Les riverains et les parents d’élèves demandent la fermeture d’une usine aéronautique vétuste à Montreuil qui pollue fortement l’air et les eaux autour du site. Les pouvoirs publics, préfecture en tête, accumulent les rapports et attendent. Les salariés sont inquiets et doivent être reclassés. Une pétition est en ligne et une intervention est prévue au conseil municipal de Montreuil le 27 septembre.
La SNEM est une entreprise spécialisée dans le traitement de pièces métalliques pour l’aviation civile et militaire. Elle travaille notamment pour les groupes AIRBUS et SAFRAN. A Montreuil, elle exploite une usine située 34 rue des messiers, dans une zone densément peuplée, juste à côté des écoles Jules Ferry et Anne Frank, à proximité d’un futur collège et en bordure du parc des Guilands (zone Natura 2000). Du fait du caractère polluant de ses activités, cette usine est une installation classée pour l’environnement (ICPE) qui nécessite une autorisation. Elle est placée sous la surveillance et le contrôle de la préfecture.
Depuis plus de dix ans, les riverains dénoncent en vain les conditions dans lesquelles se poursuit l’exploitation de ce site et alertent régulièrement les pouvoirs publics sur les dysfonctionnements et sur la pollution de l’air et de l’environnement: odeurs acres, déversements d’acides sur les trottoirs, fenêtres de toit des ateliers grandes ouvertes alors que l’usine est censée filtrer toutes les vapeurs toxiques qu’elle produit avant de les rejeter vers l’extérieur… Avec l’association des Buttes à Morel, les riverains ont commandé en 2011 des analyses des sols et des rejets atmosphériques à un laboratoire indépendant. Les résultats étaient alarmants et les pouvoirs publics ont été informés (préfecture, DRIEE, mairie, département, élus). Ils n’y ont donné aucune suite. La vétusté des bâtiments et les mauvaises conditions de travail sont connues de tous. Elles ont été dénoncées en 2013 par les salariés de la SNEM qui s’étaient inquiétés de la sécurité et de l’avenir de l’usine et avaient alerté sur le fait que « dès qu’il pleut, l’eau envahit les locaux, ce qui est peu compatible avec la qualité aéronautique… ». Les conditions de travail n’ont pas changé depuis cette date. De son côté, la préfecture accumule des rapports d’inspection qui constatent des manquements et des non- conformités sans que ne soit suspendue l’autorisation d’exploitation de cette installation classée.
Illustration Claire Robert
Le 10 juillet 2017, sous une très grosse averse, nous sommes allés à la rencontre des salariés et nous avons constaté à quel point l’usine fuit de toute part. Des torrents d’eau de pluie sortaient des ateliers, des espaces de stockages, descendaient des toitures et dévalaient la dalle en pente du hall ou nous nous trouvions pour se déverser dans la cour, sur le trottoir et dans la rue, chargée de tous les produits qu’elle avait rencontrés sur son passage. Comme les salariés, nous avions les pieds dans l’eau, effarés de voir une installation industrielle à risques chimiques aussi peu étanche et ouverte à tous les vents.
Le 11 juillet 2017, les services de la DRIEE ont mené une visite d’inspection approfondie de l’ensemble du site. La préfecture a publié un communiqué de presse le 4 août dans lequel elle indique que plusieurs « non-conformités significatives » ont été constatées, en particulier concernant les dispositifs de ventilation et d’extraction d’air. Un délai de 3 mois a été donné à l’exploitant pour qu’il mette ses installations en conformité (soit avant le 1er novembre 2017).
Nous constatons que le Préfet a ainsi accordé un délai supplémentaire à la SNEM puisque ces mêmes défaillances ont été constatées 3 mois auparavant, lors de l’inspection effectuée le 6 avril 2017 par le même service de la DRIEE, et que l’exploitant avait déjà été mis en demeure « d’effectuer des aménagements dans un délai de 3 mois » (soit avant le 20 septembre 2017).
A ce jour, concernant les eaux rejetées par la SNEM, la seule étude rendue publique date de 2007. De l’aveu même de l’inspecteur de la DRIEE qui a signé le rapport, les résultats sont « catastrophiques ». Des taux de 700 mg/litre d’aluminium ont notamment été relevés au lieu de 5 mg/litre attendus, soit 140 fois le seuil réglementaire. Le chrome total mesuré atteignait 21,6mg/litre au lieu de 3 et la teneur en métaux totaux était de 738,8mg/litre au lieu de 15.
Les résultats d’analyse chimique de l’eau souterraine effectuée avant le démarrage du chantier du nouveau collège voisin faisaient état d’une pollution de l’eau aux nitrates, sulfates et métaux toxiques : arsenic, plomb et sélénium.
On retrouve la même situation concernant la pollution des sols et les rejets atmosphériques autour de l’usine ainsi que pour l’air intérieur des ateliers. Ainsi, concernant la SNEM et ses alentours immédiats, les seules études rendues publiques à ce jour montrent des niveaux de pollution parfaitement inquiétants, hors-normes, et dangereux pour les salariés, pour les populations et pour l’environnement.
Facteur aggravant : nous avons réalisé en septembre 2017 un premier recensement «d’événements sentinelles » sous la forme de témoignages volontaires et anonymes qui font apparaître de graves problèmes de santé autour de cette usine. Dans l’environnement proche et en aval du site, nous avons dès à présent relevé de nombreux cas de leucémies, de cancers et d’autres pathologies graves chez des enfants, de jeunes adultes, et chez des adultes.
Petite pierre à l’édifice du débat et de l’urgence, avec des créations pour défendre et parler d’environnement : « Panta Rhei » sur la pollution des océans et des rivières : https://1011-art.blogspot.com/p/ordre-du-monde.html
Concernant la biodiversité, et bientôt exposé au Muséum de Genève, « Vous êtes ici » : https://1011-art.blogspot.com/p/vous-etes-ici.html
Et + en vous baladant sur le site …