Archives de catégorie : Santé & Environnement

Croissance de la production bio : l’IDF dépasse les 10 000 hectares

Rebond de la croissance de la production bio : l’Île-de-France dépasse désormais les 10 000 ha engagés en bio…

Alors que l’Agence Bio lance la 16ème édition du Printemps Bio, l’Ile-de-France fête son 10 000ème ha cultivé en bio. Au total, depuis le début de l’année, déjà plus de 750 ha se sont engagés en agriculture biologique, presque autant qu’en 2014 sur l’ensemble de l’année. De ces nouvelles surfaces conduites en bio, 99,5% sont situés soit sur une aire d’alimentation de captage d’eau potable, soit sur une commune sur laquelle est présent un captage prioritaire. Une bonne nouvelle pour cette année 2015, échéance initialement fixée à la France par la Directive Cadre européenne sur l’eau pour atteindre un bon état général tant pour les eaux souterraines que superficielles. Rappelons que l’Île-de-France est particulièrement vulnérable à la pollution par les nitrates. A l’occasion du Printemps Bio, le GAB IdF, en tant qu’Observatoire Régional de l’AB en Ile-de-France, publie un focus sur l’eau et l’AB.

Le Groupement des Agriculteurs Biologiques d’Ile-de-France (GAB IdF) travaille depuis 2008 avec l’Agence de l’Eau Seine-Normandie sur la préservation de la ressource en eau en lien avec l’expertise développée par le réseau FNAB. Concrètement, il s’agit d’instaurer une dynamique de territoire de façon à sensibiliser et accompagner les agriculteurs vers des pratiques de production biologique, avec l’implication de l’ensemble des acteurs locaux, des aides incitatives, un suivi personnalisé, une sécurisation économique via un accès à des débouchés identifiés … Objectif affiché : préserver et restaurer la qualité de l’eau de ces territoires en limitant les pollutions diffuses liées à l’agriculture.

En Ile-de-France, 10 territoires prioritaires ont ainsi été identifiés en lien avec l’Agence de l’Eau Seine-Normandie. Résultat entre fin 2012 et fin 2014 :
– les surfaces engagées en AB ont augmenté de 14% en Ile-de-France.
– elles ont augmenté de 30% sur les aires d’alimentation de captages d’eau potable prioritaires (AAC).
– Preuve de cette dynamique, les surfaces en conversion vers l’AB sur les AAC ont, elles, augmenté de 158%.
Retrouvez des chiffres plus détaillés ci-joint dans le focus Eau & AB de l’Observatoire.

Vous représentez une collectivité ? Vous souhaitez faire avancer la préservation de l’eau via les changements de pratiques agricoles sur votre territoire ? Participez les 22, 23 et 24 juin 2015 à la formation nationale sur la pratique du dialogue territorial (Jussieu, 75) organisée par la FNAB : infos et programme >> ici.

>> Communiqué de presse

>> Dossier complet des statistiques « Eau et bio » en Ile-de-France, édition 2015, réalisée en lien avec l’Agence de l’eau Seine-Normandie, par l’Observatoire Régional de l’Agriculture Biologique en Ile de France porté par le GAB Île-de-France.

Eau et climat au Forum Social Mondial de Tunis

Daniel Hofnung à gauche et Emmanuel Poilane à droite

Environ 50.000 personnes venues de 162 pays étaient sur le campus « El Manar » de l’université de Tunis pour ce forum, avec 1070 activités. La délégation de la Coordination Eau Île-de-France a participé à la série d’ateliers « Eau, planète et peuples -EPP2 » (eau et climat, eau et agriculture, eau et droit, eau et énergie) organisés autour de France-Libertés et du CRID.

Sur le premier thème « eau et climat », l’hydrologue slovaque Michal Kravčík a expliqué la baisse tendancielle de l’infiltration d’eau dans le sol et du renouvellement des nappes phréatiques, avec la croissance du ruissellement qui se fait au détriment des eaux souterraines, à la campagne comme à la ville : l’eau contenue dans les sols diminue en même temps que le niveau des mers s’élève. Ce déficit contribue au réchauffement climatique, avec la modification de l’évaporation et l’augmentation de la transformation du rayonnement solaire en chaleur sensible sur des sols plus secs.

Cette explication complémentaire du réchauffement ouvre la possibilité d’agir positivement sur le climat en restaurant le petit cycle de l’eau par l’infiltration de l’eau dans le sol : on retrouve ici des solutions proches de celles préconisées par l’agence de l’eau RMC.

