Pour honorer ses engagements en vue des Jeux olympiques de 2024, la Ville de Paris va assainir le fleuve. Voici les détails de l’opération. Le but est que tout le monde puisse y nager.
Anne Hidalgo enfilera-t-elle le maillot de bain à la place de Jacques Chirac ? Près de trente ans après la promesse de l’ancien maire de Paris de se baigner dans la Seine (c’était en 1988), l’actuelle première magistrate avait annoncé son intention d’ouvrir le fleuve à la baignade de tous les Parisiens… si la capitale obtenait l’organisation des Jeux olympiques en 2024. Maintenant que c’est fait, il n’y a plus le choix! -Le Parisien du 7 août 2017.
Au pied de la tour Eiffel, la baignade est interdite depuis 1923.
Pour autoriser la baignade aux athlètes qui participeront aux épreuves de 10 km nage libre et au triathlon lors des JO, et aux Parisiens qui n’en ont plus le droit depuis 1923, il va falloir vraiment assainir le fleuve. Au-delà du chiffrage de cette opération Seine propre — qui se compte en centaines de millions d’euros —, le délai est-il tenable ? Célia Blauel, adjointe à la maire de Paris chargée du développement durable, et de l’eau en particulier, reconnaît que le challenge est grand. « Il va falloir donner un sacré coup d’accélérateur. Mais je suis super optimiste. La qualité de la Seine est bien meilleure qu’il y a vingt ans. La preuve : on y trouve aujourd’hui 35 espèces de poissons, contre 2 seulement dans les années 1970. »
Mais, actuellement, tout le monde s’accorde pour dire qu’on n’y ferait pas trempette ! Comment améliorer les choses ? Un plan d’action a été mis en place en 2016 par le comité Seine. Réunissant différents acteurs (l’Agence de l’eau, les départements, le Siaap, qui traite les eaux usées…) autour de la Ville et de la préfecture de région, il a identifié quatre chantiers, dont deux représentent « 80 % du problème », selon l’Hôtel de Ville : le traitement assuré par deux stations d’épuration en amont de la Seine, et les égouts saturés.
Pour le premier, « nous allons équiper les stations d’épuration de Valenton, dans le Val-de-Marne, et de Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, de filtres ultraviolets qui éliminent les bactéries entérocoques et E. coli, ce qui n’était pas fait jusqu’à présent, annonce Célia Blauel. Cette solution existe et son efficacité est prouvée. » Pour ce qui est des égouts, la Ville mise sur la création de déversoirs d’orages, des bassins de stockage des eaux en sous-sols, qui permettent d’éviter les débordements en cas de fortes pluies.
Troisième axe de travail : les péniches. Selon l’Hôtel de Ville, 1 000 « immeubles flottants », sans compter les péniches de loisirs, sont recensés tout au long de la Seine. Or ces habitations déversent leurs eaux usées directement dans le fleuve.
Dernière piste, celle des eaux usées… « Il faut accélérer les diagnostics chez les particuliers, et leur accorder des aides d’État pour réaliser les travaux », poursuit Célia Blauel. Si tous ces chantiers sont menés à bien, on pourra alors faire un grand plongeon dans la Seine, en toute sécurité !
Par Charlotte Robinet