie dans l’écosystème afin que l’eau puisse pénétrer le sol, reconstituer les nappes phréatiques, puis retourner à l’atmosphère pour réguler les températures et renouveler le cycle hydrologique. Toute activité humaine, industrielle ou agricole doit se conformer à cet impératif. Ce projet pourrait par ailleurs employer des millions de personnes et réduire la pauvreté dans les pays du Sud. Nos villes doivent être entourées de zones vertes conservant l’eau. Nous devons restaurer les forêts et les zones humides – les poumons et les reins de l’eau douce. Pour que cela soit couronné de succès, trois lois fondamentales de la nature doivent être respectées.

Tout d’abord, il est nécessaire de créer des conditions qui permettent à l’eau de pluie de rester dans les bassins versants locaux. Cela signifie qu’il faut restaurer les espaces naturels où l’eau de pluie peut tomber et où elle peut s’écouler. La rétention de l’eau peut être réalisée à tous niveaux : en prévoyant des toitures végétalisées sur les habitations et les immeubles de bureaux, en préconisant dans la planification urbaine de capter l’eau de pluie et les eaux d’orage pour les rendre à la terre, en récupérant l’eau au cours de la production de denrées alimentaires, en récupérant l’eau qui est évacuée quotidiennement pour la restituer à la terre une fois propre, afin de ne pas faire monter les océans.

Deuxièmement, nous ne pouvons pas continuer à exploiter les nappes souterraines à un rythme supérieur à celui de leur reconstitution naturelle. Si nous le faisons, il n’y aura pas assez d’eau pour la prochaine génération. Les extractions ne peuvent pas dépasser les recharges de même qu’on ne peut pas prélever un compte en banque sans y mettre de nouveaux dépôts. Partout, les gouvernements doivent
entreprendre des recherches intensives sur les réserves d’eau souterraine et réglementer les prélèvements d’eau souterraine avant que leurs réserves ne disparaissent. Ceci peut signifier un changement dans la politique d’exportation de la production nationale et locale.

Troisièmement, nous devons arrêter de polluer nos sources d’eau superficielle et souterraine. Nous devons transcrire cette intention dans une législation stricte. La sur-exploitation de l’eau dans l’extraction de pétrole, la production de gaz méthane et l’exploitation minière doivent cesser. Nous devons nous débarrasser des pratiques de l’agriculture industrielle à base de produits chimiques et écouter les nombreuses voix sonnant l’alarme autour de la ruée vers les cultures agricoles pour les biocarburants qui sont gourmandes en eau. Nous devons promouvoir la «subsidiarité», de sorte que les politiques nationales et les règles commerciales internationales puissent soutenir la production alimentaire locale afin de protéger l’environnement et promouvoir une agriculture locale durable.

Ces politiques devraient également décourager le commerce d’ « eau virtuelle ». Les pays pourraient interdire ou limiter le transfert de masses d’eau par pipeline. Les investissements gouvernementaux dans les infrastructures d’eau douce et d’eau usée devraient permettre de sauver d’énormes volumes d’eau perdus chaque jour à cause de réseaux vétustes ou inexistants. Les lois nationales devraient faire respecter des pratiques de collecte d’eau à tous les niveaux.

Vers un monde sécurisé au niveau de l’eau

De toute évidence, les gouvernements à travers le monde doivent reconnaître la crise de l’eau à laquelle ils sont confrontés et la part que la sur-exploitation de l’eau joue dans l’assèchement de la planète pour pouvoir réussir ce plan de sauvetage. Cela signifie que les ressources en eau des nations doivent être prises en compte dans les diverses politiques des gouvernements à tous les niveaux.
Les nations doivent entreprendre des études intensives pour s’assurer du bon état des bassins versants, de l’emplacement et de la taille des réserves d’eau souterraine. Toutes les activités qui ont un impact sur l’eau doivent être conformes à une nouvelle éthique – conformément à la loi – visant à protéger les ressources en eau de la pollution et des prélèvements excessifs. Ceci représentera probablement un défi considérable pour les politiques gouvernementales qui favorisent une croissance économique mondiale illimitée.

