La coordination Eau Île-de-France s’adresse aux candidats
aux élections présidentielles et législatives
AU NIVEAU GLOBAL
Le Forum mondial de l’eau qui vient de se tenir à Marseille, est discrédité comme cadre d’élaboration d’une politique mondiale de l’eau qui est pourtant nécessaire. Le Forum alternatif mondial de l’eau a appelé à la création d’un nouvel organisme international placé sous l’égide de l’ONU et à l’organisation d’un nouveau forum en octobre 2014, car la crise mondiale de l’eau exige un sommet légitime, transparent et responsable. Quelle instance verriez-vous au niveau international pour garantir le droit à l’eau, promouvoir ce bien commun et assurer sa préservation?
L’eau ne s’arrête pas aux frontières. De nombreux bassins sont transfrontaliers et la plupart des grands fleuves du monde parcourent plusieurs pays. Quinze ans après sa rédaction, la convention n’est toujours pas ratifiée par un nombre suffisant de pays. L’eau subit en premier les conséquences du changement climatique, problème global s’il en est. Seriez-vous prêt à dépasser le principe de la souveraineté nationale pour résoudre ces questions?
EN FRANCE
La domination de quelques entreprises privées sur la gestion de l’eau et de l’assainissement, avec pour corollaire la cherté des tarifs et l’opacité des comptes, est fortement remise en cause par les usagers-citoyens, leurs associations et des collectivités de plus en plus nombreuses. Mais celles-ci n’ont pas toujours les moyens de faire un autre choix faute d’expertise suffisante. Etes-vous favorable à ce mouvement de reconquête de la gestion publique ? Si oui, quel dispositif comptez-vous mettre en place pour le soutenir et l’amplifier ?
NB : les candidatEs aux élections législatives seront également interrogés sur leurs engagements en faveur d’une gestion publique dans leur circonscription.
Dans le système actuel de gestion de l’eau en France, les usagers citoyens sont marginalisés. Ils sont souvent mal informés et rarement consultés sur des décisions importantes (comme le mode de gestion de l’eau) qui ont des conséquences dans la vie quotidienne (tarif) et qui dépassent par leur durée d’application le mandat des élus. Pourtant l’intérêt des citoyens est très fort pour ce sujet. Le référendum d’initiative populaire qui s’est déroulé en Italie en juin dernier, des exemples analogues à plus petite échelle dans différentes villes européennes montrent l’engagement des citoyens en faveur de l’intérêt général. Que pensez-vous de la proposition de consulter de façon systématique à chaque changement de mode de gestion ou renouvellement de contrat l’ensemble des usagers du territoire concerné ?
En France, environ deux millions de personnes, selon la commission nationale consultative des droits de l’homme, n’ont pas d’accès matériel à l’eau dans des conditions dignes. C’est le cas des gens du voyage, des SDF, des squatters, etc. Et la facture d’eau peut atteindre près de 10% du budget des plus démunis, en Île-de-France ! Etes-vous favorable à l’interdiction des coupures d’eau ? A la mise en place obligatoire de points d’eau et de toilettes publiques en accès libre dans toutes les villes ? A la suppression de l’abonnement et à la gratuité pour une première tranche correspondant au besoin vital de chaque personne ? Quelles autres mesures proposeriez-vous pour que le droit à l’eau devienne effectif aussi en France ?
AGRICULTURE, ÉNERGIE, MODE DE VIE
Après les procédures européennes contre la France pour non respect de la directive cadre sur les eaux résiduaires, la France est poursuivie depuis le 27 février pour non respect de la directive nitrates, des substances à l’origine du développement des algues vertes sur notre littoral. Une réglementation de février 2011 a permis de multiplier par 5, la quantité de pesticides tolérée dans l’eau potable. L’agro-industrie est directement à l’origine de ces pollutions. Quelles mesures urgentes prendriez-vous pour remédier à cette situation calamiteuse ?
L’exploration et l’exploitation des gaz de gaz et pétroles de schistes constitue une menace sans précédent contre l’environnement en général et la ressource en eau en particulier, à la fois par les quantités prélevées et par la pollution qui en résulte. Malgré l’opacité entretenue autour des permis et des conditions d’exploitation, elle suscite un profond mouvement de résistance. Jusqu’à présent le gouvernement joue la montre et s’efforce de rendre acceptable l’inacceptable. Seriez-vous prêt à renoncer à cette filière insoutenable ? Et à plaider cette cause auprès de nos partenaires européens ?
Nous assistons à un rapprochement des groupes de l’eau et de l’énergie. C’est particulièrement vrai en France avec VEOLIA et EDF d’un côté et Suez et GDF de l’autre . Cette situation est préoccupante car elle conduit à la concentration entre de mêmes mains de la production et de la distribution de l’eau potable, de l’exploitation des barrages hydrauliques et des centrales nucléaires, fortes consommatrices d’eau. Demain ces grands groupes seraient ainsi en mesure d’arbitrer entre les différents usages de l’eau ; c’est pourtant une prérogative publique essentielle. Quelle action mèneriez-vous pour faire face à cette menace ?
En matière d’énergie comme d’agriculture, pouvez-vous envisager une transition économique et sociale qui s’appuie sur des solutions locales et soutenables de production dans le cadre d’une réduction de la consommation ?