Archives de catégorie : International

Maroc : protestation contre les hausses de tarifs

Les habitants des villes de Tanger et de Tétouan ont manifesté symboliquement samedi 17 octobre 2015 contre les très fortes hausses des tarifs de l’eau, de l’assainissement et de l’électricité appliquées dans leurs villes – comme partout ailleurs au Maroc – en éteignant les lumières dans leurs logements de 20h à 21h.  Communiqué du Bureau national de l’ACME Maroc le 18 octobre 2015.

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L’Appel de Guéret: « unis, nous serons la force »

En ce jour du 14 juin 2015, nous avons ouvert à Guéret des Assises de défense, de développement et de démocratisation des Services Publics, Assises qui seront à faire vivre sur tout le territoire pendant l’année 2016 avant de déboucher sur des Assises nationales à Paris.

Destinées à nourrir un nouveau Manifeste des services publics du XXIeme siècle, qui sera un outil de mobilisation, elles doivent nous aider à élargir et renforcer les convergences de plus en plus indispensables et nous servir à créer un rapport de force pérenne en faveur des services publics.

La Convergence et ses partenaires syndicaux, associatifs et politiques, avaient lancé dans le cadre de la manifestation « Guéret 2015 » un appel à la constitution ou la revitalisation de collectifs locaux.

Elle renouvelle aujourd’hui cet appel à créer des collectifs partout où ils n’existent pas, en s’appuyant sur le trépied qui lui tient à cœur : syndical, associatif, politique.

Ces collectifs auront pour rôle

– de contribuer aux luttes selon des modalités définies collectivement, qu’elles soient locales, nationales ou européennes

– de développer des débats publics destinés à nourrir des Assises au plus près des citoyens, à l’échelle qui paraitra la plus pertinente (niveau régional, départemental, communal, voire infra-communal), avec le souci de ne pas oublier certains lieux spécifiques parfois un peu écartés des débats : banlieues, zones rurales…

Pour faciliter la mise en place de ces débats, la Convergence établira un document rappelant le « socle commun » (en termes de problématiques et de propositions) qui réunit les appelants à ses assises.

Toutes les organisations parties prenantes auront à cœur d’améliorer la communication, au travers de campagnes d’opinion, d’une meilleure synergie de leurs différents réseaux, d’un développement de l’éducation populaire et des débats publics, avec des démarches plus appuyées en direction des jeunes. Sans oublier le site de la Convergence.

En ce qui concerne les contenus de ses assises, plusieurs pistes de réflexion ont été ciblées :

  • La définition des services publics que nous voulons, au service des droits, et intégrant les besoins nouveaux (nouveaux domaines, niveaux de gestion, gratuité, évolutions technologiques, écologie, lutte contre les discriminations de toutes sortes (raciales, sexistes..) et des missions de la fonction publique que nous voulons, avec des statuts permettant aux personnels d’être de véritables acteurs dans le fonctionnement du service public
  • La démocratisation des services publics : il s’agirait de dépasser de simples procédures de consultation des citoyens, pour aller vers des dispositifs de co-construction et de réappropriation sociale
  • Le rôle de l’État en articulation avec celui des collectivités territoriales et de l’Europe
  • Ces assises doivent faire la démonstration que nous avons le souci d’être une force de propositions, y compris dans le domaine du financement des services publics (fiscalité, péréquation, organisation de la nécessité d’assumer le coût du service public).

Il s’agira aussi de réfléchir à l’impulsion d’actions, aux modalités de leur convergence, ou à la participation à des actions diverses , en France et en Europe.

Citons par exemple :

  • La journée d’action contre le projet de loi santé le 25 juin
  • Le 70 ème anniversaire de la sécurité sociale en octobre
  • La semaine européenne de solidarité avec la Grèce du 20 au 27 juin

Ajoutons les actions contre les traités internationaux, celles qui s’inscrivent autour de la COP 21 (convention sur les changements climatiques début décembre), ainsi que les possibilités de débats et d’action liées à la réforme territoriale et la réorganisation des services de l’État, l’élaboration des budgets locaux ou encore un référendum national sur la gestion de l’eau.

Pour que le service public soit le socle d’une nouvelle démocratie économique et sociale, pour que les assises des services publics permettent de réinventer les « jours heureux », nous lançons aujourd’hui l’Appel de GUÉRET « Unis, nous serons la force »

Nous, citoyens, usagers du service public, militants syndicaux, associatifs, politiques, élus, collectifs de la Convergence, coordinations, lançons aujourd’hui un appel pour la défense, la reconquête, la réinvention et le développement des services publics.

Des services publics, créateurs de richesses, au service de la satisfaction des besoins et des droits fondamentaux, de la redistribution des richesses produites et s’inscrivant clairement dans la transition écologique.

Des services publics bénéficiant de financements pérennes au moyen notamment d’une véritable réforme fiscale et d’un contrôle public des banques et les organismes financiers.

