Rejets non maîtrisés de tritium

La CRIIRAD a compilé l’ensemble des résultats des mesures de tritium dans les eaux souterraines des centrales nucléaires disponibles. Il ressort de cet examen que toutes les centrales, sans exception, ont un jour ou l’autre, connu des incidents de rejet dans les eaux souterraines, les cours d’eau et/ou le sol.

En 2021, une fuite de tritium à la centrale nucléaire du Tricastin avait défrayé la chronique : une teneur record de 28 900 Bq/l (contre un « bruit de fond » de 1 à 2 Bq/l) était détectée dans les eaux souterraines. L’examen des données disponibles pour toute la France montre que ce cas n’est pas isolé : toutes les centrales électronucléaires ont été concernées par des rejets non maîtrisés, pourtant interdits.

En fonctionnement courant, une centrale nucléaire rejette des éléments radioactifs et chimiques par voie liquide dans un milieu récepteur (cours d’eau, milieu marin). Ces rejets ne doivent pas transiter par le sous-sol du terrain sur lequel les centrales sont construites, et dans lequel se trouvent généralement une ou plusieurs nappes d’eau souterraine : la réglementation l’interdit.

L’absence de contamination des eaux souterraines doit être vérifiée par l’exploitant par des analyses périodiques d’échantillons prélevés dans des piézomètres (puits de quelques centimètres de diamètre) implantés sur le site et dans ses environs. Le tritium est l’un des paramètres mesurés. Cet isotope de l’hydrogène est le principal radionucléide rejeté dans l’environnement par les centrales nucléaires.

La CRIIRAD a compilé l’ensemble des résultats des mesures de tritium dans les eaux souterraines des centrales nucléaires disponibles (1). Il ressort de cet examen que toutes les centrales, sans exception, ont un jour ou l’autre, connu des incidents de rejet dans les eaux souterraines, les cours d’eau et/ou le sol.

Le bruit de fond habituellement observé dans les nappes étant inférieur à 2 Bq/l, une teneur supérieure à 10 Bq/l indique sans ambiguïté la présence d’une contamination.

Sur la période 2015-2024, des valeurs dépassant 10 Bq/l ont été mesurées dans les eaux souterraines de 16 centrales sur 19 : plus de 1 000 Bq/l à Bugey, Gravelines et Tricastin ; plus de 100 Bq/l à Belleville, Blayais, Cruas, Dampierre, Flamanville, Penly ; plus de 10 Bq/l à Cattenom, Chinon, Chooz, Civaux, Fessenheim, Saint-Alban et Saint-Laurent-des-Eaux.

Illustration 1

Les 3 autres centrales (Golfech, Nogent-sur-Seine, Paluel), ont toutes connu plusieurs épisodes de pollution avant cette période… ou après : à Nogent-sur-Seine, une eau contenant plus de 1 000 Bq/l de tritium a été déversée à l’extérieur du local de la station de rejet en Seine, le 17 janvier 2025.

Dans aucune de ses centrales nucléaires EDF n’a été capable de maintenir en permanence les eaux souterraines à l’abri d’une contamination radiologique. Ces eaux ne sont pas isolées de celles situées en aval hydraulique de la centrale. En cas de rejets massifs, le milieu aquatique serait impacté à court terme.

Rédaction : Julien Syren •

Pour plus d’informations, accéder aux données détaillées de chaque centrale en France ↓

>> Données détaillées <<


(1) Sur https://mesure-radioactivite.fr/#/ depuis 2009 ; dans un rapport de l’IRSN de 2008 pour la période antérieure : urlr.me/EvSQkK 

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