Dans son pays, un programme a été conduit en 2011-12 avec la réalisation de petites retenues, en général réalisées avec des troncs d’arbres, sur le cours haut des rivières afin de lutter contre les inondations et infiltrer l’eau. Ce type d’ouvrage coûte 5 à 10 fois moins cher que les solutions plus techniques proposées habituellement, et offre de l’emploi local. La conséquence a été la régularisation sur l’année du régime des cours d’eau concernés et la hausse du niveau des nappes.

J’ai moi-même complété sur la problématique urbaine, avec deux images issues de l’animation du site de l’agence de l’eau R-M-C dont j’ai souligné la qualité du travail, puis des exemples d’infiltration d’eau en ville, pouvant aller à 100 % des eaux de pluie. J’ai rappelé le rôle central de l’arbre, à la fois pour l’infiltration de l’eau dans le sol et pour le rafraîchissement lié à l’évapotranspiration.

Un participant du Burkina Faso a été dans le même sens : l’ONG a fait une sensibilisation de la population au rapport entre eau et climat, avec la disparition des arbres dont les jeunes n’avaient pas conscience. Quand cela a été compris, des petits barrages de sable ont été réalisés sur des cours d’eau. En moins d’un an le niveau d’eau a remonté dans les puits et l’herbe a réapparu.

Michal  Kravčík a jugé l’actuelle politique de l’eau visant la protection de la ressource et des aquifères insuffisante, et s’est prononcé pour une nouvelle génération de lois fixant la responsabilité de retourner l’eau à l’écosystème et au cycle de l’eau.

C’est la préoccupation que nous avons portée avec Nathalie Seguin, du Mexique, à l’assemblée de convergence sur « Terre et Eau ». La déclaration « contre l’accaparement de l’eau et des terres » qui a été adoptée fait désormais mention du cycle de l’eau.

© Tribune de Daniel Hofnung pour ATTAC et Coordination Eau – Île de France

Procès Cristaline: un jugement exemplaire

Communiqué d’Eau de Paris. Ce 16 avril 2015, la 31ème chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris a condamné le fabriquant d’eau en bouteilles Cristaline pour publicité comparative illicite. Le jugement, qui intervient après huit années de procédure judiciaire, condamne Cristaline et deux autres sociétés du groupe à payer 100 000 euros d’amende, 50 000 euros de dommages et intérêts à chacune des parties civiles ainsi qu’à publier la condamnation intervenue dans Le Parisien, Le Figaro et 20 Minutes. Eau de Paris qui est à l’origine de cette plainte, salue la décision du juge qui reconnaît que « les condamnés s’attaquent à un bien de première nécessité et portent atteinte de manière injustifiée à la qualité du produit, faisant peser un doute sur l’existence d’un risque pour la santé publique ».

La condamnation du groupe Cristaline fait suite au dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile par Eau de Paris en janvier 2007. L’association de consommateurs UFC-Que Choisir et le Syndicat des eaux d’Ile-de-France (SEDIF) s’étaient joints à la procédure. En janvier 2007, en effet, Cristaline lançait une importante campagne d’affichage massive baptisée « Qui prétend que l’eau du robinet a bon goût ne doit pas en boire souvent » ou encore « je ne bois pas l’eau que j’utilise » avec une photo de cuvette de toilettes ouverte. Cette campagne, en faveur de l’eau de source de la marque Cristaline, dénigrait la qualité de l’eau du robinet et engendrait de la suspicion sur sa potabilité. En alimentant la défiance à l’égard de l’eau du robinet, les affiches diffusées en Ile-de-France laissaient entendre que les autorités sanitaires autorisaient la consommation d’une eau de mauvaise qualité. Le tribunal souligne en particulier que cette campagne a « nuit également au fonctionnement régulier d’un service public,(…), et à la santé publique ».

Pour Célia Blauel, adjointe à la Maire de Paris en charge de l’environnement et Présidente de la régie publique Eau de Paris, « l’eau est un produit vital, rare, de première nécessité. Je déplore de manière générale que des entreprises fassent du profit sur l’eau. Lorsqu’elles utilisent le mensonge et la caricature, il est normal qu’elles soient jugées et condamnées. Cette condamnation est exemplaire et je m’en félicite. »

À Paris, la régie permet à 3 millions de personnes de consommer quotidiennement une eau de qualité, équilibrée en minéraux et très économique : un Parisien qui boit 1,5 litre d’eau de Paris par jour paie 1,7 € par an. Boire l’eau de Paris, c’est également faire un geste écologique en réduisant le volume d’emballages.

Il sera proposé au Conseil d’administration d’Eau de Paris de reverser les dommages intérêts perçus à des associations pour mener des actions de sensibilisation à la consommation éco-responsable de l’eau.