Des services publics au sein desquels les citoyens doivent disposer de nouveaux droits sur l’expression des besoins de service public et leurs modalités d’exercice.

Des services publics assurant les principes de solidarité, d’égalité de traitement notamment entre les femmes et les hommes, de continuité et d’égal accès, sur l’ensemble du territoire

Des services publics, dans les territoires, en France et en Europe, pour combattre l’austérité et sortir de la crise.

Nous appelons au renforcement des collectifs et comités existants et à la création de nouveaux collectifs de la Convergence sur l’ensemble du territoire pour engager cette bataille dans la durée

Nous appelons à l’organisation d’assises locales dans l’objectif d’adopter, en 2016, un manifeste, outil de mobilisation pour les services publics.

Nous nous inscrivons dans toutes les mobilisations, territoriales et professionnelles, pour les services publics et la protection sociale, en France, en Europe et dans le monde, en 2015.

Le 14 juin 2015

La Convergence nationale de défense et de développement des services publics

Conga no va ! Solidarité contre Etat d’urgence

 

Nous, les Organisations et les participants réunis en colloque, le 22 mai à Paris, au Palais du Luxembourg, nous avons tenu à rendre publique notre profonde inquiétude face aux derniers développements du conflit politique, social et environnemental, qui se déroule à Arequipa, Islay de Cocachacra.

 

Nous condamnons fermement, ces nouvelles violations graves des droits de l’homme et l’usage insensé des armes à balles réelles par les forces de police à l’encontre de manifestants pacifistes, qui a tué ces derniers jours, Ramon Colque VILCA, et encore récemment Champi Luis Quispe, abattu par la police.

 

Chaque manifestation, chaque grève, chaque initiative, peut apporter la mort, le gouvernement réprimant désormais par le feu et le sang en imposant la terreur.

 

Nous exigeons que soit mis un terme à l’état d’urgence dans la province d’ Islay annoncé  par le président du Conseil des ministres, Pedro Cateriano, et le rétablissement  des garanties constitutionnelles des Droits de l’Homme au Pérou. Une situation qui va crescendo, puisqu’aujourd’hui ce sont 7 départements déclarés en état d’Urgence, et le gouvernement autorise l’intervention des forces armées dans les régions d’Ayacucho, Apurimac, Cajamarca, Cusco, Moquegua, Puno et Tacna.

 

Nous dénonçons le refus réitéré du Gouvernement Péruvien et de son Président, devant l’OEA, de se conformer aux mesures de précaution en faveur des  46 personnes, des 2 journalistes, de la famille Chaupe ainsi que de Gregorio Santos dont l’intégrité physique  et la vie sont menacées,  dans le conflit contre le mégaprojet Conga à Cajamarca.

 

Nous nous indignons devant le nouveau raid, le 22 mai, des forces  de police privée de l’entreprise Yanacocha, accompagnée par des membres des DINOES dans la propriété de la famille Chaupe Tragadero Grande Sorochuco et la destruction d’une partie de son logement.

 

Nous appelons de toute urgence toutes les organisations démocratiques françaises et européennes à se joindre  à notre protestation. Nous les invitons à adresser aux Présidents de la République Péruvienne et Française, de toute urgence, ces exigences en faveur du respect des Droits de l’Homme et celles des peuples originaires, au Pérou.

La bataille pour l’eau d’un petit village chilien contre un géant minier

Les villageois de Caimanes, au Chili, viennent de remporter une victoire judiciaire contre le géant Antofagasta, qui a construit un énorme réservoir de déchets miniers en amont de leur communauté. Cette décision de justice, ordonnant à l’entreprise de restaurer le cours naturel de l’eau, constitue une première dans le pays. Mais sa mise en oeuvre n’est pas assurée au vu des relations étroites entre les intérêts miniers et le pouvoir, dans un contexte où l’accès à l’eau est indispensable à la survie de l’industrie minière.

Leur combat dure depuis dix ans, et la justice chilienne vient de leur accorder une nouvelle victoire. Les villageois de la communauté de Caimanes, au Nord du Chili, dénoncent la construction, par l’entreprise Antofagasta, d’un immense réservoir destiné à accueillir les déchets de la mine de cuivre géante de Los Pelambres, quelques kilomètres en amont de leur village. Depuis la construction de ce barrage, les communautés en aval ne recevaient presque plus d’eau. Le géant minier chilien accusait la sécheresse sévissant dans la région, mais la justice vient de donner raison aux villageois, en ordonnant à Antofagasta de rétablir le cours naturel de l’eau.

Lire l’article complet sur l’Observatoire des multinationales

par Olivier Petitjean

Chili: après 10 ans de lutte, à Caimanes, la justice ordonne la restauration du cours naturel de l’eau

Elif Karakartal, observatrice internationale, réalisatrice de documentaires

La justice chilienne ordonne la démolition du réservoir de déchets miniers du Mauro.

