Rio de Janeiro, la ville hôte des Jeux olympiques, l’avait promis : sa célèbre baie, où se dérouleront les épreuves de voile, sera irréprochable. Las, les autorités n’ont pas réglé, loin de là, le dramatique problème de la pollution des eaux. Un reportage de Mathilde Dorcadie dans Reporterre.
Un dimanche après-midi, au pied du Pain de sucre, des pêcheurs jettent leurs lignes dans les eaux de l’anse de Botafogo. L’un d’eux sent quelque chose au bout de son hameçon, tire avec force, sous les yeux de ses camarades. Apparaît alors un gros sac de jute emberlificoté d’objets indéfinissables. La scène n’étonne plus ces pêcheurs cariocas, qui depuis longtemps ne consomment plus le produit de leur pêche.
- Les pêcheurs carioca taquinent plus souvent les détritus que les poissons.
Elle a beau être une des plus belles baies du monde, entourée par le relief si particulier des « morros », ces collines rondes et verdoyantes, la baie de Rio de Janeiro souffre depuis des années des conséquences des activités humaines. Près de 9 millions de personnes vivent à proximité de cette étendue d’eau de 380 km². Et ce sont près de 14.000 industries — dont des terminaux et chantiers maritimes, des ports commerciaux, des raffineries de pétrole — qui exercent des activités très polluantes. La baie recevrait ainsi 18.000 litres par seconde de déchets domestiques, notamment les eaux usées de près d’un million et demi de personnes qui se déversent directement dans les rivières sans aucune forme de traitement. C’est le cas à Duque de Caxias et Nova Iguaçu, des communes dépourvues de système de tout-à-l’égout, où les maladies et les mauvaises odeurs affectent la population depuis des années.