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Le scandale doit cesser à l’ONEMA

Le rapport de la Cour des comptes du 12 février 2013 révèle « une accumulation de missions mal assurées et de déficiences graves » : le dossier est transmis à la justice. Une plainte contre X, avait déjà été déposée le 4 juillet dernier au parquet de Créteil par le Syndicat national de l’environnement (SNE-FSU) pour des fraudes commises lors de la passation et l’exécution de marchés publics. Ce scandale doit cesser.

L’ONEMA (Office national de l’eau et des milieux aquatiques, créé suite à la loi sur l’eau de 2006) a notamment pour mission la collecte et l’organisation des données sur l’eau et la police de l’eau. La sortie de la crise actuelle ne doit pas se traduire par une réduction des moyens affectés à la police de l’eau, qui serait catastrophique : tout indique en effet que cette mission essentielle est d’ores et déjà en péril. Permanent, le manque de moyens nuit à l’efficacité de l’ONEMA sur le terrain. En 2011, environ 3 000 délits ont été constatés, dont 39% pour non-respect des règles d’épandage des pesticides à proximité des cours d’eau et 32% à cause des pollutions occasionnées, selon l’ONEMA. «Ce nombre d’actes très peu élevé montre la faillite du système de surveillance», déplore Bernard Rousseau, l’un des deux seuls représentants associatif au CA de l’ONEMA.

Concernant les données sur l’eau que l’ONEMA est sensée collecter auprès des collectivités et services de l’eau et restituer au public, on ne peut que constater le recul de l’accessibilité par rapport à la situation antérieure à la création de l’ONEMA où, par exemple, l’Agence de l’eau Seine Normandie publiait un rapport annuel de l’observatoire des prix et des services de l’eau.

« Une bonne partie des données n’est toujours pas accessible, comme en témoigne Eau France, le portail Internet piloté par l’ONEMA, prolixe en textes officiels, recommandations et synthèses diverses, mais avare d’informations à jour et lisibles par le public non initié. » note Le Monde dans son enquête « la politique de l’eau dans la tempête » publiée les 2 et 3 février. On ne peut que constater la responsabilité de l’Etat dans cette situation. Il vient de démontrer son incapacité à assumer cette mission. Si on considère que ces données font doublement partie du bien commun, car elles relèvent à la fois des connaissances et de l’eau, il faut envisager que d’autres acteurs (citoyens, associations, collectivités) soient directement associés à leur gestion.

La menace d’amendes européennes (notamment pour non respect de la directive nitrates) va bien au-delà de la seule responsabilité de l’ONEMA et même de la politique de l’eau ; c’est toute la politique agricole qu’il faut revoir !

Dans cette situation, la Coordination EAU Île-de-France va prendre contact avec les organisations nationales de défense de l’environnement et de consommateurs, pour échanger les points de vue et envisager une action commune.

 

Procès Touly/Véolia : aucune condamnation n’a été sollicitée par le procureur!

ARTE JOURNAL 15/02

voir le reportage , signé David Bornstein et Carolin Ollivier.

Voir ICI le témoignage de JL Touly sur maverite.com

AFP / 14 février 2013 20h52
PARIS – Un salarié de Veolia poursuivi en diffamation par son employeur pour des propos tenus dans un documentaire intitulé Water makes money, qui dénonce la gestion privée de l’eau par les multinationales, a renouvelé jeudi ses accusations à l’encontre de l’entreprise.

Dans le documentaire, Jean-Luc Touly, affirmait que Veolia lui avait proposé un million d’euros pour qu’il renonce à  la publication d’un livre dans lequel il mettait en cause son employeur en 2003. Se définissant comme un lanceur d’alertes, il a réitéré ses accusations devant le tribunal correctionnel de Paris, mensonge éhonté selon l’avocat de Veolia, Me Christophe Bigot. Veolia demande à  M. Touly et l’association qui diffuse le film un euro de dommages et intérêts et le retrait des passages litigieux, ainsi qu’une publication judiciaire. L’entreprise conteste également un passage dans lequel M. Touly crie corruption, corruption, lors du vote du Sedif (Syndicat des eaux d’Ile-de-France) choisissant la délégation de service public au privé plutôt que la régie publique en 2008. Il a expliqué qu’il protestait en fait car l’écran de télévision retransmettant la séance avait été coupé lors du vote.

