Le Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF) a lancé une campagne
promotionnelle pour essayer d’améliorer une image passablement ternie par
une gestion autoritaire qui fait la part belle aux intérêts privés. Le
service est encore confié à VEOLIA pour douze ans: au terme de ce contrat,
cela fera un siècle de gestion déléguée à la même entreprise, un record!
« Baisse du prix » affirme la publicité. Il s’agit d’un trompe l’oeil car les
tarifs peuvent être révisés chaque trois mois et ne manqueront pas de
repartir bien vite à la hausse. Une seconde tranche vient d’être créée à
partir d’une consommation annuelle de 180 m3. Elle concerne les familles
nombreuses (3 adultes, 3 enfants) qui auront un tarif supérieur de 22% à la
première tranche dont le SEDIF vante la baisse! Pas de baisse donc pour les
plus bas revenus, c’est ça la tarification sociale selon M. Santini! Par
contre, la dégressivité continue de plus belle pour les (très) gros
consommateurs : jusqu’à – 60% de rabais! Sans justifications réelles, le
tarif du SEDIF reste l’un des plus élevés de France et très au-dessus (46%
plus cher) de celui de la régie publique Eau de Paris.
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« Eau et Terre »
jeudi 7 avril 2011
au Pavillon de l’eau à Paris
Pour l’Ile-de-France, il s’agira d’aborder les pollutions diffuses qui dégradent la qualité de l’eau et les perspectives d’amélioration de la ressource, ainsi que les coûts induits pour la production de l’eau potable, et les différentes actions préventives déjà expérimentées en la matière.
Au niveau français et européen il s’agit de rappeler le bilan d’un demi-siècle d’agriculture productiviste qui a entraîné une dégradation massive des ressources en eau brute sur tout le territoire, et d’évoquer les perspectives que pourrait offrir la prochaine révision de la PAC en 2013.
Enfin, au niveau international, sur fond d’inquiétude renouvelée sur le front de l’autosuffisance alimentaire des pays du sud, il s’agira d’évoquer les urgences en matière d’eau et d’agriculture, enjeu majeur à l’horizon des prochaines décennies.
Une centaine de personnes sont attendues pour cette journée, essentiellement militants associatifs et spécialistes du domaine.
Avec la participation d’experts venant d’associations (AGTER, Aqui’brie, CCFD Terre solidaire, Confédération paysanne, FNE, Via Campesina, WWF France, …), d’institutions (Eau de Paris, Région Île-de-France, Conseil général du Val de Marne, Agence de l’eau Seine Normandie, et du monde de la recherche (IRD, Université de Nanterre…)
La liste complète des intervenants sera publiée prochainement.
Entrée gratuite sur inscription à eauidf@hotmail.fr
(merci d’indiquer nom, prénom, association ou fonction éventuelle, adresse, tél.)
Les petits paris de M. Santini
Dans une tribune « pour un Grand Paris de l’eau », publiée le 7 mars dans Les Echos, M. Santini évoque « le projet de réseau de transport du Grand Paris » pour proposer d’adopter la même démarche pour l’eau. Voyons, que s’est-il passé pour les transports ? Les usagers citoyens et les élus se sont fortement mobilisés dans le débat public et n’ont pas été entendus ! Les besoins immédiats et futurs des habitants n’ont pas été pris en compte au plus grand bénéfice d’intérêts privés et financiers. Une structure étatique et technocratique, hors du contrôle des citoyens et des élus (et présidée par M. Santini), a été mise en place pour conduire le projet. C’est tout simplement l’histoire d’un passage en force où l’absence de démocratie permet de tourner le dos à l’intérêt général.
Le SEDIF que préside M. Santini depuis plus de vingt cinq ans, souffre d’un manque total de transparence, d’un centralisme et d’un autoritarisme étouffants, de l’éloignement des citoyens et de l’impuissance des élus. Ces dernières années, on a ainsi vu deux décisions majeures, le choix de la délégation de service public et le choix de VEOLIA comme délégataire, prises par un vote secret. On voit des décisions courantes, votées par le seul président, tout le reste de l’exécutif (le bureau) s’abstenant ! Quelle sorte de démocratie est-ce là ? Mais ce n’est pas suffisant encore : M. Santini parie sur un super-SEDIF, une structure encore plus concentrée et définitivement débarrassée du regard des citoyens et des élus.
En invoquant les transports pour parler de l’eau, M. Santini parie qu’il parviendra à berner des citoyens de plus en plus critiques justement sur le type de gestion qu’il pratique. Peine perdue ! La tarification anti-sociale du SEDIF qui conduit les plus démunis à consacrer près de 10% de leur budget à l’eau selon une enquête réalisée en juin 2009, les ristournes accordées aux grands consommateurs qui peuvent ainsi gaspiller l’eau sans compter, l’absence de réponses aux questions légitimes sur la qualité de l’eau distribuée, les bénéfices exorbitants réalisés par VEOLIA, tout cela est bien connu à présent et jette un discrédit sur un des plus importants syndicats des eaux en Europe. A tel point que le SEDIF en est réduit à se payer (avec la facture des usagers) une coûteuse campagne de publicité pour son nouveau contrat avec VEOLIA.
