André Santini, président du Syndicat des eaux d’Ile-de-France, le Sedif, rêve de relier entre elles toutes les usines de production d’eau potable en Ile-de-France. La mairie de Paris n’en voit pas l’intérêt. Les usagers non plus! Un article d’Elsa Dicharry dans Les Échos.
Un « Grand Paris de l’eau » pourrait-il voir le jour dans les années à venir, à l’image de ce qui a été réalisé dans les transports ? André Santini, le président du Sedif , le Syndicat des eaux d’Ile-de-France – qui gère le contrat de production et de distribution de 4,4 millions de Franciliens -, veut y croire… et n’hésite pas à mettre la pression sur ses partenaires.
Ce mardi, le maire d’Issy-les-Moulineaux a annoncé le lancement d’une concertation entre les principaux réseaux franciliens (Sedif, Eau de Paris, le Syndicat des eaux de la presqu’île de Gennevilliers et le Syndicat mixte pour la gestion des eaux de Versailles et Saint-Cloud) dont il espère bien qu’elle fera avancer le dossier. Les discussions – qui pourraient par la suite être élargies à l’ensemble de la grande couronne – se baseront, a-t-il précisé, sur un diagnostic commun, grâce à la réalisation, début 2018, d’une étude sur l’état du réseau francilien.
« Relier toutes les usines de production »
L’idée du Sedif est de « relier entre elles toutes les usines de production d’eau potable en Ile-de-France, en ne construisant que les chaînons manquants », a fait valoir son président. Et d’ajouter que « la création d’un ring de l’eau autour du Grand Paris serait une façon de sortir de la guerre picrocholine engagée entre le Sedif et Eau de Paris ». L’investissement nécessaire est évalué à « plusieurs centaines de millions, peut-être 500 millions d’euros », même s’il est encore trop tôt pour donner un chiffrage précis.
Interrogée par « Les Échos », l’adjointe à la maire de Paris à l’environnement, Célia Blauel, n’a pas caché sa surprise : « Nous sommes dans une démarche de collaboration avec le Sedif, mais pour travailler sur la gestion de crise, pas pour créer un ring de l’eau, dont je ne vois ni le sens technique ni le sens financier ! Nous avons des services de l’eau aujourd’hui qui fonctionnent très bien et […] tous les Franciliens ont de l’eau qui coule à leur robinet ! La problématique n’est pas du tout la même que dans les transports », explique-t-elle, soulignant qu’il existe déjà des possibilités d’échange d’eau entre Paris et les villes voisines.
Se préparer à des crises
La crue de la Seine, survenue en 2016, a cependant mis en lumière la nécessité de se préparer à des crises majeures en termes de production et d’approvisionnement d’eau potable (même si l’an dernier le pire a été évité). Et là-dessus, tout le monde est d’accord, une approche commune est nécessaire. Car, comme le note le Sedif, ce type d’évènements est amené à se multiplier du fait du phénomène de réchauffement climatique.
Autre sujet potentiellement délicat, le Sedif aimerait combiner son projet de Grand Paris de l’eau « avec le retour sous gouvernance publique des usines privées de production d’eau potable desservant aujourd’hui près de 3 millions d’habitants, essentiellement en grande couronne », a expliqué André Santini. Des usines appartenant à Suez et Veolia. Interrogés sur le sujet, les représentants de Veolia n’ont pas souhaité, à ce stade, faire de commentaires.
Ring de l’eau : un projet « inutile » pour la mairie de Paris
Mardi 17 octobre, la Syndicat des eaux d’Ile-de-France a présenté son projet de Ring de l’eau, pour une gestion mutualisée des ressources de la région. La mairie de Paris a déclaré être opposée à ce projet dont elle ne voit pas le sens ni l’utilité.