Près de deux milliards de personnes vivent dans des régions du globe soumises au stress hydrique. Jusqu’à maintenant, la plupart des gouvernements se sont penchés sur cette terrible réalité avec un programme d’exploitation croissante des ressources en eau souterraine. Mais les niveaux actuels de ces prélèvements d’eau souterraine ne sont pas viables. Réaliser vraiment le droit universel à l’eau et protéger en même temps l’eau pour la nature, entraîne une révolution dans la façon dont nous traitons les ressources en eau finies du monde. Il n’y a pas de temps à perdre. »

Notes de Maude Barlow pour le Sommet Féministe international du Climat et de la Terre.

New York, 20-23 septembre 2013

Maude Barlow assure la présidence du Conseil des Canadiens depuis 1988. Elle est aussi la cofondatrice du Projet Planète bleue, qui travaille au niveau international pour le droit à l’eau. Maude Barlow préside également le conseil de Food & Water Watch . Le 14 octobre 2008, à l’ONU, Miguel d’Escoto Brockmann a nommé Maude Barlow, Conseillère principale du Président de l’Assemblée pour les questions de l’eau6.

• Maude Barlow et Tony Clarke, La Bataille de Seattle : Sociétés civiles contre mondialisation marchande, Fayard,‎ 2002, 385 p. (ISBN 978-2213612454)
• Maude Barlow et Tony Clarke, L’or bleu : L’eau, nouvel enjeu stratégique et commercial, Boréal,‎ 2005 (ISBN 978-2764603895)
• Maude Barlow et Tony Clarke (trad. Paule Noyart), L’or bleu : L’eau, le grand enjeu du XXIe siècle, Hachette Littératures,‎ 2007, 390 p. (ISBN 978-2012792999)
• Maude Barlow (trad. Françoise Forest), Vers un pacte de l’eau, Editions Ecosociété,‎ 2010, 245 p. (ISBN 978-2-923165-59-2)
Maude Barlow : Blue Future : Protecting Water for People and the Planet Forever, New Press 2014, 326 p.et format kindle (ISBN : 978-1595589477) ouvrage publié en janvier 2014, non traduit en français.

La protection de la ressource va « à vau l’eau »!

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La qualité de l’eau du robinet en France par l’UFC Que choisir?

En plein salon de l’agriculture et alors que la France risque une nouvelle condamnation par Bruxelles pour les dégradations de sa ressource aquatique, l’UFC-Que Choisir rend publique, ce jour, la réactualisation de sa carte interactive sur la qualité de l’eau potable dans les 36 600 communes de France, consultable sur le site de l’UFC-Que Choisir (www.quechoisir.org). Sur la base des regrettables résultats liés aux pollutions d’origine agricole et à la sous mobilisation des moyens de prévention, l’UFC-Que Choisir appelle les pouvoirs publics à l’action pour une ressource aquatique préservée et une politique agricole de l’eau rénovée.

Par rapport à la dernière analyse de l’association, publiée en 2012, force est de noter que 280 000 consommateurs supplémentaires bénéficient  désormais d’une eau de bonne qualité, portant ainsi à 98 % la proportion de Français buvant, tout au long de l’année, une eau conforme aux critères réglementaires. Mais  cette amélioration notable ne saurait masquer les deux errements de la politique de l’eau en France : à savoir, les 1 480 000  consommateurs qui continuent à payer pour une eau non conforme, mais aussi et surtout une bonne qualité de l’eau potable  en trompe l’œil puisqu’obtenue au forceps :

