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La solidarité de l’eau n’est pas un délit

En avril 2013, Marc, employé depuis vingt ans à Veolia eau a été licencié pour son refus de couper l’eau aux plus démunis (lire ICI le rappel des faits). Marc passe en audience pour les Prud’hommes au Palais de Justice d’Avignon le 16 janvier à 14h. L’union locale CGT du pays d’Avignon et le Collectif de l’eau – usagers d’Avignon  ont lancé une pétition pour le soutenir.

Voir la pétition ICI

Vous pouvez la renvoyer, une fois signée, au Collectif de l’eau, 7 impasse des fleurs, 84 000 AVIGNON.

Le Collectif de l'eau soutient Marc

Plutôt que de couper l’eau, suite à des impayés, Marc négociait avec les familles en difficultés, récupérait des chèques et leur conseillait de voir Veolia pour apurer leurs dettes. Il faisait le travail qu’on peut attendre d’un agent du service public. Mais voilà, quand elle est concédée à Veolia, la distribution de l’eau n’est plus un service public, c’est un commerce!

N’en déplaise à Veolia, l’eau est un droit humain et pas une marchandise: d’ailleurs, la loi Brottes interdit dorénavant les coupures d’eau. Marc a joué le rôle d’un lanceur d’alerte, anticipant l’évolution de la loi, il doit donc être réintégré!

Est ensemble: un voeu pour 2014

Le  « groupe de réflexion » sur la gestion de l’eau mis en place par la Communauté d’agglomération Est Ensemble s’est réuni pour la première fois, jeudi 19 décembre, à 14h30, un horaire peu favorable à la participation citoyenne et associative. Plus étonnant, mis à part le Président de la CAEE et l’incontournable vice-président chargé de l’eau, les élus, en particulier ceux qui se sont prononcés en faveur de l’adhésion au SEDIF en 2010, n’étaient pas au rendez-vous non plus, ce qui donne rétrospectivement à leur vote  le sens d’un refus d’assumer la responsabilité politique de la gestion de l’eau. Les élus communautaires présents à la réunion appartenaient aux groupes qui se sont prononcés en faveur de la gestion publique (Ecologie et citoyenneté, une partie des communistes, gauche alternative).

L’essentiel de la réunion a été consacré à une longue présentation du nouvel audit (voir ici)

Anne Le Strat, adjointe au maire de Paris, chargée de l’eau, de l’assainissement et des canaux, et présidente d’Eau de Paris, a souligné qu’à Paris également, les études économiques réalisées avant le passage en régie ne montraient pas de différence sensible entre la régie et la DSP; mais dès la première année du retour en régie, c’est 40 millions d’euros qui ont été économisés! Et plus généralement, a-t-elle poursuivi, si les études constituaient une aide à la décision tout à fait indispensable, elles ne pouvaient se substituer à la décision politique des élus.

 Gérard Cosme, président de la CAEE, a indiqué que la gestion publique lui semblait possible mais que le choix technique était complexe… Et qu’il fallait que le groupe de travail s’intéresse maintenant à …autre chose! A savoir l’assainissement qui constitue une autre part importante de la facture. Les interrogations, réelles et partagées, autour des conséquences de la mise en place de la métropole dans les prochaines années, ont été une autre façon de botter en touche par rapport à la décision politique à prendre dès maintenant concernant la gestion de l’eau.

Concernant la question de la durée très réduite des amortissements (douze ans) pour des travaux de modification du réseau, touchant au patrimoine public, le bureau d’études a apporté deux réponses. Le remboursement des emprunts prévu sur douze ans serait calqué sur ce qui s’est fait à Paris avec le retour en régie: or à Paris, il n’y a pas eu besoin de modifier profondément le réseau pour retourner en régie, comme c’est le cas à Est Ensemble. Ensuite, les douze ans seraient une moyenne et, à la lecture du rapport intégral de l’étude, on s’apercevrait de différentes durées d’amortissements suivant les travaux à réaliser. Nous attendons donc maintenant la publication intégrale de l’étude réalisée que, ni les associations, ni les élus n’ont eu entre les mains jusqu’à présent.

