Le 16 juillet au village de l’eau à Melle, lors d’une table ronde consacrée aux politiques publiques et luttes sur l’eau dans le bassin méditerranéen, la situation de l’oasis de Figuig (Maroc) en lutte contre la privatisation de l’eau, a été présentée par Majda HAMMOU, originaire de l’oasis – première partie à lire ci-dessous. Mehdi LAHLOU, président d’honneur de l’Association pour le contrat mondial de l’eau au Maroc, membre de la Fédération mondiale des travailleurs scientifiques en charge des partenariats ONG-UNESCO, empêché de venir par une panne informatique mondiale, a envoyé un message (à écouter ci-dessous) qui replace la lutte de Figuig dans le contexte plus large de la privatisation de l’eau rurale au Maroc et dans d’autres pays africains.
Pourquoi Figuig est présente aujourd’hui au village de l’eau?
Il s’agit d’abord de rechercher du soutien de pairs pour nous aider à faire pression sur l’administration Marocaine. Il s’agit aussi de la lutte contre l’invisibilisation de Figuig pour éviter sa mort. FIGUIG, patrimoine MONDIAL de l’humanité en tant que modèle de vie en adéquation avec la nature. C’est une INVITATION à aller sur place pour constater directement ce que l’humanité va perdre. La privation de l eau signifie l’exclusion des plus pauvres et un chèque en blanc pour les riches. « Nous avons fait de l’eau toute chose vivante » (verset du Coran)
Les enjeux complexes de la gestion de l’eau potable à Figuig : tensions sociales, identitaires et politiques
Le conflit émergent à Figuig révèle une situation complexe où différentes communautés locales se trouvent confrontées à des tensions profondes, notamment en raison de la décision controversée du conseil communal de transférer la gestion de l’eau potable à la « Société Al-Sharq de distribution ». Cette décision a déclenché des réactions passionnées parmi la population et a été marquée par des revirements inattendus.
Pour comprendre pleinement cette situation, il est nécessaire d’examiner le contexte historique et culturel de Figuig. Cette ville, riche en patrimoine et en traditions, est le théâtre de relations intercommunautaires complexes, forgées au fil des siècles. Ainsi, la décision concernant la gestion de l’eau potable dépasse le simple cadre technique pour toucher à l’identité et à l’autonomie des différentes communautés locales.
La controverse entourant cette décision met en lumière les tensions sous-jacentes persistantes entre les différentes composantes de la population. Ces tensions soulignent l’importance des enjeux et la complexité des dynamiques politiques et sociales de la ville. Cependant, elles révèlent également des divisions plus profondes au sein de la société de Figuig, alimentées par des rivalités historiques, des différences culturelles et des intérêts économiques divergents. L’histoire mouvementée de Figuig, marquée par des siècles de rivalités territoriales et de compétitions pour les ressources, continue de résonner dans la mémoire collective des habitants. Les récits transmis de génération en génération perpétuent les sentiments de méfiance et de ressentiment entre les différentes communautés. Ainsi, chaque décision politique ou administrative est filtrée à travers le prisme de ces rivalités historiques, ce qui peut exacerber les tensions et les conflits potentiels.
Dans ce contexte délicat, il est crucial de reconnaître les craintes légitimes quant à la réactivation de dynamiques tribales inconscientes. Les affiliations communautaires peuvent inconsciemment influencer les décisions politiques, compromettant ainsi l’objectivité des processus décisionnels. Cependant, il est important de souligner que l’objectif n’est pas de stigmatiser une communauté en particulier, mais plutôt de promouvoir un dialogue inclusif visant à résoudre les conflits et à construire un avenir harmonieux pour toutes les communautés de Figuig.
Enfin, dans le contexte plus vaste de la politique gouvernementale au Maroc, cette affaire met en lumière les tensions entre les intérêts économiques privés et les besoins essentiels des communautés locales. La tendance à la privatisation de la gestion des ressources, souvent justifiée par des arguments de rationalisation et d’efficacité, risque d’avoir des conséquences désastreuses pour les populations les plus vulnérables. La privatisation de la gestion de l’eau potable à Figuig est un exemple clair de cette tendance, où les intérêts économiques des élites et des entreprises privées peuvent primer sur les besoins réels et les droits fondamentaux des habitants. Cette approche néglige souvent les réalités complexes et spécifiques des communautés locales, en mettant en péril l’accès équitable à des services essentiels tels que l’eau potable. En effet, la privatisation peut entraîner une augmentation des coûts pour les consommateurs, ce qui rend l’eau potable inabordable pour de nombreuses familles à faible revenu. De plus, elle peut compromettre la qualité et la fiabilité du continuum oasien figuiguien, en mettant en danger la pérennité de l’oasis, de sa biodiversité et de l’équilibre écologique de cette région.
Dans un contexte où l’eau est une ressource vitale, toute décision de privatisation doit être examinée avec une attention particulière aux conséquences sociales et environnementales. Il est donc impératif de reconnaître les limites de l’approche purement économique de la gestion des ressources, et de privilégier une approche plus équilibrée qui place les besoins des communautés locales au centre des préoccupations. Cela nécessite une gouvernance transparente et démocratique, ainsi qu’une prise de décision participative qui donne la voix aux citoyens et garantit leur droit à des services publics de qualité.
En conclusion, le conflit à Figuig soulève des préoccupations légitimes quant à la résurgence de tensions tribales et au risque d’une escalade vers des affrontements plus graves. Il est impératif d’aborder cette situation avec sensibilité et compréhension, en recherchant des solutions qui favorisent la réconciliation et la coexistence pacifique entre les différentes communautés locales. Cela nécessitera un engagement soutenu de toutes les parties concernées et une volonté sincère de surmonter les divisions du passé pour construire un avenir commun fondé sur la paix et la prospérité pour tous les habitants de la région.
Qu’a réalisé le MOUVEMENT ?
- Au début des rassemblements de la population, de jour comme de nuit. Cinq mois de manifestations devant le conseil municipal;
- Après ce rassemblement s’est réduit à une fois par semaine, tous les vendredi soir jusqu’à maintenant;
- Les gens sont pacifiques, il n’y a même pas de présence des forces de l’ordre contrairement à ce qu’on voit dans les autres villes marocaines;
- Malheureusement, l administration fait la sourde oreille;
- Ce que ce mouvement a de positif : il a permis aux habitants de l’ensemble de l’oasis d être solidaires, de tisser des liens forts, de militer pour la bonne cause, commune à l’ensemble de l’oasis .
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Les femmes ont pu s’exprimer librement, certaines se sont mises à écrire des blogs, d’autres à composer des poésies, des chansons qui décrivent la réalité.
Bonsoir,
Merci pour le soutien, et nous vs invitons à nous visiter sur place
Merci jean Claude, Mr Mehdi lahlou et majda
Non a la privatisation de l’eau de Figuig