Quand l’eau ne coule (presque) plus au robinet, que fait-on? Une étude sociologique passionnante d’Oméya Desmazes sur l’accès à l’eau en Martinique « Revendiquer un accès continu à l’eau potable au sein d’espaces négociés : le cas des collectifs citoyens en Martinique » qui interroge les leviers dont disposent les citoyens pour se faire entendre et met en évidence la notion de territoires hydrosociaux. Article publié dans Études caribéennes n°59 | Décembre 2024. Résumé et plan ci-dessous et lien vers l’article intégral.
Des mobilisations citoyennes pour l’accès continu à l’eau potable émergent de manière significative à partir de 2020 en Martinique. Alors, des ruptures d’approvisionnement engendrent des coupures au robinet dans certains quartiers qui durent plusieurs jours, parfois plusieurs semaines, en contexte de crise sanitaire mondiale, soulevant des mécontentements et des tensions latentes autour de la gestion de la ressource. Pour les habitants privés d’eau, être branché au réseau public ne suffit pas pour avoir accès à l’eau. La situation exceptionnelle révèle alors des tensions et dysfonctionnements structurels sur le service public. Les motivations des habitants pour se rassembler en collectifs de quartier tiennent principalement d’un fort sentiment d’injustice face à des infrastructures dégradées et des responsables politiques jugés inefficaces. Vivre le manque d’eau est une mise à l’épreuve quotidienne de l’habiter, faisant émerger de réelles préoccupations concernant l’eau. Si ces collectifs sont reconnus comme des lanceurs d’alerte en situation de crise en matière d’eau, notamment par leur capacité à mobiliser l’opinion publique, leur place durable dans la gestion de l’eau est en question. Ces mobilisations se matérialisent dans des territoires hydro-sociaux vécus et dynamiques, débordant des territoires des quartiers pour investir des espaces de décisions. Leur capacité à faire entendre leur voix et à se maintenir dans le temps est à géométrie variable et dépend des capacités des habitants à accéder aux espaces de pouvoir.