Pendant plus de trois heures, M. Touly, conseiller régional EELV d’Ile-de-France, a répété qu’il dénonçait un système généralisé, lançant à  l’avocat de Veolia: chaque fois que vous me ferez un procès, on l’utilisera comme une tribune politique. Il dénonçait également dans le film corruption, système mafieux, conflit d’intérêts, propos qui visaient les dirigeants syndicaux des entreprises de distribution de l’eau, qu’il accuse d’avoir touché de l’argent, en acceptant par exemple des heures supplémentaires fictives. L’eldorado dans le domaine de l’eau, c’est terminé, a-t-il poursuivi, jusqu’à  ma mort, je continuerai le combat.

Diffusé en 2010 au cinéma, le film a été rediffusé mardi dernier par Arte. Il a été vu au total par près de deux millions de spectateurs et téléspectateurs, selon M. Touly. Plus la chappe de plomb est lourde, plus la liberté d’expression doit être forte pour compenser, a déclaré son avocate, Me Léa Forestier, plaidant la relaxe. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 28 mars.

 

Article « Le Parisien », 15 février  

Tarification et accès à l’eau pour tous : nouvelle proposition de loi

Alors que le prix de l’eau ne cesse d’augmenter en France, les règles de tarification peuvent être un obstacle à l’accès à l’eau pour tous. C’est pourquoi, le sénateur Philippe Kaltenbach (PS) vient de présenter une proposition de loi « visant à assurer l’effectivité du droit à l’eau ».
Ce proposition de loi permettrait de réduire le prix de l’eau nécessaire à la vie quotidienne, et pénaliserait les consommations élevées avec la mise en place d’une tarification progressive. En plus, une tarification sociale viendrait soutenir les ménages en difficulté (dernier alinéa).

Lire la proposition de loi ICI

VEOLIA n’aime pas les documentaires qui parlent de lui

C’est un curieux procès en diffamation qui s’ouvre ce jeudi 14 février à 13 h 30 au Palais de justice de Paris. Il oppose le groupe Veolia à une société de production qui détient les droits d’un documentaire allemand, « Water makes money ».

Article Le Parisien 14 février 2013

Le documentaire a été diffusé à deux reprises par Arte, et notamment mardi dernier, à deux jours de l’ouverture du procès.

Curieux, car la filiale allemande de Veolia a renoncé à déposer plainte en Allemagne contre les deux réalisateurs, Leslie Franke et Herdolor Lorenz, qui, selon la loi en vigueur outre-Rhin pays, sont les seuls à pouvoir être poursuivis.

Curieux, quand on sait que l’Etat français est actionnaire de Veolia au travers de la Caisse des Dépôts et Consignations et d’EDF.

Curieux, quand on sait que siège au conseil d’administration Thierry Dassault, représentant du Groupe Marcel Dassault, par ailleurs propriétaire d’un groupe de presse, celui du Figaro.

Ce documentaire dénonce les agissements des deux multinationales qui gèrent 80 % du marché de l’eau en France, Veolia et Suez, et c’est insupportable aux dirigeants de l’ex-Vivendi Environnement et ex-Générale des Eaux.

Il sera curieux, en effet, de savoir comment le groupe Dassault expliquera aux journalistes du Figaro qu’il ne supporte pas la critique, même acerbe, et qu’il continue à afficher sous son titre la célèbre phrase : « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur. »

Il sera curieux de savoir comment les représentants de l’Etat au conseil d’administration de Veolia justifieront cette atteinte à la liberté de l’information devant leur tutelle.

