Femmes de Figuig : Résilience et détermination

Pour le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous publions les propos de Karima Dabshi, militante et membre de la coordination locale de plaidoyer pour l’oasis de Figuig, tenus lors d’une rencontre publique à Rabat le 22 février et rapportés par Imane Bellamine.
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Il est 16h30 au Club des avocats, situé dans le quartier Océan à Rabat. La salle est presque pleine, avec la présence de femmes vêtues de leur hayk de Figuig, toutes venues assister à cette conférence de presse, et présenter leurs revendications. Des journalistes et des militants des droits de l’homme sont également présents en solidarité avec cette population. Cette rencontre est organisée par la Coordination locale pour la plaidoirie en faveur des questions de Figuig, le “Groupe de suivi à Rabat”, ainsi que la Coalition marocaine des organisations des droits des humains.

Hirak Figuig: Une solidarité oasienne

« Les femmes scandaient des slogans et des symboles de résistance : « Liberté, dignité, justice territoriale ».

Avant le début de la conférence et durant les interventions, les femmes scandaient des slogans et des symboles de résistance : «Liberté, dignité, et justice territoriale », « Si vous ressentez la défaite, laissez parler le peuple», « Figuig, oasis, vendue aux marchands », et « MOVO ne craignez rien, nous poursuivrons la lutte ». Movo est le surnom de Brahmi, détenu du mouvement social de l’est du Maroc.

L’engagement des femmes de Figuig

Karima Dabshi, militante et membre de la coordination locale de plaidoyer pour Figuig a déclaré que «la présence des femmes de Figuig à Rabat est l’expression de leur inquiétude face à la situation qui n’a cessé de se détériorer depuis plus de trois mois ».

Et d’ajouter : « Le fait qu’elles  soient vêtues de leur tenue traditionnelle souligne leur profond attachement à leur identité, à leurs pratiques culturelles et  à leurs valeurs traditionnelles, tout en exprimant leur désaccord avec les décisions prises ».

«Les femmes locales se sont engagées dans une lutte et une résistance de longue date, demeurant fidèles à leurs rôles traditionnels, souvent liés à des activités agricoles. En tant que femmes, nous constituons le plus gros contingent d’utilisatrices d’eau dans la région et à l’échelle mondiale, à tel point que les organisations internationales comptent sur nous pour adopter une consommation rationnelle et des approches plus pragmatiques. Cela met en évidence le fait que toute tentative visant à faire taire les femmes ne fera que renforcer leur détermination et leur résilience », affirme-t-elle.

Karima Dabshi a également souligné que la région est confrontée à plusieurs problèmes, car il est évident que celle-ci ait été impactée par l’émigration, les familles ne souhaitant plus s’y installer en raison des difficultés et des obstacles au développement, auxquels est confrontée la région. Elle a noté que le ciblage de la région par les projets des entreprises régionales marque le début d’un déplacement forcé de sa population, dont les femmes représentent 60% de la population totale.

«Nous poursuivons notre combat et réaffirmons notre refus de la privatisation de l’eau »conclut-t-elle.

Pour sa part Samira Mizbar a expliqué que si on enlevait l’eau, il n’y aurait plus d’oasis et les gens partiraient : « Si on avait plus d’habitants dans cet espace, le désert pourrait avancer, et vous devez connaitre le contexte actuel de sécheresse qui par conséquent deviendra une sécheresse structurelle. Si toutefois nous ne prenons pas en considération l’ingéniosité de ces paysages et les oasiens, qui ont développé des méthodes de gestion de l’espace et des ressources pendant de très longues années ; il ne faudrait surtout  pas s’attendre à ce que l’ingénierie moderne règle les problèmes », a-t-elle expliqué.

Et d’alerter en guise de conclusion : « on va se retrouver en face d’un espace vide, car la population va certainement migrer vers un ailleurs plus prometteur».

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