9 mars 2015, après plus de 10 ans de lutte contre le réservoir de déchets miniers installé quelques kilomètres en amont de la communauté de Caimanes, la justice chilienne vient de donner raison aux habitants de ce petit village du centre-nord du Chili en ordonnant la démolition du réservoir.

La lutte de ce village a été ardue et parfois désespérante : une lutte qui s’engage dès le début sur le terrain juridique, avec de grandes difficultés dans les premières années lorsque les avocats trahissent leurs clients en passant un accord avec la mine pour annuler une résolution de la cour d’appel qui mettait fin à la construction du réservoir ; une lutte de titans face à la famille propriétaire de Minera Los Pelambres, Luksic, aussi connue comme « patronne du Chili », tant son pouvoir lui permet d’influencer les partis politiques en place et d’utiliser les institutions pour imposer ses projets. En 2012, non contente d’avoir réussi à imposer un projet dont on savait qu’il condamnait la vallée, l’entreprise réussit le tour de passe de trainer les nouveaux avocats de la communauté sur les bancs des accusés pour vouloir s’enrichir sur le compte de la cause environnementale, et ce alors même que la justice chilienne n’avait pas étudié les impacts de ce réservoir, le plus grand d’Amérique Latine.

Le 21 octobre 2014, la Cour Suprême reconnait enfin la responsabilité de Minera Los Pelambres quant à la disparition de l’eau dans le village de Caimanes et dans la vallée du Pupio et ordonne à l’entreprise de rétablir le cours naturel des eaux. La sentence prévoit un délais d’un mois à la compagnie pour présenter un plan d’exécution et, s’il n’est pas respecté, ordonne la démolition du réservoir de déchets. Se sentant soutenus et légitimés par la sentence, les habitants s’organisent et mettent en place un campement auto-organisé qui bloque la route principale d’accès au réservoir de déchets miniers. L’occupation durera 75 jours. Les habitants seront délogés début février par ordre du Ministère de l’intérieur sans que ne leur soit donné aucune signal de la part de l’entreprise ni de l’État que la sentence sera respectée.

Caimanes en TomaR1Cependant, un événement va éveiller l’intérêt de la presse et de l’opinion publique qui jusqu’alors ignoraient totalement l’existence de cette lutte. La presse chilienne révèle que la Banque du Chili, possédée par Luksic, le propriétaire de Minera Los Pelambres, a octroyé un prêt de 10 millions d’euros au fils de la présidente le lendemain de l’élection présidentielle. Cette affaire met à nu les amitiés entre pouvoir politique et financier, le scandale révolte l’opinion publique chilienne. Pendant ce temps-là, à Caimanes, loin des affaires politiques, les mobilisations se poursuivent prenant l’allure de manifestations spontanées quotidiennes pour exiger l’accomplissement de la sentence. Et bientôt, ce sont les vallées voisines qui s’enflamment et bloquent toutes les routes d’accès de cette même entreprise qui a usurpé les eaux des rivières en amont pour son exploitation minière.

C’est ainsi qu’après des années de silence médiatique, en quelques semaines, le village de Caimanes occupe brusquement l’attention de l’ensemble des médias chiliens. La résolution tant attendue est tombée le matin du 9 mars 2015 : le Tribunal de la commune de Los Vilos refuse le plan d’œuvre présenté par Minera Los Pelambres qui seul aurait pu empêcher l’ordre de démolition du réservoir de déchets. Le plan de restauration du cours naturel des eaux présenté par Minera Los Perlambres est jugé insuffisant, principalement parce qu’il ne prend pas en considération les eaux souterraines qui circulaient autrefois sous le réservoir et ont été bloquées par sa construction. Des eaux souterraines vitales dans un environnement où les pluies et écoulements superficiels sont devenus quasi inexistants. Dès lors, la sentence du tribunal exige la démolition du réservoir qui contient plus de 2 milliards de tonnes de déchets miniers.

Après une sentence sans précédent au Chili, qui exige le retour de la nature à son état initial avant toute intervention humaine et sans aucune compensation artificielle, la compagnie a communiqué son intention de faire appel face au refus de son plan d’œuvre. Minera Los Pelambres signale que la démolition du réservoir de déchets mettrait en danger les populations et l’environnement. Pelambres ajoute que pour ce faire elle se verrait dans l’obligation de mettre fin à son exploitation minière dans le Choapa et que l’application de la sentence serait un précédent menaçant l’avenir de l’ensemble des projets miniers au Chili.

Au Chili, pratiquement personne ne remet en question le choix de l’extractivisme comme support du « développement ». Pourtant, à Caimanes aujourd’hui les voix s’élèvent pour dénoncer que l’imposition d’un projet minier ne leur a apporté que pauvreté, destruction des cours d’eau, divisions sociales.

A suivre…

Pour rappel
>> Victoire pour les défenseurs de Caimanes au Chili
>> Alerte internationale : contamination de l’eau à Caimanes au Chili