Le cycle de l’eau mis à mal par le changement climatique

Par Emmanuel Poilane, Directeur de France Libertes Fondation Danielle Mitterrand, dans le Huffington Post.

À la fin du mois de mars 2015, un record inquiétant a été atteint en Antarctique: on a enregistré une température de 17,5°C, digne de Nice ou Ajaccio à cette période de l’année. Le Pôle Sud est pourtant presque entièrement recouvert de glace et reste l’une des régions les plus froides de la planète. Alors, comment expliquer une température aussi douce? Il est ici possible d’affirmer que l’Antarctique est l’un des endroits du monde le plus touché par le changement climatique.

Malheureusement, il n’est pas le seul. Dans le même temps, une sécheresse historique s’abat sur la Californie. Elle est due principalement au choix humain de transférer l’eau vers les villes, au détriment des surfaces autrefois cultivables. Abandonnés par les agriculteurs qui ont vendu leurs droits d’eau, ces champs à perte de vue sont devenus désertiques au fil des années. Dans le même temps, le Brésil et notamment la population de Sao Paulo se mobilise contre les pénuries d’eau qui, elles, sont directement liées à la déforestation de l’Amazonie et à son impact lui aussi direct sur le grand cycle de l’eau.

Le changement climatique prend ainsi un aspect très concret aux quatre coins de la planète. Bien loin des analyses scientifiques théoriques du Giec, c’est la réalité d’aujourd’hui qui nous crie l’urgence d’agir pour lutter contre le changement climatique avant qu’il ne soit, simplement, trop tard.

Pour la Fondation France Libertés, le lien entre le grand cycle de l’eau et le changement climatique a été au cœur de nos réflexions au Forum Social Mondial de Tunis qui s’est déroulé du 24 au 28 mars 2015. Bien que l’attentat de Tunis demeure encore présent dans les esprits des participants du FSM, c’est bien la question du changement climatique qui a été au centre d’une grande partie de nos rencontres.

Si la question du CO2 est l’angle choisi par nos gouvernements pour traiter de la lutte contre le changement climatique, le grand cycle de l’eau est pour nous la porte d’entrée pertinente pour capter les signaux inquiétants du dérèglement climatique mais aussi pour imaginer les solutions. Depuis la conférence sur le climat de Copenhague en 2009, ce n’est un secret pour personne que les conséquences du changement climatique se manifestent sur le grand cycle de l’eau: tornade, sécheresse, inondation, montée des eaux, tempêtes. Malheureusement, nos politiques ne s’emparent pas de ces catastrophes pour penser les solutions qui devraient permettre de protéger et restaurer rapidement le grand cycle de l’eau.

La réalité du changement climatique doit faire prendre conscience à l’humanité que le temps est à la transformation. Nous devons absolument anticiper et innover pour construire les sociétés du futur qui nous permettront tout simplement de survivre sur la terre. Même si les politiques ne parlent que de croissance et d’économie, il est essentiel qu’une conscience citoyenne collective émerge pour leur faire comprendre qu’une autre urgence est là et que c’est par elle que nous devons reconsidérer l’ensemble de notre système.

Les solutions sont accessibles. Imaginer les règles de vie de l’Humanité pour sauver notre planète, c’est: penser une nouvelle économie sobre et respectueuse notamment du grand cycle de l’eau, penser une agriculture localisée qui arrête de faire parcourir des milliers de kilomètres à son blé ou son soja, penser une production énergétique durable et renouvelable, penser la ville de demain comme un espace naturel vivant, permettant de garder une température équilibrée sans stopper les flux de l’évapotranspiration nécessaires au grand cycle de l’eau.

Ces exemples parmi d’autres peuvent être vus comme le point de départ d’un nouveau monde. Ce nouveau monde existe déjà dans des milliers d’initiatives locales qui demandent à être multipliées, à devenir le système de vie de l’Humanité. Je suis conscient qu’avec ce nouveau départ, nous entrerions très probablement dans une période de grande incertitude et de grand chamboulement de nos habitudes, de nos modes de vies. Mais si l’humanité a bien une force, c’est sa capacité d’adaptation.

Alors plutôt que d’attendre la catastrophe programmée par une société capitaliste néolibérale qui a perdu tous ses repères au profit de l’argent roi, peut-être avons-nous la possibilité, en tant que simple citoyen, de faire entendre notre voix, pour qu’enfin nous ayons l’ambition collective de construire un projet de société qui ne repose pas uniquement sur la réduction de notre dette.

