« Nous étions une trentaine de jeunes français vendredi soir à partir de Paris pour nous rendre au forum européen des jeunes pour l’eau, à Padoue en Italie. Ce forum, auquel participent des jeunes venus de Belgique, Espagne, Italie, France et Slovénie, est co-organisé par l’institut Européen de recherche sur la politique de l’eau (IERPE), Enginyeria Sense Fronteres (ESF), le Centro di Volontario Internazionale (CeVI), la Coordination EAU-ÎLE-de-France et Voluntariat SCI Slovenia. D’horizons différents, étudiant-e-s, jeunes salarié-e-s, militant-e-s associatifs ou politique, nous sommes tous animés par un même combat, celui du droit à l’eau, à l’heure où l’accès à l’eau coûte de plus en plus cher et pèse de plus en plus sur le porte-monnaie de chaque famille. »>>>lire le récit complet du forum jeunes ICI
Le récit de Marie, jeune participante francilienne.
Le soir, nous allons au centre-ville pour organiser une flashmob promouvant la signature de l’Initiative Citoyenne Européenne
A peine sortis de l’hôtel pour nous diriger vers le Prato della Valle, un éclair fend l’horizon. On arrive avec notre crayon géant, nos masques bleus, et tous les étendards des convoiteurs d’eau, prêts à en découdre avec les passants padouans qui, nous a-t-on dit, sont réputés pour leur manque d’enthousiasme pour les événements publics.
Mais la pluie tombe au moment où on met les pieds sur la place, et on se presse sous les arcades qui en font le tour. Après une demi-heure de pluie continue, on renonce à se faire mouiller et on change le plan de bataille en l’adaptant à l’exiguïté des arcades. Julie, qui coordonne l’action donne le ton, mégaphone en main : « allez, les gouttes d’eau, à ma droite et les convoiteurs à ma gauche, tous en place ! ».
Une fois bien positionnés, les gouttes d’eau masquées de bleu s’égayent sous le son d’une percussion, libres comme l’eau. Les coups brefs du percussionniste annoncent alors l’attaque des convoiteurs d’eau, parés de noms et de logos étrangement familiers, Coca-Loca, San Pellegrini, Zues, Pay-Eau-Lia et leurs complices voleurs d’eau se pressent pour être les premiers à attraper ces précieuses gouttes.
Soudain, une fille-crayon et un chevalier tenant un crayon géant arrivent à la défense des gouttes et terrassent vaillamment ces dragons qui croyaient pouvoir transformer l’eau en or.
Alors les voix s’élèvent dans toutes les langues pour dire comment l’eau peut être libérée (mais surtout pas libéralisée) en Europe : « je signe l’ICE ». Les slogans pleuvent alors presque autant que la pluie, persévérante face à notre enthousiasme : « l’eau source de vie, pas de profit », « Water is a human right »…
La bonne humeur est bien installée, et on repart pour un tour, plus loin sous les arcanes. Un arc en ciel qui traverse la place couronne alors cette belle journée, et la pluie s’arrête quand nous quittons la place comme pour nous remercier.
Nous partons alors vers une immense pizzeria nommée Oktoberfest, où nous sont présentées des pizzas par dizaines jusqu’à plus faim sur une table centrale. Les boissons embouteillées et cannettes de sodas dont nous ne citerons pas le nom nous ont rappelé que le changement commence souvent par nous-mêmes et nos choix de comportements quotidiens. Mais réhydratés principalement par la bière et le vin, la soirée s’est conclue par un constat : sans eau, pas de bière (et « accessoirement », pas de vie non plus).