Pour le SNJ-CGT, ce procès est le signe d’une volonté du monde de l’industrie et de la finance de tenter d’intimider les journalistes trop curieux qui dévoilent leurs turpitudes.

Si la presse est malade aujourd’hui, c’est en raison d’un manque de liberté pour les journalistes d’informer complètement les citoyens. C’est pourquoi le SNJ-CGT est pleinement solidaire des réalisateurs du documentaire et de la société de production française.

Il se félicite par ailleurs du courage de la chaine Arte qui a osé maintenir la programmation d’une enquête sérieuse, très documentée et qui démonte les agissements des prédateurs de l’eau.

Le SNJ-CGT ne souhaite qu’une chose : que, au bout du procès, ce soit l’arroseur qui soit arrosé !

 Le Syndicat national des journalistes CGT

Montreuil, le 13 février 2013

Scandale ONEMA : dossier de presse

Lire ICI l’enquête titrée: « La politique de l’eau dans la tempête», publiée par le quotidien français Le Monde dans son édition du samedi 2 février 2013 (datée dimanche-lundi 3 et 4 février), confirme que les dévoiements mis à jour menacent toute la politique de l’eau en France.

 

ARTICLE DU JOURNAL DE L’ENVIRONNEMENT
Onema: la cour des comptes jette un pavé dans la mare
4 février 2013

Pratiques frauduleuses et manque de moyens… Le gendarme de la bonne qualité des eaux a du plomb dans l’aile.

L’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) se voit torpillé par un rapport, à paraître, de la Cour des comptes. Les dysfonctionnements internes remettraient en question les missions de l’établissement public et l’actuelle politique de l’eau, dans la perspective d’un bon état écologique des masses d’eau en 2015. «Absence de fiabilité des comptes, budget mal maîtrisé sans procédure formalisée d’engagement de la dépense, sous-traitances non déclarées…». C’est une farandole de dysfonctionnements internes que s’apprêtent à pointer les sages de la rue Cambon, selon les informations de nos confrères du Monde, qui se basent sur un relevé d’observations provisoires daté de juillet 2012. Et ce n’est pas tout. Avec ses 874 agents et son budget annuel de 110 millions d’euros, l’Onema fait aussi l’objet d’une plainte contre X, déposée le 4 juillet dernier au parquet de Créteil par le Syndicat national de l’environnement (SNE-FSU) pour des fraudes commises lors de la passation et l’exécution de marchés publics, notamment «des fausses facturations, conflits d’intérêts, délits de favoritisme, faux et usages de faux…», précise le quotidien du soir. Une enquête préliminaire est en cours. Les conséquences s’avèrent d’autant plus graves que l’établissement public, créé par la loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006, a pour mission d’encadrer la reconquête de la bonne qualité des masses d’eau d’ici 2015 et d’évaluer leur état via le Système d’information sur l’eau (SIEau). Plusieurs éléments expliquent pareil désastre. A commencer par les règles de fonctionnement internes. La présidence du conseil d’administration échoit à la direction de l’eau du ministère de l’écologie: l’organisme même de tutelle (1). Ce qui peut bloquer le suivi des messages d’alerte sur les infractions pénales. Cette collusion pourrait disparaître dans les semaines à venir, un décret étant en cours de rédaction au ministère de l’écologie. «Le président du conseil d’administration sera désormais nommé, tandis que le directeur de l’eau du ministère pourrait remplir le rôle de commissaire du gouvernement, comme c’est le cas dans les agences de l’eau», précise Bernard Rousseau, administrateur à l’Onema et pilote du réseau Eau à France Nature Environnement. Les conditions de création de l’organisme ne lui ont pas non plus été très favorables. «Le rapprochement entre le Conseil supérieur de la pêche et l’Onema, en 2007, s’est fait dans la précipitation. Par ailleurs, nous constatons sur le terrain le manque de moyens criant de l’Office national. L’été dernier, alors que nous leur avons signalé une pollution accidentelle des eaux, les agents ont mis 48 heures pour se déplacer et nous ont annoncé qu’ils n’auraient pas les moyens de procéder à des analyses», raconte Jean-François Piquot, porte-parole d’Eau et rivières de Bretagne. Permanent, le manque de moyens nuit à l’efficacité de l’Onema sur terrain. En 2011, environ 3.000 délits ont été constatés, dont 39% pour non-respect des règles d’épandage des pesticides à proximité des cours d’eau et 32% à cause des pollutions occasionnées, selon l’Onema. «Ce nombre d’actes très peu élevé montre la faillite du système de surveillance», déplore Bernard Rousseau. Un système peu fiable, du fait du turn over qui prévaut à l’Onema. Ses agents contractuels (très souvent en CDD) bénéficient en effet d’un statut au rabais par rapport à ceux des agences de l’eau qui relèvent d’un CDI, comprenant grades et parcours professionnel. D’une façon générale, ce n’est pas la première fois que la politique de l’eau est épinglée par la Cour des comptes. Déjà, en février 2010, les magistrats de la rue Cambon soulignaient l’insuffisance des leviers réglementaires et financiers mis en place dans l’Hexagone pour respecter la directive-cadre sur l’eau (voir JDLE). Alors que dans les mois à venir, la France n’échappera sans doute pas à une condamnation de Bruxelles pour non-respect de la directive Nitrates (voir JDLE), l’absence de réforme de la politique de l’eau pourrait coûter cher à l’Etat et aux masses d’eau. Mais il semble qu’il soit urgent de ne pas se hâter. Au ministère de l’écologie, on assure que ce dossier sera à l’ordre du jour de la prochaine conférence environnementale, prévue en… septembre 2013. «C’est plus largement un problème de responsabilité des pollueurs qui se pose», rappelle Jean-François Piquot. «Il est urgent de stopper la déréglementation actuelle, qui relève par-ci les seuils et supprime par là les zones jugées sensibles, pour favoriser le lobby de l’agro-business.» «Il y a des conflits d’intérêts partout, y compris au sein des hauts fonctionnaires présents dans les ministères», ajoute Jean-Luc Touly, membre du Comité national de l’eau et auteur d’ouvrages sur la corruption et la gestion de l’eau (2). Même son de cloche à France Nature Environnement, qui estime que le problème de fond relève de la gouvernance des institutions. La majorité des membres des principales instances, comme les comités de bassin, possèdent en effet des intérêts économiques peu favorables au respect d’une bonne qualité des eaux (chambres d’agriculture ou syndicats d’hydroélectricité). En plus d’être urgente, la réforme de la politique de l’eau s’annonce chargée.