Sommes-nous prêts à porter une vision d’avenir qui nous permette de mettre nos énergies humaines et nos savoirs scientifiques et techniques au service d’un projet de vie pour l’humanité équilibré et respectueux de la planète et de son grand cycle de l’eau, qui n’est ni plus, ni moins, que les poumons et le cœur de la terre, l’énergie et le flux qui permettent la vie sous toutes ses formes?

Parce que nous pensons qu’un nouveau paradigme de société par l’eau est l’une des solutions positives pour lutter contre le changement climatique, la Fondation France Libertés vous présentera dans les mois qui viennent plusieurs projets vous permettant de vous y engager avec nous: affaire à suivre!

La mobilisation internationale pour le climat s’organise !

Le Forum Social Mondial est un lieu de rencontres entre personnes du monde entier. L’occasion idéale pour organiser et coordonner la mobilisation autour de la conférence sur le climat COP21 qui se tiendra à Paris en décembre 2015.

Pendant deux jours, des centaines de personnes ont participé à des discussions sur les actions à mener pendant la COP21. Définir les temps forts, les messages à faire passer, les moyens les plus efficaces pour partager les informations… La société civile est mobilisée pour influer les négociations du nouvel accord sur le climat.

2015 est une année déterminante en termes de décisions sur le climat et le développement durable, et l’eau doit y trouver toute sa place. C’est dans cet esprit que France Libertés, la Coordination Eau Île-de-France, la Coalition Eau et d’autres partenaires lancent aujourd’hui les Rencontres « Eau, Planête et Peuples » au FSM : il s’agit de construire, ensemble, un plaidoyer sur l’eau.

Quatre ateliers sont organisés :

Atelier « Eau et Climat » – Face au changement climatique et à la multiplication des crises liées à l’eau, il est impératif de restaurer le cycle de l’eau avec des solutions d’adaptation et d’atténuation, en développant des alternatives locales ayant des effets plus globaux.

Atelier « Eau et Energie » – Les activités extractives menacent le droit à l’eau tandis que les citoyens sont exclus des processus de décision. L’émergence et le renforcement des mobilisations sociales sur la question de l’eau et de l’énergie est donc fondamental.

Atelier « Eau et Agriculture » – De quelle manière garantir l’accès à l’eau par les paysanneries du monde et comment contester les modèles d’agriculture irriguée capitaliste peu compatibles avec les impératifs de sécurité alimentaire, d’équité sociale et de durabilité environnementale?

Atelier « Eau et Droit » – Alors que le droit à l’eau potable a été reconnu comme un droit de l’Homme par les Nations Unies en 2010, tout l’enjeu réside aujourd’hui dans la réalisation effective de ce droit. Le rôle des citoyens dans ce cadre est essentiel, tant pour faire appliquer ce droit que pour améliorer sa mise en œuvre.

C’est dans la continuité de ces Rencontres « Eau, Planète et Peuples » qu’un espace dédié à l’eau, le « Pavillon Bleu » sera organisé durant la COP21. Mobilisons-nous pour que l’eau soit prise en compte dans les débats internationaux !

 

 

La Cour des comptes dénonce les pratiques des agences de l’eau !

Dans son rapport annuel qu’elle a présenté le 11 février 2015, la Cour de comptes fait une analyse des nombreux (et importants) dysfonctionnements des Agences de l’eau, qu’elle a auditées pour la période de 2007 à 2013. D’une manière générale, si ce rapport n’apprend rien de nouveau, que les personnes impliquées dans la gestion de l’eau ne savent déjà, il fait par sa cohésion jaillir une vérité que d’aucuns voudraient nous cacher.

En 2013, ces agences ont collecté 2,2 milliards d’euros de redevances auprès des usagers et en ont distribué 1,9 (90,3 % des recettes) sous forme d’aides. C’est par exemple le cas lorsqu’une commune exécute des travaux de rénovation de son réseau d’assainissement eaux usées : elle reçoit alors une subvention (ou un prêt à taux zéro) de l’agence de l’eau dont elle dépend. Ces agences financent aussi des actions conduites par des industriels ou des agriculteurs (épuration des eaux, restauration et entretien des milieux aquatiques, etc.) On se rappelle à ce sujet comment l’agence Adour-Garonne avait subventionné le projet de barrage de Sivens !

