Un jour, les capitalistes nous vendront l’air que nous respirons et l’eau que nous buvons, au détriment de la planète et de notre santé… Une tribune de Philippe Rio, Maire de Grigny et Président de la régie de l’eau de Grand Paris Sud, publiée dans l’Humanité. Lire aussi la lettre de Philippe Rio aux membres du Syndicat mixte Eau du Sud Francilien et aux élu.e.s des collectivités concernées.
Un jour, les capitalistes nous vendront l’air que nous respirons et l’eau que nous buvons, au détriment de la planète et de notre santé. En Inde, déjà, face aux violents épisodes de pollution, des bars proposent des séances de « shoots d’oxygène » de quinze minutes pour 4 à 6 euros. Et, dans notre pays, scandale à l’Élysée et dans les plus hautes sphères de l’État !
Des journalistes du Monde et de Radio France accusent nos gouvernants d’avoir cédé au lobbying de Nestlé Waters en laissant le groupe suisse commercialiser une eau en bouteilles que nos gouvernants savaient « non seulement non conforme à la réglementation, mais aussi à risque pour la santé ».
Mais les grands groupes ont aussi le don de nous vendre ce qui ne leur appartient pas… Dans le Sud francilien, une filiale de Suez exploite la production d’eau qui dessert 1,4 million d’habitants depuis les années 1960. Elle dégage ainsi un « cash-flow » de 33 millions d’euros par an pris dans la poche des usagers au profit de Suez et de ses actionnaires Meridiam-GIP-Caisse des dépôts ! Les communautés d’agglomération Cœur d’Essonne, Grand Paris Sud Seine-Essonne-Sénart, Val d’Yerres Val de Seine et l’établissement public territorial Grand-Orly Seine Bièvre se sont ainsi constitués en un syndicat mixte, Eau du Sud francilien, pour racheter la production d’eau à Suez.
Sauf que le géant français, malgré nos multiples relances, est dans l’incapacité de nous fournir les preuves de propriété détaillées des usines, ouvrages et canalisations qui permettent la production d’eau. On devrait donc acheter un bien sans savoir ce que nous achetons et ce à un prix qui endetterait nos collectivités pour près de quarante ans.
Mais, patatras… C’était sans compter sur l’engagement et le travail de militants d’Attac. Leur travail de fouille aux archives départementales de l’Essonne a permis de déterrer un arrêté préfectoral de 1967 qui indique clairement que l’usine de Morsang-sur-Seine est « d’utilité publique ». L’arrêté précise même que le prix de l’eau « sera égal au prix de revient et soumis à l’approbation du préfet ». Suez veut ainsi nous vendre un bien public ! Se dessine ainsi peu à peu, à grands traits, un scandale dans le scandale.
C’est comme si le propriétaire devait racheter son bien à un squatteur multimillionnaire ! Après que la ville de Grigny a saisi l’Autorité de la concurrence pour abus de position dominante, une expertise pour biens de retour doit faire son chemin pour constater la propriété publique. Tromperie, mensonges, construction de fausses certitudes et tour de magie pour s’approprier un bien public, le capitalisme glouton est sans limites pour avaler les ressources de la planète et notre porte-monnaie.
C’est la facture d’eau des usagers qui a payé toutes ces installations…
Mais les communes où sont situées les installations n’ont pas accès aux actes de propriétés
Et le cadastre non plus
qui a payé ttes ces installations