Avec le soutien de la Coordination Eau Île-de-France, de la Fondation France Libertés, ainsi qu’un financement participatif, l’architecte et urbaniste,  Edouard Sors, a pu présenter l’exposition « le regard des Aïns » à la COP22 à  Marrakech.  Une action qui s’incrit dans le cadre de notre appel « eau et climat, c’est le moment d’agir« . Voici son récit.

« Zone verte / Le 2 novembre // Quelques jours avant l’ouverture de la COP22, notre association référente et partenaire l’ACME Maroc, ainsi que 28 autres associations nationales marocaines ont décidé de boycotter la COP en raison du clientélisme qui régnait en zone verte: sur-représentation des sociétés marchandes, sous-représentation de la société civile (lire ici le communiqué du redacoop22 ). Heureusement, nous étions invités par l’antenne ACME d’Errachidia pour participer aux agoras… Ceci a donc permis à notre hôte Mehdi Lahlou à la fois de tenir un discours contestataire (explication du boycott et revendication de service public et de non privatisation du secteur de l’eau, au stand de l’ACME  Maroc) tout en assurant une présence très active (au sujet des khettaras et de la société civile) par ailleurs (dans l’agora).

AFFICHAGE / Le 12 novembre // Parce que le stand ACME était trop petit, trop éloigné des flux de circulation de la zone verte et trop marqué boycott, l’ACME nous a aidé à obtenir des organisateurs l’autorisation d’occuper un TOTEM de l’allée centrale, dans la section Culture et Savoir faire, juste avant les Espaces territoires nationaux et le Pavillon français. Les conditions d’accrochage n’étaient pas idéales mais la fréquentation et les interactions avec le public étaient bonnes. J’avais choisi le TOTEM pour sa proximité avec l’expo de Google, afin de faire des photos selfies avec les visiteurs… Mais également parce que nous pouvions, entre membres de l’ACME et de la Coordination Eau Ile-de-France, organiser des petits groupes de diffusion de notre « littérature », deux articles dont je suis l’auteur, ainsi que des explications de mes deux planches illustrant comment offrir une seconde vie aux khettaras en milieu urbain.

AGORA / Le 12 novembre// Jean-Claude Oliva et Daniel Hofnung de la Coordination Eau Île-de-France ont fait le déplacement à Marrakech afin que la problématique des khettaras, de la recharge des nappes phréatiques, de la conservation de l’eau dans les sols et de la restauration des couverts végétaux prennenet une dimension globale et militante: en invitant Rajendra Singh, lauréat du prix de l’eau de Stockholm en 2015, nous nous donnions les moyens de mettre en confiance la société civile, de la mobiliser, pour qu’elle passe à l’action sans attendre l’aval des autorités. Invoquée par Rajendra Singh, cette action de la société civile doit faire face aux écrans de fumée du « eating, meeting, cheating » des lobbies en présence. J’ai eu l’honneur d’être l’interprête de ses exhortations à AGIR. Et cet appel à la mobilisation citoyenne fut si retentissant qu’il nous a permis d’approcher / accrocher des officines du pouvoir: les conditions d’une convocation de la société civile seraient ainsi réunies avec la poursuite du travail photographique et l’invocation d’une grande réunion en 2017 …sous patronage royal! Essai à transformer ces prochains mois.

ACTION / Les 13, 14, 15 et 16 novembre // Le 13 fut le jour de la marche des populations autochtones, de la société civile et en général des plus fervents défenseurs de la radicalité des solutions à apporter pour limiter et réduire les émissions de CO2 mais surtout la préservation des milieux, des peuples et des savoirs-faire… Ce fut l’occasion de retrouver de nombreuses connaissances qui avaient déserté la zone verte pour lui préférer les réunions à la marge, dans les universités, etc. Parcourue de long en large les 14 et les 15, force fut de constater que la zone verte était pour plus de 50% le terrain de jeu des sociétés marchandes majeures du Maroc (secteurs agricole-phosphatières-transport-tout type de construction- extracteurs, cimentiers- et financeurs -banques et assurances). Certaines de leurs initiatives étaient intéressantes mais relevaient tout de même pour beaucoup du greenwashing ou bashing. Mais parmi eux se trouvaient néanmoins des start-up innovantes et engagées à 100% dans l’écologie et l’économie sociale et solidaire et dont l’utilité sociale rivalisait bien avec celles de certaines ONG. Et parmi toutes ces sociétés et ONG, une dizaine sont apparues comme autant de potentiels sponsors ou partenaires de prises de vue, prises de son et prises de position futures pour un travail de collecte d’opinion, de campagne de sensibilisation ou de dépollution, voire de restauration sur les secteurs du Sud Marocain et de Marrakech.

SUITE / 9 photographies de la série Le regard des Aïns sont parties avec Mehdi Lahlou qui va les proposer à la Bibliothèque nationale de Rabat, puis à l’université Mohammed V pour qu’elles y soient exposées deux semaines à chaque fois. Des galeristes à Marrakech ont apprécié le travail présenté à la COP dont on peut dire qu’il a fait l’effet d’une amorce. J’essaierai en effet de reconduire d’une manière plus soutenue (tant au niveau de la quantité des prises de vue, des témoignages que des garanties d’exposition) entre mi-février et mi-mars: reportage de deux semaines dans le sud avec deux semaines à Rabat et à Marrakech pour arrêter les accords pré-établis pour un expo à la fin du printemps.

Voilà… Donc votre participation (via le financement participatif – voir ici) aura vraiment été utile à :

-permettre la présence de beaux clichés manipulables à la COP22;

-amorcer un travail de fond;

-entamer un travail de mostration à la capitale du Maroc. »