L’annonce du choix de Veolia comme délégataire du SEDIF par le journal Les Echos, intervient au lendemain d’une émission télévisée sur la pollution de l’eau où la multinationale ne s’est pas montrée très convaincante sur ses compétences dans ce domaine. S’agit-il alors de rassurer les actionnaires dans la crainte d’une nouvelle chute en bourse du titre? L’entreprise a accumulé une dette de 19 milliards d’euros… En tout cas, c’est la première fois qu’un opérateur annonce plus d’un mois avant la décision officielle qui interviendra le 24 juin, qu’il a remporté le marché!
Ce n’est pas une surprise tant la collusion entre le SEDIF et Veolia est patente. Une anecdote en dit long: en juillet 2008, M. Santini, président du SEDIF écrit à toutes les communes sur papier à entête de Veolia! L’annonce prématurée va-t-elle encore fragiliser une procédure qui depuis le début se déroule dans la précipitation et l’opacité?
Le 11 décembre 2008, le vote sur le choix de principe entre régie publique et délégation, de service publique, tel que le veut la loi Sapin, a été escamoté. C’est d’ailleurs l’objet d’un recours de la Coordination Eau Île-de-France devant le tribunal administratif de Paris, dont le jugement devrait être rendu début juin.
Le cahier des charges a été adopté en avril 2009 dans des conditions rocambolesques (les délégués ont eu une semaine pour feuilleter le volumineux document au siège du SEDIF, sous la surveillance d’un membre du personnel). Depuis les délégués n’ont plus eu aucune information. Et aujourd’hui, ils apprennent le résultat dans la presse. Si j’étais élu, je crois que cela m’énerverai un peu! Il y a un problème démocratique aigu : le président et ses affidés du bureau concentrent un pouvoir exorbitant. Le comité syndical n’est qu’une chambre d’enregistrement!
Quel est le périmètre du SEDIF? Personne ne peut dire si le retrait de la communauté d’agglomération Est Ensemble, qui représente 9 communes et 400 000 habitants soit 10% du SEDIF, sera définitif. Mais d’ores et déjà, on voit que la gestion non consensuelle de M. Santini menace l’existence même du SEDIF.
L’UFC Que Choisir avait dénoncé des « surfacturations » de 85 à 90 millions d’euros sur un contrat annuel de 350 millions. Les audits officiels du SEDIF ont reconnu qu’il était possible de réaliser 40 à 45 millions d’euros d’économies chaque année. Ce sont des sommes énormes. La Coordination Eau Île-de-France exige le remboursement des sommes indûment perçues par Veolia, au minimum 200 millions d’euros pour les cinq dernières années. Elle exige une baisse conséquente du tarif de l’eau, de l’ordre de 30 à 40%, avec une première tranche gratuite et une tarification progressive. Elle appelle les usagers d’Île-de-France à se rassembler le 24 juin prochain devant le comité syndical à la maison de l’Amérique latine, 217 Bd St Germain à Paris, pour continuer à se faire entendre!
Jean-Claude Oliva
président de la Coordination Eau Île-de-France
Le 18 mai 2010