  • L’agriculture, principale source de pollutions : à elles seules, les pollutions dues aux activités agricoles représentent, encore et toujours, la première cause de pollution de l’eau, 63 % des non conformités. Ainsi plus de 900 000 consommateurs, situés notamment dans les zones d’agriculture intensive du quart Nord-Est de la France,  boivent une eau contaminée en pesticides, en nitrates ou en sélénium. Par exemple à Berck dans le Pas-de-Calais ou à Coulommiers en Seine-et-Marne.
  • La persistance des défauts de traitement de l’eau : pour 33 % des non-conformités, relevées en majorité dans les zones rurales ou de montagne, la vétusté des réseaux ou le manque de surveillance des traitements d’assainissement aboutit à ce que soit distribuée à plus de 500 000 consommateurs, répartis dans 2 000 communes, une eau contaminée en bactéries ou en aluminium, par exemple à St Etienne (réseau Rochetaille-Barbanche), ou Albertville (réseau Fort Du Mont).
  • La dilution du « Grenelle de l’environnement » : les lois prises en application du « Grenelle de l’environnement » obligeaient que 500 sources d’eau potable prioritaires soient protégées, en privilégiant la mise en place sur ces territoires d’agricultures respectueuses de l’environnement. Six ans après le « Grenelle », les plans d’action actuellement développés au niveau local sont loin d’atteindre cet objectif puisqu’ils font toujours  la part belle à une agriculture conventionnelle sans la moindre contrainte réglementaire qui pourrait en limiter les excès, par exemple dans les départements de l’Eure, de la Meurthe et Moselle, de l’Oise, de la Seine-Maritime, de la Seine-et-Marne …
  • Une bonne qualité en trompe l’œil : le constat global d’une bonne qualité de l’eau du robinet ne saurait masquer une triste réalité : une eau polluée à la source qu’il faut dépolluer faute d’une réelle politique de prévention. Pourtant tenues par la loi de financer la prévention des pollutions agricoles à leur source, les agences de l’eau ne consacraient à cette mission que 6,5 % de leur budget et ne lui accordent pour leur nouveau budget que 0,5 % de plus, continuant ainsi à privilégier une trop coûteuse et malsaine dépollution des eaux. Véritable aberration écologique, cette prime à la dépollution est en outre une aberration économique puisque ce sont les consommateurs – et non les agriculteurs pollueurs – qui paient l’essentiel des taxes de dépollution : 80%  de celles-ci reposent sur eux! C’est toujours la scandaleuse règle du pollué payeur !

Plus de six ans après le lancement du « Grenelle de l’environnement » et alors que l’objectif calendaire européen d’un bon état écologique des eaux se rapproche – 2015 – l’UFC-Que Choisir dénonce de nouveau l’inadmissible passivité des Pouvoirs Publics et des agences de l’eau face aux atteintes sur la ressource aquatique. Dès lors, l’UFC-Que Choisir, qui invite les consommateurs à vérifier la qualité de leur eau potable grâce à la carte interactive   mise à leur disposition, presse :

  • le Gouvernement de faire respecter les objectifs des lois « Grenelle » s’agissant de la protection des captages prioritaires,
  • les agences de l’eau de changer de braquet s’agissant de la pollution de l’eau, et de concentrer les moyens sur la prévention des pollutions, essentiellement agricoles, de l’eau.

 

Retrouvez l’étude et les propositions de l’UFC-Que Choisir sur « La qualité de l’eau potable en France : « à vau l’eau » ? » (PDF- 739 Ko)

Objectif zéro phyto

 

Une loi vient d’être adoptée à l’Assemblée nationale qui interdit l’usage des phytosanitaires par les collectivités en 2020 et par les particuliers en 2022. La proposition de loi du sénateur écologiste Joël Labbé visant à limiter l’utilisation des produits phytosanitaires, attend à présent d’être promulguée, il faut donc rester vigilant.

L’enjeu n’est pas mince. En France, la qualité de l’eau potable se dégrade. Bien souvent les teneurs en nitrates, atrazine, glyphosate et autres polluants frôlent (ou dépassent) les normes acceptables pour la santé. Notre pays est le premier consommateur européen de pesticides et le quatrième consommateur au niveau mondial. En 2006, près de 90 % des rivières et 53 % des nappes phréatiques étaient contaminées. Notre alimentation n’est pas en reste : 48 % des aliments que nous consommons, en contiennent (365 pesticides différents relevés sur les fruits et légumes consommés en Europe). Et tout cela a un coût énorme pour la collectivité. On estime que l’élimination d’un kilogramme de pesticides, des milieux aquatiques revient à 60 000 euros ! On pourrait comptabiliser aussi les dépenses de santé nécessaires pour traiter les maladies causées par ces produits…

L’agriculture est souvent tenue pour responsable de la pollution engendrée par ces produits, mais les collectivités et les particuliers ont aussi leur part de responsabilité. Utilisés pour l’entretien des voiries, des parcs et jardins, des cimetières, les produits phytosanitaires contribuent à la dégradation de l’environnement et nuisent à notre santé à tous.

