Depuis le 3 août, l’Indien Swami Sivanand a entamé une Tapasya, une grève de la faim jusqu’à la mort, pour protester contre la mauvaise gestion des eaux du fleuve Gange par le gouvernement indien et l’Autorité Nationale du Bassin du Gange.
Rajendra Singh, l’homme de l’eau en Inde, soutient le mouvement pour la préservation du Gange.
Connu pour être l’un des fleuves les plus vénérés au monde par sa population, le Gange abreuve jusqu’à 40 % de l’Inde, soit 450 millions de personnes. Déjà sujet à l’une des pollutions fluviales les plus importantes, le Gange est aussi victime des promesses politiques creuses concernant sa préservation. Il est également estimé en Inde que la bonne santé du fleuve reflète la bonne gestion du pays et le succès de son indépendance, acquise en 1947. Face aux nombreuses requêtes de la population et de la société civile, l’Autorité Nationale du Bassin du Gange, organisme national créé pour la gestion du fleuve, avait en premier lieu promis en 2009 de détruire trois barrages (Bhairon Ghati, Lohari Nagpala et Pala Maneri) sur la rivière Bhagirathi, l’un des deux affluents à l’origine du Gange, afin d’assurer un écoulement libre et pur des eaux, ceci permettant par ailleurs également de protéger les écosystèmes placés en aval. Cette avancée avait notamment été permise par une première grève de la faim menée en 2009 par le professeur G. D. Agrawal, ingénieur et responsable d’un organisme environnemental national. .
Quatre projets de construction de barrages sont pourtant toujours en cours, autorisés par la Cour Suprême de l’Inde, en dépit de la décision prise en 2009 sur la base des impératifs écologiques de conservation et de protection du fleuve (éviter les eaux stagnantes et polluées et promouvoir une circulation libre des eaux selon les principes aviral (écoulement libre) et nirmal (pur)). En réponse à ce revirement institutionnel, le professeur G. D. Agrawal (Swami Gyan Swaroop Sanand ji) a entamé sa Tapasya le 22 juin 2018 et a péri le 11 octobre 2018, après 111 jours de jeûne. Ses revendications formulées en 2018 portaient sur la suspension des projets de barrage sur le fleuve et ses affluents, au travers d’une nouvelle loi pour la gestion et la conservation des eaux du Gange – le professeur G. D. Agarwal recommandait en outre la constitution d’un conseil de personnes chargées de mettre en oeuvre spécifiquement cette loi de gestion du fleuve.
Le 24 octobre 2018, en l’absence de réaction de la part du gouvernement indien suite à la Tapasya du professeur G. D. Agrawal, Brahmachari Aatmbodhanand a également entamé une Tapasya pour reprendre son combat et ses revendications. Au bout de 6 mois de jeûne, le Premier Ministre Narendra Modi a décidé de lancer une instruction pour répondre à ces attentes.
Au 1er août 2020, aucune des promesses formulées n’a pourtant été mise en oeuvre.
Swami Sivanand a décidé d’entamer à son tour sa Tapasya le 3 août 2020 sur les traces du professeur G. D. Agarwal et de Brahmachari Aatmbodhanand afin d’appeler le gouvernement indien à honorer ses engagements.
108 autres personnes à travers le monde ont décidé de jeûner en soutien au combat de Swami Sivanand et forment ainsi une communauté internationale soudée. Il est essentiel que les autorités indiennes cessent d’ignorer les sacrifices engagés pour la protection du fleuve et qu’elles s’engagent à assurer leurs promesses politiques.
La communauté internationale peut également se mobiliser de plusieurs façons : jeûner durant une journée en soutien, diffuser l’information ou provoquer des discussions sur le sujet autour de soi, ou proposer toute autre action de soutien.