A l’Onema, le rapport de la Cour des comptes est un non-problème. Dans un courrier adressé ce 4 février aux salariés de l’Onema et que le JDLE a pu consulter, sa directrice générale, Elisabeth Dupont-Kerlan, traite par le mépris ce rapport, «ancien», et toujours «pas public». (1) selon un décret du 25 mars 2007 (2) L’eau des multinationales, les vérités inavouables, Fayard, 2006; L’eau de Vivendi, les vérités inavouables, Fayard, 2003

Scandale ONEMA : lettre ouverte de Jean-Luc Touly au Comité national de l’eau

« L’urgence d’un audit indépendant de l’ensemble du dispositif français de production de données publiques sur l’eau.

Avant même la publication le 12 février prochain du Rapport de la Cour des comptes consacré au scandale de l’Onema, l’enquête titrée « la politique de l’eau dans la tempête», publiée par le quotidien français Le Monde dans son édition du samedi 2 février 2013 (datée dimanche-lundi 3 et 4 février), confirme que les dévoiements mis à jour menacent toute la politique de l’eau en France.

Concernant le CNE, les informations déjà rendues publiques, et sous réserve des nouvelles révélations à venir dans le cadre de différentes plaintes qui vont être instruites par la justice pénale, attestent que le Comité des usagers du Système d’information sur l’eau (SIEau) a totalement failli à sa mission, puisqu’il était censé informer les membres du CNE de l’état d’avancement du SIEau.

