A l’occasion du One Water Summit, qui se tient le 3 décembre 2024, en marge de la conférence des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, à Riyad, en Arabie Saoudite, Oxfam France alerte sur le manque de moyens alloués à la gestion de l’eau à l’échelle mondiale et demande à Emmanuel Macron d’enclencher une dynamique pour la régulation des multinationales extractrices d’eau.
Dans son rapport publié en mars 2024, Oxfam France dénonçait déjà l’accaparement des ressources en eau par les multinationales. Les secteurs agroalimentaires et de l’industrie utilisent des techniques d’accaparement systémique, puisant sans relâche et polluant les ressources précieuses en eau, au détriment des populations locales. Alors qu’une personne sur trois dans le monde n’a pas accès à une eau potable salubre et abordable, les géants de l’agroalimentaire et de l’industrie tirent profit de l’exploitation de cette ressource. Au niveau mondial, seulement un quart des plus grandes entreprises agroalimentaires déclarent réduire leur consommation et leur pollution de l’eau.
Le One Water Summit devrait être l’occasion d’aborder la question cruciale de l’empreinte hydrique des entreprises privées. Or, à ce jour, les États ferment les yeux sur ces abus, et de ce fait en deviennent complices. Aujourd’hui, peu de réglementations internationales encadrent l’activité des multinationales pour protéger ce bien commun. Face à ce manquement, Oxfam France a lancé une pétition ayant recueilli près de 21 000 signatures, appelant Emmanuel Macron, co-organisateur de l’évènement, à initier un mouvement international sur la régulation de ces grandes entreprises de l’eau.
Le sommet autour de la préservation de la ressource en eau doit aussi prendre en compte les enjeux humanitaires de très court terme. En effet, en 2023, les crises humanitaires touchaient 173 millions de personnes pour qui l’accès à l’eau est encore plus vital. Pourtant les financements à destination du secteur de l’eau en contexte humanitaire demeurent très largement insuffisants. Moins de 40% des financements nécessaires ont été reçus en 2023. Une situation inacceptable à une époque où la privation de l’eau est par exemple utilisée comme une arme de guerre à Gaza.
L’accès à l’eau est un droit humain fondamental reconnu par les Nations unies. Malgré cela, la problématique reste peu traitée et peu financée au sein de la communauté internationale. Les pays riches, en premier lieu la France, continuent de réduire l’aide publique au développement, freinant ainsi les avancées nécessaires pour garantir un accès universel à l’eau et à l’assainissement. A ce titre, le One Water Summit doit permettre une réflexion approfondie sur la gestion mondiale de l’eau et répondre aux besoins financiers colossaux des pays du Sud global pour améliorer la gestion et l’accès à l’eau pour toutes et tous.
Le changement climatique contribue drastiquement à la raréfaction de la ressource en eau. Pourtant, lors de la COP29, les États ne se sont engagés à mobiliser que 300 milliards de dollars par an pour aider les pays du Sud global à faire face au réchauffement climatique, ce qui est une catastrophe pour ces États particulièrement vulnérables.
Enfin, le One Water Summit doit s’inscrire dans le processus de réflexion instauré par l’ONU avec les sommets autour de l’eau afin qu’il soit suivi d’effets et que les engagements soient réellement mis en œuvre.