Nous sommes des organisations et des communautés qui voyons depuis des années se réduire nos rivières, mourir nos cultures, nos enfants tomber malades, nos eaux être polluées; cela fait des années que nous modifions nos cultures pour les adapter au manque d’eau, mais nos efforts n’ont pas amélioré la situation et tout est chaque jour de plus en plus dramatique.
Nous sommes donc partis à la recherche d’eau et nous avons rencontré d’autres organisations qui dénoncent, depuis plus ou moins longtemps, la même réalité auprès d’autorités sourdes et de médias complaisants, Nous avons ainsi découvert qu’il y a de l’eau au Chili, mais que la muraille qui la sépare de nous s’appelle profit et qu’elle se construit avec le Code des Eaux, la Constitution, les accords internationaux comme le Traité binational minier, mais principalement avec l’imposition d’une culture qui considère normal que l’eau qui tombe du ciel ait des propriétaires. >>lire la suite de la déclaration final de la marche pour l’eau ICI
MANIFESTATION EN FRANCE
L’Assemblée citoyenne Chili-France, le Mouvement Igualdad, ALDHEA, Terre et Liberté pour Arauco, la Coordination Eau Île-de-France et France Amérique Latine, entre autres, appellent à une manifestation lundi 22 avril à 19h00 devant le siège social de Suez Environnement (16, place de l’Iris, Courbevoie, métro La Défense) en solidarité et soutien à « La Marcha Nacional por el Agua y por La Vida » qui se déroule en ce moment au Chili. L’arrivée prévue de cette marche à la capitale, Santiago du Chili, est le 22 avril 2013, à 12h00.
CHILI, LE MODELE DE GESTION TOTALE DE L’EAU PAR LE MARCHÉ
Le code de l’eau, imposé par Pinochet en 1981 et maintenu par les gouvernements post dictature, est aujourd’hui la cause d’un nombre important de graves conflits socio-environnementaux dans ce pays. Le modèle chilien ultralibéral de gestion de l’eau applique le principe que l’eau est un « bien économique » et que sa propriété doit revenir au privé. Il n’existe pas de modèle plus extrême que celui-ci en termes d’absence de l’Etat et en matière de gestion et de propriété des eaux.
34 ans après le début de l’expérience néolibérale chilienne, les résultats sont inquiétants. L’accaparement de l’eau par les acteurs économique a généré une détérioration croissante des écosystèmes, une diminution de la qualité et de la disponibilité de l’eau dans la nature et l’accroissement des inégalités hydriques.
Nous dénonçons ce modèle injuste installé par la force dans un pays où le peuple avait les pieds et les mains liées par la dictature.
UN NOUVEAU CODE DE L’EAU EST URGENT !!
L’EAU EST UN DROIT HUMAIN FONDAMENTAL PAS UNE MARCHANDISE !
SUEZ AU PAYS DE LA « SOCIÉTÉ DE MARCHÉ »
Le code de l’eau de Pinochet est une vraie aubaine pour les multinationales de l’eau. Il a permis la privatisation de presque 100% de l’eau de domicile de tout le pays en seulement 10 ans, à l’exception de l’eau potable rurale (pas assez rentable) et l’eau de la commune de Maipu ( 900 mille habitants), seule grande commune chilienne à gérer l’eau en régie publique.
C’est ainsi que Suez Environnement, à travers sa filiale Aguas Andinas, n’est pas seulement chargée de gérer l’eau et l’assainissement de la capitale, Santiago (environ 5 millions de « clients »), elle est aussi propriétaire à vie de l’eau.
Son activité est largement rentable (de l’ordre de 20 % par an), mais pour les chiliens le bilan de sa gestion montre les limites de la multinationale lorsqu’il faut s’occuper d’un bien commun. A la place de réinvestir les bénéfices dans le long terme, le renouvellement des canalisations, l’amélioration du système de potabilisation et d’assainissement, l’accès à l’eau des plus démunis… la filiale doit rémunérer, grassement de préférence, les investisseurs et les actionnaires étrangers. Les mêmes qui surveillent les fluctuations de la bourse à la seconde près.
SUEZ ENVIRONNEMENT EST RESPONSABLE DE :
Nombreuses coupures intempestives d’eau qui ont eu lieu dans la capitale cette année. Elles ont duré de 2 à 3 jours obligeant l’autorité sanitaire à faire fermer tous les restaurants de plusieurs communes de la Région Métropolitaine.
Autrement, des milliers de personnes ont été affectées par des inondations causées par la rupture de vieilles canalisations. A cela s’ajoute un système de facturation qui pénalise les plus démunis qui sont soumis à des coupures nettes s’ils ne payent pas et à des pénalisations pour la reconnexion. Le « prix » de l’eau a toujours augmenté et l’entreprise ne prend pas en charge le droit humain à l’eau.
En lien avec la propriété de l’eau, une affaire judiciaire tache encore une fois l’image de Suez au Chili à cause d’une décision de justice qui oblige la multinationale à rendre public un accord secret passé avec une entreprise de production d’électricité. Il visait à permettre à cette dernière d’utiliser l’eau de la rivière dont est « propriétaire » la multinationale française pour faire tourner des turbines hydroélectriques. Le projet capterait l’eau en amont de la rivière et la remettrait plusieurs kilomètres en aval du bassin versant, affectant l’écosystème et par conséquent l’économie locale.
Pour couronner la liste d’incompétences de Suez au Pays de la « société de marché », la pire centrale de traitement des eaux usées qu’une ville puisse imaginer, la Centrale d’Assainissement La Farfana. Dès sa mise en fonctionnement, les débordements des piscines de stockage ont inondé d’excréments les habitations voisines. Depuis, la multinationale est confrontée à l’indignation des voisins et des mouvements sociaux qui exigent des solutions contre la proximité de la centrale des habitations, l’odeur pestilentielle et le passage de nombreux camions en zone urbaine pour retirer les boues non traitées qui seront stockées ailleurs. La problématique de l’assainissement à Santiago est loin d’être résolue et le modèle de gestion privée se montre impuissant devant les enjeux.
Résumer l’eau à sa seule dimension économique c’est ignorer la complexité du maintien de la qualité globale et du droit d’accès pour tous à la source.
C’est nous condamner à mort !
En coordination avec les mouvements sociaux chiliens, nous invitons les militants pour l’eau en France à se joindre à une grande manifestation lundi 22 avril à 19h00 à la Défense en face du siège de Suez.
Nous dirons à Suez Environnement que nous sommes contre ses agissements au Chili et ailleurs, que nous voulons une réponse claire pour comprendre sa participation aux injustices hydriques dont elle responsable ; que nous demandons l’indemnisation de 6 millions de chilien(ne)s qui ont souffert des coupures sans préavis pendant plusieurs jours, que nous exigeons de la multinationale la réalisation des travaux de renouvellement de canalisations et d’amélioration de l’assainissement. Finalement, nous demandons toutes les informations concernant les événements signalés dans ce document.
Dirigeants de Suez Environnement
Le Chili se dirige vers un changement de société profond,
l’eau sera au cœur de sa refondation.