Or de nombreuses informations confirment déjà ce que redoutaient certains experts : l’ensemble du système français de production de données publiques sur la qualité de l’eau a failli et est totalement inopérant, comme le confirme la circulaire « Hydrobiologie » signée par M. Laurent Roy, nouveau directeur de l’eau, le 31 décembre 2012.

La France est désormais menacée de poursuites et pourrait être condamnée par la CJCE à une amende évaluée à plus d’un milliard et demi d’euros par les autorités communautaires, qui vont constater que les données transmises à Bruxelles, notamment dans le cadre du rapportage communautaire de la DCE sont falsifiées !

Or, et c’est ici que la responsabilité du CNE et de ses membres est majeure : si une telle condamnation est prononcée, c’est à nouveau l’usager de l’eau qui sera sanctionné !

Plusieurs associations d’usagers vont intenter des actions en justice, qui pourraient voir mettre en cause la responsabilité de tous les acteurs impliqués dans ces falsifications.

Je demande donc solennellement au CNE de mettre un terme aux activités de l’actuel « Comité d’usagers du SIEAU » institué en son sein, qui a totalement failli, et camouflé ce scandale sans précédent.

Et de rendre publique sa décision de demander au ministère de l’Ecologie et à la représentation nationale, et notamment au nouveau Groupe d’étude sur la Politique de l’eau qui vient d’être créé à l’Assemblée, de diligenter dans les plus brefs délais un audit indépendant de l’ensemble du dispositif français de production des données publiques sur l’eau

Cet audit, confié à des experts de l’Insee, du CNRS, de l’INRIA, et à des spécialistes des sciences sociales, devra impérativement répondre aux questions suivantes:

LIRE LE CAHIER DES CHARGES d’un audit indépendant du système français de production de données publiques sur l’eau « 

Par Jean-Luc Touly, le 3 février 2013

Conseiller régional d’Ile-de-France, membre du Comité de bassin Seine-Normandie, responsable « Eau » à la Fondation France Libertés Danielle Mitterrand.

 

ARTICLE DU JOURNAL DE L’ENVIRONNEMENT
Onema: la cour des comptes jette un pavé dans la mare
4 février 2013

Pratiques frauduleuses et manque de moyens… Le gendarme de la bonne qualité des eaux a du plomb dans l’aile.