Grâce à la loi votée aujourd’hui, les collectivités devront dès le 1er janvier 2020 abandonner l’utilisation des produits phytosanitaires pour l’entretien de leurs espaces verts, forêts et promenades. Mais rien n’interdire d’agir tout de suite et de prendre des engagements devant les électeurs à l’occasion des municipales, qui seront appliqués dès avril 2014 ! Par exemple, celui de mener une campagne d’information et de sensibilisation des jardiniers amateurs. Et bien sûr, de renoncer à l’utilisation de ces produits dans les services municipaux des parcs et des jardins, en formant le personnel à des pratiques alternatives, plus respectueuses de l’environnement et de la vie. C’est une des propositions du Kit citoyen pour les élections municipales de 2014.

Nouvelle alerte sur l’eau potable d’Annet sur Marne

Décidément, la qualité de l’eau potable produite par l’usine d’Annet-sur-Marne dans le 77, a de quoi alerter les usagers !

L’association ADENCA indique qu’à de nombreuses reprises, tout au long de l’année 2013, une eau non conforme a été distribuée au robinet des habitants du nord-ouest de la Seine-et-Marne >>>voir les analyses

Cela s’ajoute à la pollution de la Marne par les rejets des eaux pluviales contaminées de l’aéroport CDG, en amont de la même usine >>>en savoir+)

Enfin, la plus importante décharge de déchets ultimes de France est installée en amont proche du captage (décharge Rep Veolia de Claye-Souilly) : bizarrement, certains contrôles de rejets polluants de cette décharge ne sont pas prévus par l’arrêté préfectoral qui autorise ce site.

Peut-on vraiment produire de l’eau potable à partir d’une eau brute aussi dégradée? Veolia répond oui, sur la base de ses compétences technologiques, mais les analyses de l’eau produite montrent que non!

unnamedLire les article dans le Parisien 77 :
« Inquiétude sur la qualité de l’eau pour 350.000 habitants » >>>ICI

L’association ADENCA a adressé une demande à Mme la préfète, pour exiger que des contrôles soient effectués, dans le but d’identifier les causes de non conformité de l’eau distribuée et d’y mettre fin au cours de l’année 2014 >>>lire le courrier adressé à Mme la préfète ICI

La Coordination EAU Île-de-France soutient et relaye cette initiative. Rejoignez cette action! Contact ICI

Rapport Lesage et crise du modèle français de l’eau

Le rapport d’évaluation de la politique de l’eau en France, publié par le député Michel Lesage, dresse un bilan accablant de la situation. Mais les mesures proposées restent cosmétiques face à la crise structurelle du modèle français de l’eau. Tribune de Jean-Claude Oliva, publiée dans Reporterre.

En juin 2013, le député Michel Lesage (PS, Côtes d’Armor), a publié un rapport sur la politique de l’eau en France.

Dès la préface, il pose les limites de son exercice. Exemple significatif, « les activités agricoles, note le rapporteur, sont à l’origine de pollutions dans certaines régions et  mobilisent les réserves d’eau l’été pour irriguer les cultures ». Mais ce constat posé, il renvoie dos à dos deux positionnements antagoniques : « ceux qui souhaitent conditionner les aides agricoles aux changements de pratiques » et « ceux qui considèrent que les agriculteurs en situation de crise subissent déjà des règles, normes et zonages environnementaux excessifs ».

Cette absence de choix ne débouche sur rien de tangible : « affirmer une volonté et une mobilisation collective » en prenant… la Bretagne comme le bon exemple à suivre !  Pourtant la qualité de l’eau est particulièrement dégradée dans cette région où de nombreux captages d’eau potable ont dû être fermés ces dernières années. C’est la manifestation criante de l’échec du modèle français de l’eau, dénoncée par ailleurs par M. Lesage.

Celui-ci envisage cependant « une plus grande conditionnalité des aides et une fiscalité incitative » avec des propositions qui concernent les engrais azotés mais ne s’attaquent… ni aux pesticides, ni aux porcheries industrielles (dont le gouvernement a allégé le régime d’autorisation). A la décharge de M. Lesage, on notera qu’il est député des Côtes d’Armor, un département comptant neuf fois plus de cochons que d’habitants humains : ceci explique-t-il cela ?

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