Où en sont les activistes de l’eau bien commun, un peu partout dans le monde? Quelles sont leurs priorités et leurs actions? C’est le thème de la première séance de l’Université populaire de l’eau bien commun à Paris, lancée par la Coordination Eau Île-de-France. RDV mardi 27 mars à partir de 19h au centre social de la Maison bleue, 24 avenue de la Porte Montmartre à Paris XVIIIe (métro porte de Saint Ouen ou porte de Clignancourt).
Une plénière du FAMA 2018 à Brasilia
C’est au Forum alternatif mondial de l’eau à Marseille en 2012 que la notion d’eau bien commun a émergé de façon visible. Le sociologue Boaventura de Sousa Santos évoquait alors « la défense des biens communs de l’humanité comme réponse à la marchandisation, à la privatisation et à la financiarisation de la vie. Les biens communs sont des biens produits par la nature ou par des groupes humains, qui doivent appartenir à la collectivité et non au secteur privé ou à l’Etat, même s’il incombe à ce dernier de participer à leur protection. Ils sont le contrepoint du développement capitaliste (…) L’eau commence à être considérée comme un bien commun par excellence Les combats contre sa privatisation dans plusieurs pays figurent parmi ceux qui remportent le plus de victoires. »
Du 17 mars au 22 mars se tient à Brasilia un nouveau Forum alternatif mondial de l’eau, tandis qu’a lieu du 13 mars au 17 Mars le Forum social mondial à Salvador de Bahia. Ce sera donc une bonne occasion de prendre le pouls du mouvement pour l’eau bien commun, en lien avec les initiatives locales et citoyennes. De retour du Brésil, Daniel Hofnung, co-président de la Coordination Eau Île-de-France, et Justine Richer, chargée de mission eau de la Fondation France Libertés, apporteront leurs témoignages tout frais pour cette première séance de l’université populaire.
Olivier Petitjean, journaliste à l’Observatoire des multinationales, présentera la revue Passerelle consacrée à l’eau, qu’il a coordonné et qui sera disponible à cette occasion. Ce sera aussi une façon de dresser un panorama des principaux axes d’action et des acteurs pour l’eau bien commun à travers le monde. Edith Guiochon chargée de mission de la Coalition eau, évoquera les ONG de solidarité internationale dans le domaine de l’eau qui apportent leur contribution à la mise en œuvre du bien commun.
Une université populaire de l’eau bien commun, pourquoi faire?
L’objectif est de sensibiliser à une nouvelle culture de l’eau au travers de différents enjeux dessinant la notion d’eau bien commun. Il s’agit notamment d’aborder trois thématiques qui peuvent se recouper.
La première est la participation des citoyen.ne.s à la vie politique pour laquelle la gestion de l’eau, au travers des conflits qui l’émaillent, est riche d’enseignements. On pense irrésistiblement au slogan du mouvement italien pour l’eau lors du référendum de 2011 : « cela s’écrit eau, cela se lit démocratie ». Cela pose fondamentalement la question de la démocratie que nous voulons.
La seconde est celle du modèle économique pour gérer les biens publics. Quelle est la portée, le sens du modèle parisien d’entreprise publique de l’eau ? Quelles comparaisons peut-on établir avec les autres régies publiques qui se développent un peu partout en France et dans le monde ?
La troisième est celle de l’eau et du climat qui pose de façon concrète la question de la ville durable et d’avancer sur le chemin de la transition écologique. Il s’agit d’expliquer comment le cycle de l’eau et le climat sont liés au niveau local et global ; de présenter des alternatives positives, venues du monde entier, de restauration du climat en rendant l’eau à la terre ; de montrer que la gestion de l’eau au sens large est un bon levier d’action sur le climat, pour les citoyens, les associations et les collectivités.
A qui s’adresse l’université populaire de l’eau bien commun?
D’abord au public associatif de la Coordination Eau Île-de-France qui est elle-même composée d’organisations de natures différentes : collectifs pour l’eau publique, associations environnementalistes, associations culturelles et artistes, organisations de défense des droits humains, groupes citoyens et alternatifs, réseaux de chercheurs, élus, etc. Cette palette très riche a besoin d’échanges et de partage d’expériences. L’UPEBC peut en devenir le creuset. Ensuite à un public associatif plus large. Il s’agit de sensibiliser des associations pour lesquelles l’eau n’est pas pour le moment un axe de travail essentiel, aux questions de l’eau et leur transmettre notre expérience pour qu’elles s’emparent d’enjeux comme le droit humain à l’eau ou la préservation de la ressource.
Ensuite nous visons un public de proximité, d’habitant.e.s des quartiers, voire de populations plus défavorisées, avec lequel nous sommes déjà en relation via les centres sociaux et les centres de quartier dans nos actions à Paris. Enfin nous visons un public de professionnels et d’élus qui sont confrontés aux problématiques de l’eau dans leurs activités et auxquels nous souhaitons apporter une culture plus générale dans ce domaine, pour leur permettre de mieux intégrer leur intervention « technique » ou gestionnaire dans la perspective plus large de l’eau bien commun.
La séance suivante aura lieu le mardi 24 avril et sera consacrée aux avancées du droit à l’eau avec Bernard Drobenko, professeur émérite des universités, auteur de nombreux ouvrages sur le droit de l’eau.
L’université de l’eau bien commun bénéficie du soutien de la ville de Paris et d’Eau de Paris.