L’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) se voit torpillé par un rapport, à paraître, de la Cour des comptes. Les dysfonctionnements internes remettraient en question les missions de l’établissement public et l’actuelle politique de l’eau, dans la perspective d’un bon état écologique des masses d’eau en 2015. «Absence de fiabilité des comptes, budget mal maîtrisé sans procédure formalisée d’engagement de la dépense, sous-traitances non déclarées…». C’est une farandole de dysfonctionnements internes que s’apprêtent à pointer les sages de la rue Cambon, selon les informations de nos confrères du Monde, qui se basent sur un relevé d’observations provisoires daté de juillet 2012. Et ce n’est pas tout. Avec ses 874 agents et son budget annuel de 110 millions d’euros, l’Onema fait aussi l’objet d’une plainte contre X, déposée le 4 juillet dernier au parquet de Créteil par le Syndicat national de l’environnement (SNE-FSU) pour des fraudes commises lors de la passation et l’exécution de marchés publics, notamment «des fausses facturations, conflits d’intérêts, délits de favoritisme, faux et usages de faux…», précise le quotidien du soir. Une enquête préliminaire est en cours. Les conséquences s’avèrent d’autant plus graves que l’établissement public, créé par la loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006, a pour mission d’encadrer la reconquête de la bonne qualité des masses d’eau d’ici 2015 et d’évaluer leur état via le Système d’information sur l’eau (SIEau). Plusieurs éléments expliquent pareil désastre. A commencer par les règles de fonctionnement internes. La présidence du conseil d’administration échoit à la direction de l’eau du ministère de l’écologie: l’organisme même de tutelle (1). Ce qui peut bloquer le suivi des messages d’alerte sur les infractions pénales. Cette collusion pourrait disparaître dans les semaines à venir, un décret étant en cours de rédaction au ministère de l’écologie. «Le président du conseil d’administration sera désormais nommé, tandis que le directeur de l’eau du ministère pourrait remplir le rôle de commissaire du gouvernement, comme c’est le cas dans les agences de l’eau», précise Bernard Rousseau, administrateur à l’Onema et pilote du réseau Eau à France Nature Environnement. Les conditions de création de l’organisme ne lui ont pas non plus été très favorables. «Le rapprochement entre le Conseil supérieur de la pêche et l’Onema, en 2007, s’est fait dans la précipitation. Par ailleurs, nous constatons sur le terrain le manque de moyens criant de l’Office national. L’été dernier, alors que nous leur avons signalé une pollution accidentelle des eaux, les agents ont mis 48 heures pour se déplacer et nous ont annoncé qu’ils n’auraient pas les moyens de procéder à des analyses», raconte Jean-François Piquot, porte-parole d’Eau et rivières de Bretagne. Permanent, le manque de moyens nuit à l’efficacité de l’Onema sur terrain. En 2011, environ 3.000 délits ont été constatés, dont 39% pour non-respect des règles d’épandage des pesticides à proximité des cours d’eau et 32% à cause des pollutions occasionnées, selon l’Onema. «Ce nombre d’actes très peu élevé montre la faillite du système de surveillance», déplore Bernard Rousseau. Un système peu fiable, du fait du turn over qui prévaut à l’Onema. Ses agents contractuels (très souvent en CDD) bénéficient en effet d’un statut au rabais par rapport à ceux des agences de l’eau qui relèvent d’un CDI, comprenant grades et parcours professionnel. D’une façon générale, ce n’est pas la première fois que la politique de l’eau est épinglée par la Cour des comptes. Déjà, en février 2010, les magistrats de la rue Cambon soulignaient l’insuffisance des leviers réglementaires et financiers mis en place dans l’Hexagone pour respecter la directive-cadre sur l’eau (voir JDLE). Alors que dans les mois à venir, la France n’échappera sans doute pas à une condamnation de Bruxelles pour non-respect de la directive Nitrates (voir JDLE), l’absence de réforme de la politique de l’eau pourrait coûter cher à l’Etat et aux masses d’eau. Mais il semble qu’il soit urgent de ne pas se hâter. Au ministère de l’écologie, on assure que ce dossier sera à l’ordre du jour de la prochaine conférence environnementale, prévue en… septembre 2013. «C’est plus largement un problème de responsabilité des pollueurs qui se pose», rappelle Jean-François Piquot. «Il est urgent de stopper la déréglementation actuelle, qui relève par-ci les seuils et supprime par là les zones jugées sensibles, pour favoriser le lobby de l’agro-business.» «Il y a des conflits d’intérêts partout, y compris au sein des hauts fonctionnaires présents dans les ministères», ajoute Jean-Luc Touly, membre du Comité national de l’eau et auteur d’ouvrages sur la corruption et la gestion de l’eau (2). Même son de cloche à France Nature Environnement, qui estime que le problème de fond relève de la gouvernance des institutions. La majorité des membres des principales instances, comme les comités de bassin, possèdent en effet des intérêts économiques peu favorables au respect d’une bonne qualité des eaux (chambres d’agriculture ou syndicats d’hydroélectricité). En plus d’être urgente, la réforme de la politique de l’eau s’annonce chargée.

A l’Onema, le rapport de la Cour des comptes est un non-problème. Dans un courrier adressé ce 4 février aux salariés de l’Onema et que le JDLE a pu consulter, sa directrice générale, Elisabeth Dupont-Kerlan, traite par le mépris ce rapport, «ancien», et toujours «pas public». (1) selon un décret du 25 mars 2007 (2) L’eau des multinationales, les vérités inavouables, Fayard, 2006; L’eau de Vivendi, les vérités inavouables, Fayard, 2003