Pour 2013, les usagers de l’eau paient l’essentiel (87 %) de la redevance qui alimente les recettes des agences, le solde étant payé par les industriels (7 %) et les agriculteurs (6 %). Selon les bassins, ces pourcentages varient, mais au contraire de ce que l’on pouvait attendre, plus vous polluez, moins vous payez. Ainsi, dans le bassin Rhin-Meuse, où l’activité industrielle a été particulièrement polluante, la contribution des entreprises baisse de 22 % à 11 % en 6 ans ! Dans les bassins Rhône-Méditerranée et Adour-Garonne où l’irrigation représente 70 % du prélèvement d’eau de surface, la redevance payée par les agriculteurs ne représente que 3 % du montant total des redevances ! Quant à l’agence de la Seine-Normandie, elle avait décidé un moment de faire peser 92 % de ses recettes sur les seuls usagers.

Plus on rentre dans le détail, plus la situation est ubuesque. En Loire-Bretagne, la part de la redevance acquittée par les agriculteurs ne s’élève qu’à 10 %, dont seulement 0,6 % pour l’élevage ! C’est pourtant dans cette région que l’on trouve les plus grandes concentrations d’animaux d’élevage rejetant quantité de nitrates, provoquant la prolifération des algues vertes. Au contraire de toute attente, la redevance payée par les éleveurs n’était que de 3 millions d’euros en 2013 alors que le seul coût du nettoyage des algues vertes sur le littoral était estimé au minimum à 30 millions d’euros par an.

Si les usagers domestiques apportent l’essentiel des recettes, ils sont, pour autant, sous-représentés au sein des organes dirigeants. Théoriquement, ils devraient représenter 40 % des membres des comités de bassin (+ 40 % pour les collectivités et 20 % l’État). Sauf que les industriels et les agriculteurs sont eux surreprésentés dans le collège des usagers. Par exemple, les « entreprises à caractère industriel et commercial » constituent plus de 40 % du collège des usagers dans les bassins Seine-Normandie, Rhin-Meuse et Rhône-Méditerranée. D’une manière analogue, dans des bassins dans lesquels les pollutions d’origine agricole sont fortes (Adour-Garonne, Loire-Bretagne), le sous-collège « agriculture, pêche, aquaculture, batellerie et tourisme » représente plus du tiers du collège des usagers. Pour Seine-Normandie, les « vrais usagers », les consommateurs n’occupent que 9 % des sièges.

Enfin comment passer sous silence les nombreux conflits d’intérêts relevés dans l’attribution des aides qui, d’une manière générale, semble insuffisamment transparente. Il n’est pas rare de constater que certains membres des conseils d’administration (représentant des entreprises, des collectivités ou des associations) peuvent à la fois bénéficier de subventions (parfois très élevées) et siéger et voter dans les commissions qui attribuent ces aides !

Dans un communiqué paru la veille de la publication du rapport, la ministre Ségolène Royal prend les devants, soutient les recommandations de la Cour des comptes et annonce qu’elle a déjà décidé (lors de leur renouvellement) d’allouer plus de sièges aux représentants des associations (consommateurs et protection de la nature). Elle veut également améliorer la représentation de l’agriculture biologique. La prévention des conflits d’intérêts devrait aussi être renforcée par de nouvelles règles qui seront édictées avant l’été par décret.

En matière de confusion des genres, on a tous en mémoire la période (2005 à 2013) où André Santini, député-maire d’Issy-les-Moulineaux, président du syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF), présidait aussi le comité de bassin de l’agence de l’eau Seine-Normandie. Pour son élection à ce poste, il avait pu compter, sur le soutien des représentants de Veolia, Suez-Environnement, de la majorité des agriculteurs ainsi que de la FNSEA. Le SEDIF, le plus gros syndicat intercommunal de France (144 communes), ne venait-il pas de renouveler son contrat avec Veolia en 2010 ? Seriez-vous étonné d’apprendre que le vice-président de Santini au comité de bassin de l’agence de l’eau n’était autre que Paul-Louis Girardot, ancien directeur de Veolia toujours membre du conseil d’administration de cette société ? Il faut savoir rester entre soi.

Ce que la Cour des comptes ne dit pas dans cette affaire, c’est que l’État a su lui aussi ne pas respecter le fameux (contestable ?) principe : « l’eau paie l’eau » puisqu’il a mis les doigts dans le « pot de confiture » et a prélevé de l’argent dans les caisses des agences pour son propre usage. Ainsi pour l’année 2014, il a prélevé 210 millions d’euros et se propose de faire de même les 3 prochaines années (2015 à 2017) à hauteur de 175 millions !

La seule solution pour mettre fin à tous ces petits arrangements avec le diable, ce n’est pas d’introduire plus d’État (qui comme on le voit sait aussi transgresser les règles), mais plus de démocratie ! Pourquoi arrive-t-on toujours aux mêmes conclusions ?