Coeur d’Essonne: les premiers pas de la régie publique

le 31 janvier 2017, le conseil d’administration de la nouvelle Régie publique d’eau potable de Cœur d’Essonne Agglomération s’est réuni avec à son ordre du jour le vote de son premier budget annuel. C’est en effet le 1er mai prochain que cette Régie publique prendra le relais des multinationales Suez et Veolia pour distribuer l’eau potable des 130.000 habitants et des entreprises des 10 communes de l’ex Agglo du Val d’Orge.

 

Les fichiers transmis par les multinationales ne permettent pas de différencier les habitants et les acteurs économiques

 

Le budget a été voté en fixant le montant total des recettes attendues  de la vente d’eau et des abonnements des usagers, mais en repoussant de quelques mois l’adoption de l’échelle de tarifs.  A ce jour, les fichiers des délégataires ne permettent pas d’identifier les ensembles d’habitats (HLM) de la catégorie des gros consommateurs industriels. Il n’est donc pas possible d’appliquer la même tarification à tous les particuliers. Il faudra pour cela attendre le recensement prévu en avril à l’occasion de la relève conjointe des compteurs prévue par les agents des délégataires et ceux de la nouvelle régie.

 

Un budget à la fois prudent, du fait du manque de données, et volontariste en matière de renouvellement des réseaux

 

Le conseil d’administration a adopté un budget prudent, fondé sur des prévisions de dépenses importantes pour tenir compte des graves lacunes qui entachent les informations fournies par les délégataires. Ces derniers seront restés dans la même lignée d’opacité de leur gestion depuis toutes ces décennies de mandataire jusqu’à la fin de leur contrat.

Exemples : l’incapacité (ou le refus) de Suez de fournir les données précises (pourtant obligatoires) sur l’état des réseaux ; c’est à dire leur « taux de rendement ».

– le refus de faire la lumière sur le coût réel de l’alimentation de l’eau en gros qui restera dans un premier temps produite et vendue par Suez à notre régie, en l’absence de solution alternative d’approvisionnement….,

– l’incertitude sur le montant de masse salariale des salariés dont les contrats seront repris par la régie,

Cette approche de budget vise à écarter tout risque de réajustement ultérieur à la hausse les tarifs, du fait d’un calcul initial  trop serré des charges prévisionnelles.

Sans attendre de connaître les points faibles de nos réseaux à la lumière de l’expérience, il est apparu opportun de prévoir au budget de la régie des crédits importants pour gros travaux ; à la fois pour améliorer le taux annuel de renouvellement préventif du réseau et des équipements, mais aussi pour faire face aux fuites sur canalisations et réseaux exigeant des réparations d’urgence.

 

Une économie immédiate apportée par la gestion publique supérieure à toutes les prévisions…

Malgré ce chiffrage large, le montant des dépenses réelles voté pour le premier budget de la régie, rapporté à celui des charges déclarées par les délégataires privés pour l’année 2015, est inférieur, en année pleine, de 25,6% à savoir 16,40 millions d’euros .

Rappelons que cette économie considérable, dès la première année, est obtenue uniquement sur la part « distribution » de l’eau potable, puisque la régie restera soumise au diktat de Suez, en position de monopole, et donc en mesure d’imposer son prix pour l’achat de l’eau en gros.

….Qui confirme, rétroactivement, l’ampleur du racket opéré sur le dos des valdorgiens depuis des décennies.

Ce premier budget prévisionnel confirme, au-delà même de ce que nous suspections, le montant du racket opéré depuis toutes ces décennies sur le dos des valdorgiens:

* Alors que dans leurs comptes annuels les délégataires affichaient, en 2015, un bénéfice  total sur les 10 communes de 875.000€, leur marge réelle était en fait de 4,2 millions d’euros, soit près de 5 fois plus !

* Sur la base de cette marge annuelle on voit que les valdorgiens ont eu à subir près de 85 millions d’euros de surfacturation pour les seules 20 dernières années d’exercice (en euros constants),

*Pour une famille de 4 personnes de Sainte-Geneviève-des-Bois, la commune (après Leuville) la plus lourdement facturée, c’est de l’ordre de 100 euros par an en moyenne, au-delà du coût réel du service, qui  ont été ponctionnés depuis des décennies.

Un premier progrès qui en appelle d’autres

 

Lorsqu’on se reporte deux ans en arrière, quand a été décidée la consultation des habitants au sujet du mode de gestion de l’eau potable de l’Agglomération du Val d’Orge, les dirigeants de celle-ci, nous affirmaient, sur la base d’une étude fort coûteuse du cabinet privé SP2000 que « les études menées semblent démontrer que le mode de gestion n’aura pas grande influence sur le prix de l’eau «  (sic).

Notre association expliquait alors que la capacité des multinationales, lors des négociations de renouvellement de contrats, de baisser leurs tarifs de plus de 30 centimes au mètre cube démontrait une surfacturation supérieure à ce montant.

La réalité confirme aujourd’hui le bien-fondé de nos analyses et la légitimité de notre action pour la gestion publique. Ce remarquable progrès, en matière de coût du service, est pour nous un gage d’exigence et de confiance :

* pour adopter dans les prochains mois une tarification plus juste socialement et plus incitative à une consommation raisonnée de l’eau potable,

* pour que la réappropriation publique de notre eau potable ne s’arrête pas à la distribution mais s’étende demain à la production.

 

Sainte Geneviève des Bois le 2 février 2017

Association pour une  gestion de l’eau potable des 21 communes

de la Communauté Coeur d’Essonne Agglomération