Suite aux référés, des poubelles ont été fournies, mais pas d’eau pour l’avenue de la division Leclerc et une citerne pour le campement de la route des Refuzniks. Les 2000 litres ont duré deux jours puis il y eu trois jours sans remplissage ; de plus la vanne de sortie d’eau est à 12 cm du sol, il est difficile de mettre un seau ou un jerrycan dessous.
Le témoignage de la Croix-Rouge
Dans le cadre du référé, l’unité du Val de France de la Croix-Rouge a attesté, en date du 27 avril, intervenir depuis le 16 avril 2020 dans le campement situé route des Refuzniks, qui regroupe 17 familles originaires de Roumanie, sans domicile fixe et dans une situation d’extrême précarité. La Croix-Rouge fournit une aide alimentaire mais ne distribue pas d’eau potable et atteste ne pas avoir vu de point d’eau sur ce bidonville.
« L’absence d’accès à l’eau a des conséquences d’autant plus dramatiques qu’elle interdit le lavage régulier des mains, qui est l’un des gestes barrières spécifiquement identifiés par les autorités sanitaires afin de limiter la propagation de l’épidémie de Covid-19. «
Et l’approvisionnement alentours leur était interdit par le confinement qui a considérablement aggravé leur situation.
« De plus les familles qui vivent sur ce terrain n’ont également plus accès à aucun sanitaire public -douche ou toilette- puisqu’elles ne peuvent se déplacer à cette fin et que le campement en est dépourvu. »
Le témoignage du Secours Populaire
Le Secours Populaire a établi lui aussi une attestation de la situation dans le cadre du référé. Depuis le début du confinement, l’association n’a pu faire qu’une seule distribution alimentaire dans le campement route des Refuzniks et n’a déposé que deux bidons d’eau de dix litres chacun depuis le 12 mars. L’association intervient essentiellement auprès des personnes aidées de la ville et ne dispose pas de ressources suffisantes pour la population Rom vivant en bidonville.
La circulaire du Préfet
Le 31 mars, le Préfet du Val d’Oise adressait une lettre aux maires concernant l’accompagnement des personnes vulnérables sur les campements, les bidonvilles et les aires d’accueil des gens du voyage.
Il rappelait notamment que « outre la mobilisation des services de l’Etat et des acteurs associatifs, l’intervention des collectivités locales est fondamentale pour assurer la protection de ces publics et garantir la satisfaction des besoins humanitaires essentiels, c’est à dire l’accès à l’eau potable, l’alimentation et le cas échéant l’accès aux soins », soulignant qu’il s’agit d' »un enjeu de santé publique pour l’ensemble de la population ».
Au 31 mars 2020, le Val d’Oise comptait 26 campements qui abritent une population estimée à 1231 personnes dont 420 mineurs. Plus de 50% de ces campements ne disposent pas d’un accès immédiat à l’eau.
Le Préfet demandait aux maires « de tout mettre en oeuvre afin de permettre à ces populations d’accéder à l’eau, y compris par l’installation de citernes si besoin ».
La circulaire du Préfet a constitué un point d’appui dans le cadre du référé. Pour autant, elle donne la fâcheuse impression qu’en l’absence de législation claire en France concernant le droit à l’eau Etat et collectivités se renvoient la balle. La circulaire s’adressait aux maires, les présidents d’intercommunalités étaient seulement en copie, or c’est eux qui exercent le plus souvent la compétence eau potable actuellement. Le préfet évoque aussi « les besoins humanitaires essentiels », curieuse formule, très en retrait du droit humain à l’eau. Bref, cette situation rappelle l’urgence que la France reconnaisse pleinement le droit l’humain à l’eau et à l’assainissement et sorte enfin de cette zone grise, propice à toutes les exclusions.