En encensant la Chambre régionale des comptes, M Santini parie que les citoyens ont la mémoire courte. Dans un rapport publié l’an dernier, la Chambre régionale dénonçait « une comptabilité tronquée » dans le contrat entre le SEDIF et VEOLIA. Ce à quoi, M. Santini répondait que « les observations définitives de la Chambre relatives à la procédure en cours, (…) procèdent d’un a priori négatif regrettable et infondé à l’égard des travaux menés par le Syndicat ».
A l’image du SEDIF, la gestion déléguée est sévèrement remise en cause par l’opinion publique partout en France. Ce système est à bout de souffle, incapable de répondre aux problèmes actuels quand il n’en est pas la cause directe. M. Santini parie qu’il pourra le perpétuer en restant droit dans ses bottes et en créant des structures encore plus gigantesques et encore plus concentrées. Or, l’exemple du SEDIF avec un tarif de l’eau particulièrement cher, le montre bien : l’économie d’échelle ne profite pas aux usagers citoyens ! Et la concentration des pouvoirs, M. Santini est également président de l’Agence de bassin Seine-Normandie, ne profite pas à la démocratie. Une remise à plat, une véritable re-fondation démocratique de la gestion de l’eau est nécessaire et urgente. Le premier défi est de donner une place aux citoyens et aux élus dans les décisions, ce qui passe par la proximité et une échelle humaine pour les institutions. On ne prépare pas l’avenir en pariant sur les dinosaures !
Sur la route de Marseille (2)
La première condition est d’obtenir des financements publics. Car, si ceux-ci se déversent en abondance (au moins 30 millions d’euros) sur le FME, rien n’est encore certain pour le FAME. « Ce soutien serait de bonne tradition républicaine, comme il a été pratiqué notamment par le président de la république, M. Chirac, lors du Forum social européen en région parisienne en 2003 et lors d’autres contre-sommets », rappellent les organisateurs dans un courrier adressé à Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie, début décembre… La région PACA (où se dérouleront le FME et le FAME) a annoncé son soutien aux deux manifestations (dans des proportions de 1 à 10 en faveur du FME). D’autres collectivités territoriales peuvent suivre. Tout cela est à concrétiser très rapidement maintenant. En tout cas, dans les collectivités territoriales, il s’agit d’une bonne occasion pour la gauche, socialiste en particulier, de mettre en cohérence ses actes avec ses discours, ce qui n’est jamais évident dans le domaine de l’eau, on l’a vu encore récemment avec le retour de l’agglomération Est Ensemble dans le giron du SEDIF-VEOLIA par le vote des élus du PS, de la droite et d’une minorité des élus du PCF https://eauidfactu.blogspot.com/2010/12/communique-de-la-coordination-eau-ile.html
FAME 2012 : Sur la route de Marseille -(1)
Un Forum mondial de l’eau (FME) se tient tous les trois ans : le dernier était à Istanbul en 2009, le prochain sera à Marseille en mars 2012. L’initiative en revient au Conseil mondial de l’eau qui regroupe multinationales et Etats les plus puissants. Son président est le Français Loïc Fauchon, PDG de la Société des eaux de Marseille, filiale de VEOLIA. Créé en 1995, le Conseil mondial de l’eau se veut « la voix de l’eau », c’est-à-dire qu’il élabore un discours de l’eau au niveau global. Que l’eau devienne un sujet politique majeur à l’échelle du monde est tout à fait souhaitable. Là où le bât blesse, c’est que cette tâche devrait revenir à une institution internationale placée sous l’égide de l’ONU, pas à un groupe privé. C’est un peu comme si à la place du conseil de sécurité de l’ONU, il y avait une assemblée de marchands d’armes et d’Etats, présidée par M. Dassault. De fait, cela dépasse de très loin le lobbying « ordinaire »: la politique est privatisée ! Sous la houlette des entreprises, le Forum mondial de l’eau mobilise et influe sur les décideurs politiques à tous les niveaux et se conclut par une déclaration des ministres ou des chefs d’Etat qui donne la feuille de route pour les prochaines années. Les 20 000 participants attendus à Marseille seront pour l’essentiel des élus, des fonctionnaires et des dirigeants d’entreprises publiques !
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Ecoutez les voix de l’eau!
Le combat pour l’eau a reçu en juillet 2010 une consécration historique avec la reconnaissance par l’Assemblée générale de l’ONU du droit à l’eau et à l’assainissement. Le Conseil mondial de l’eau qui prétend incarner « la voix de l’eau » devrait célébrer cet événement qui donne tout le sens et la portée de l’action pour l’eau. Il pourrait organiser une grande manifestation internationale pour donner un nouvel élan à la mobilisation mondiale en faveur de l’eau.
Vous dîtes ? Le Conseil mondial de l’eau organise un Forum mondial de l’eau en mars 2012 à Marseille ? Bravo, c’est l’occasion rêvée. Et donc le droit à l’eau et à l’assainissement sera évoqué …du bout des lèvres !