Dans une tribune « pour un Grand Paris de l’eau », publiée le 7 mars dans Les Echos, M. Santini évoque « le projet de réseau de transport du Grand Paris » pour proposer d’adopter la même démarche pour l’eau. Voyons, que s’est-il passé pour les transports ? Les usagers citoyens et les élus se sont fortement mobilisés dans le débat public et n’ont pas été entendus ! Les besoins immédiats et futurs des habitants n’ont pas été pris en compte au plus grand bénéfice d’intérêts privés et financiers. Une structure étatique et technocratique, hors du contrôle des citoyens et des élus (et présidée par M. Santini), a été mise en place pour conduire le projet. C’est tout simplement l’histoire d’un passage en force où l’absence de démocratie permet de tourner le dos à l’intérêt général.
Le SEDIF que préside M. Santini depuis plus de vingt cinq ans, souffre d’un manque total de transparence, d’un centralisme et d’un autoritarisme étouffants, de l’éloignement des citoyens et de l’impuissance des élus. Ces dernières années, on a ainsi vu deux décisions majeures, le choix de la délégation de service public et le choix de VEOLIA comme délégataire, prises par un vote secret. On voit des décisions courantes, votées par le seul président, tout le reste de l’exécutif (le bureau) s’abstenant ! Quelle sorte de démocratie est-ce là ? Mais ce n’est pas suffisant encore : M. Santini parie sur un super-SEDIF, une structure encore plus concentrée et définitivement débarrassée du regard des citoyens et des élus.
En invoquant les transports pour parler de l’eau, M. Santini parie qu’il parviendra à berner des citoyens de plus en plus critiques justement sur le type de gestion qu’il pratique. Peine perdue ! La tarification anti-sociale du SEDIF qui conduit les plus démunis à consacrer près de 10% de leur budget à l’eau selon une enquête réalisée en juin 2009, les ristournes accordées aux grands consommateurs qui peuvent ainsi gaspiller l’eau sans compter, l’absence de réponses aux questions légitimes sur la qualité de l’eau distribuée, les bénéfices exorbitants réalisés par VEOLIA, tout cela est bien connu à présent et jette un discrédit sur un des plus importants syndicats des eaux en Europe. A tel point que le SEDIF en est réduit à se payer (avec la facture des usagers) une coûteuse campagne de publicité pour son nouveau contrat avec VEOLIA.
En encensant la Chambre régionale des comptes, M Santini parie que les citoyens ont la mémoire courte. Dans un rapport publié l’an dernier, la Chambre régionale dénonçait « une comptabilité tronquée » dans le contrat entre le SEDIF et VEOLIA. Ce à quoi, M. Santini répondait que « les observations définitives de la Chambre relatives à la procédure en cours, (…) procèdent d’un a priori négatif regrettable et infondé à l’égard des travaux menés par le Syndicat ».
A l’image du SEDIF, la gestion déléguée est sévèrement remise en cause par l’opinion publique partout en France. Ce système est à bout de souffle, incapable de répondre aux problèmes actuels quand il n’en est pas la cause directe. M. Santini parie qu’il pourra le perpétuer en restant droit dans ses bottes et en créant des structures encore plus gigantesques et encore plus concentrées. Or, l’exemple du SEDIF avec un tarif de l’eau particulièrement cher, le montre bien : l’économie d’échelle ne profite pas aux usagers citoyens ! Et la concentration des pouvoirs, M. Santini est également président de l’Agence de bassin Seine-Normandie, ne profite pas à la démocratie. Une remise à plat, une véritable re-fondation démocratique de la gestion de l’eau est nécessaire et urgente. Le premier défi est de donner une place aux citoyens et aux élus dans les décisions, ce qui passe par la proximité et une échelle humaine pour les institutions. On ne prépare pas l’avenir en pariant sur les dinosaures !