Le cycle de l’eau est intimement lié aux processus du climat. Sécurité hydrique, soutenabilité de l’agriculture et soutenabilité écologique sont les trois piliers d’une politique de l’eau permettant de réduire le changement climatique. Une tribune de Jean-Claude Oliva, directeur de la Coordination Eau Île-de-France, publiée par Reporterre.
Le nouveau round des négociations climatiques internationales, laCOP22, qui se tient à Marrakech au Maroc, un pays en état de stress hydrique permanent, devrait enfin aborder la question de l’eau. C’est que le changement climatique est directement lié à l’eau, tant par ses causes que par ses conséquences. Celles-ci sont bien connues : sécheresses, désertifications, inondations et autres catastrophes climatiques, qui sont toutes liées au surplus ou à l’absence d’eau. Concernant les causes, en revanche, la gestion des cycles de l’eau est rarement considérée comme un des facteurs du changement climatique et pourtant : déforester, imperméabiliser les sols, surexploiter les nappes phréatiques pour des usages industriels ou énergétiques ou pratiquer l’agriculture intensive revient à assécher et appauvrir les sols et à perturber le cycle local de l’eau, sans compter les impacts sur les populations, en particulier autochtones. La préservation ou la restauration du cycle de l’eau sont des leviers pour agir sur le climat, à la portée des citoyens comme des collectivités locales.
Ces constats conduisent à essayer une nouvelle approche, centrée sur l’eau et l’agriculture. Ces deux secteurs sont les plus touchés par le changement climatique, ils pourraient aussi se trouver au cœur de la réponse à y apporter. Scientifiques, agriculteurs, pouvoirs publics et activistes d’une vingtaine de pays (dont les États-Unis, la Chine, l’Iran) se sont retrouvés du 24 au 26 octobre dernier, en Inde, à la Rencontre mondiale de l’eau (Global Water Meet 2016). Elle était organisée par l’université des Sciences de l’agriculture de Dharwad, à l’initiative de Rajendra Singh, « l’homme de l’eau » en Inde, qui a reçu le prix de Stockholm pour l’eau en 2015. L’hydrologue slovaque Michal Kravcik, président de l’ONG Peuple et Eau, et promoteur d’un « nouveau paradigme » fondé sur la restauration des cycles locaux de l’eau, a également participé à ces échanges. Il s’y est dessiné une convergence entre acteurs de l’eau et de l’agriculture écologique pour répondre ensemble au changement climatique. L’adaptation et l’atténuation du changement climatique ont pris un sens bien différent de ceux donnés dans les instances officielles ; elles ont soulevé beaucoup d’espoirs et se sont enrichies de contenus forts. Une ambitieuse plateforme a été adoptée, la déclaration de Dharwad, dont voici les grandes lignes.
S’enraciner dans les besoins et les aspirations des populations locales
Les négociations sur le changement climatique doivent donner la priorité aux peuples. Jusqu’à présent, le changement climatique est traité majoritairement comme un problème technique et « politique ». Les mesures relatives à l’adaptation et à l’atténuation doivent s’enraciner dans les besoins et les aspirations des populations locales, dans le respect de leur dignité et de leur droit au développement.