Eau de Paris passe l’examen de la Chambre régionale des comptes

Le Journal de l’environnement -Stéphanie Senet. S’il a rencontré quelques difficultés au démarrage, le retour en régie de la gestion de l’eau dans la capitale s’avère globalement positif, selon un rapport publié le 21 octobre par la Chambre régionale des comptes d’Île-de-France. Les magistrats mettent toutefois l’entreprise publique en garde contre la baisse régulière des recettes.  

C’est pour 3 raisons que la ville de Paris a décidé de «remunicipaliser» la production d’eau potable en mai 2009 et sa distribution en janvier 2010: meilleure maîtrise du service, prise en compte de préoccupations environnementales et baisse des coûts.

UNE TRANSITION DIFFICILE

Pour assurer ce retour en régie, Eau de Paris a rapidement dû créer un nouveau système d’information, unifier les modes d’exploitation, recruter des personnels qualifiés… Selon la Chambre régional des comptes d’Île-de-France (CRC), la municipalisation du service s’est avérée plus difficile que prévu, occasionnant des retards, en 2012, dans le paiement des factures des fournisseurs (40 M€ début 2012) et des intérêts moratoires de 2,1 M€ de 2011 à 2013.

Mais les problèmes ont été surmontés. «La régie est aujourd’hui en voie de stabilisation», écrivent les magistrats. «En juin 2014, le délai de paiement des factures s’est réduit à 24 jours», complète Eau de Paris.

UN SERVICE DE QUALITÉ

Côté qualité, les indicateurs sont au vert. Le taux de rendement est supérieur à 92%, et le taux moyen de conformité microbiologique (en hausse) et physicochimique (stable) dépasse 99%. La CRC rappelle qu’Eau de Paris poursuit ses efforts, en multipliant les actions de protection de la ressource (aires de captage des eaux souterraines et eaux de surface). «Au total, 137 agriculteurs sont aujourd’hui accompagnés dans le cadre de mesures agri-environnementales pour réduire la quantité d’intrants chimiques autour de la Voulzie (Seine-et-Marne), de la Vigne (Eure-et-Loir) voire pour produire 100% bio dans la vallée de la Vanne (Yonne)», précise au JDLE Célia Blauel, présidente d’Eau de Paris

DES INVESTISSEMENTS À CONFIRMER

Les magistrats critiquent en revanche la politique d’investissements de la régie. Eau de Paris peine, en effet, à faire réaliser les travaux qu’elle a programmés. En 2010, le taux de réalisation du budget d’investissement a péniblement atteint les 64% en 2010, pour chuter à 50% en 2011. Ces deux dernières années, des progrès notables ont été observés : les taux d’exécution ayant atteint 82%, en 2012, et 75%, en 2013. On reste toutefois en deçà de l’objectif fixé par le contrat d’objectifs 2010-2014 passé avec la ville, qui fixe un taux minimum de 80%.

DÉVELOPPER LE RÉSEAU NON POTABLE

Paris est l’une des rares villes au monde à disposer d’un réseau d’eau non potable, dont l’exploitation est confiée à Eau de Paris. Utilisé par les services municipaux pour arroser les parcs ou nettoyer la voierie, ce réseau a été délaissé pendant de nombreuses années. Son avenir est incertain. Sa rénovation nécessite un investissement de 15M€. A quoi s’ajoutent 3 M€ par an d’entretien et de maintenance. Important, surtout si l’on garde en tête qu’il fournit moins de 5% des recettes totales de la régie. Pour le rénover, Eau de Paris devra nécessairement augmenter le prix de l’eau et sans doute emprunter, estime la CRC. «Notre programme d’actions sera dévoilé avant la fin de l’année dans le cadre du nouveau contrat d’objectifs 2015-2020 signé avec la ville. Nous travaillons notamment à étendre le recours à l’eau non potable qui concerne aujourd’hui l’arrosage de la moitié des espaces verts de la ville, ainsi que le nettoyage des rues», se défend Célia Blauel, également adjointe à la maire de Paris, chargée du développement durable, de l’environnement et de l’eau. Eau de Paris exclut par ailleurs toute hausse des tarifs ou tout recours à l’emprunt.

DE NOUVELLES RECETTES?

Si les comptes d’Eau de Paris s’avèrent aujourd’hui excédentaires, la Chambre régionale met en garde l’entreprise publique contre la baisse régulière de ses recettes. La conséquence logique de la réduction de 8% des tarifs, décidée en 2011, et de la consommation décroissante des Parisiens.«Tous les opérateurs font face à cet effet ciseau, plutôt positif compte tenu du besoin d’économiser la ressource. A Paris, on consomme environ 120 litres d’eau potable par personne et par jour contre 150l à l’échelle nationale. Un résultat dû à la prise de conscience croissante de respecter la ressource et aux nouveaux équipements moins gourmands en eau. Mais contrairement à la Chambre régionale des comptes, nous imaginons d’autres projections du modèle économique. Nous allons développer de nouvelles recettes par les ventes d’eau ou par de nouveaux projets comme la géothermie à la ZAC des Batignolles», affirme l’élue EELV, qui refuse de faire supporter cette charge par les Parisiens. A Paris, le prix de l’eau reste encore largement inférieur à la moyenne de l’Hexagone: environ 3,16 €/m3 contre 4,15 €/m3 (assainissement compris).

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