A entendre le bureau d’études et les dirigeants de la CAEE, rien ne serait possible avant 2023 et la fin du contrat SEDIF Veolia. Une vision que nous réfutons formellement. De plus cette argumentation est en contradiction totale avec l’explication donnée au vote d’adhésion au SEDIF en 2010: selon la majorité socialiste, il s’agissait à l’époque d’un transfert provisoire au SEDIF, le temps de mener à bien les études: une tromperie manifeste!

Nous ne pouvons que souhaiter que la décision politique de la gestion publique soit prise en 2014. Et nous pouvons y contribuer en mettant cette question en débat dans chaque ville de l’agglo dans la préparation des municipales.

La Coordination Eau Île-de-France représentée au CA de la régie publique « Eau des lacs de l’Essonne »

La transformation juridique de la régie publique « eau des lacs de l’Essonne  » en une régie dotée d’autonomie financière et personnalité morale s’accompagne de la transformation de son conseil d’exploitation  en un conseil d’administration  de 18 membres parmi lesquels 8 représentants des usagers disposant d’une voix délibérative ( les 2 délégués des salariés de la régie y siègent quant à eux à titre consultatif ).
Dans un domaine où la place et la parole des usagers sont le plus souvent refusées, étouffées ou, au mieux, réduits à un rôle de figuration, cette décision mérite d’être saluée.

Parmi les représentants des usagers, nommés pour 6 ans, Pascal Grandjeat a été désigné au titre de la coordination Eau Île-de-France. La présence,  parmi les représentants associatifs, d’usagers des communautés d’agglomération  voisines d’Evry Centre-Essonne (passée en régie pour la distribution de l’eau au premier janvier 2013) et du Val d’Orge (dont les usagers revendiquent le retour en régie en 2015 et 2017), témoigne de la volonté des dirigeants de l’Agglo des Lacs de l’Essonne d’un partenariat renforcé entre communautés voisines, pour se donner ensemble les moyens d’une réappropriation publique de la production de l’eau, alors que la Lyonnaise des eaux en détenait le monopole depuis des décennies pour 80% de la population du département.

Lire la délibération adoptée par le Conseil d’agglo le 5 décembre 2013

Traverser l’Amérique à vélo, sans embouteillage!

Parcourir 15,000 kilomètres à vélo est déjà un exploit, le faire en utilisant l’eau du robinet en sera-t-il un aussi? La Coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eau, Eau Secours! est fière de s’associer à l’aventure de Geneviève Gervais et Jacques-Alexandre Lévesque qui traverseront l’Amérique du Nord à vélo, sans eau embouteillée.

Le départ est prévu le 8 janvier 2014 et vous pourrez suivre Geneviève et Jacques-Alexandre sur le blog : jagbicik.com, sur Facebook ou sur le site www.eausecours.org pour connaître l’itinéraire et les aventures de l’équipe.

L’eau embouteillée représente un marché de 15 milliards de dollars par année aux USA et un milliard de bouteilles d’eau se sont vendues au Québec en 2008. Les Américains sont les plus grands consommateurs d’eau embouteillée dans le monde. Quatre milliards de mètres cubes d’eau sont utilisés chaque année sur la planète pour les besoin de la population ce qui est supérieur aux capacités de renouvellement des réserves de la ressource. La population mondiale ne cessant d’augmenter, le problème ne fera qu’empirer et des pénuries d’eau sont à prévoir.

L’industrie de l’eau embouteillée a besoin de trois litres d’eau et d’un quart de litre de pétrole pour produire une bouteille de plastique d’un litre. Une seule bouteille sur neuf sera recyclée, les autres se retrouveront dans la nature participant à la pollution, particulièrement des océans, et empoisonnant plusieurs espèces animales qui entrent dans notre chaîne alimentaire. La collecte sélective au Québec traite 500 millions de bouteilles d’eau par année et ces bouteilles ne sont pas consignées. Les plastiques utilisés sont mutagènes et cancérigènes. Le transport participe à la hausse des GES.

L’eau des bouteilles est dans 25% des cas de l’eau du robinet déjà payée par nos taxes. L’eau de source est puisée dans le sous-sol québécois par des multinationales étrangères qui paient une redevance ridicule à la province pour nous revendre notre eau 2,000 à 6,000 fois plus cher que l’eau produite par les municipalités et elles font de l’argent comme de l’eau avec notre bien collectif!

L’eau des municipalités au Québec et au Canada est réglementée par des normes strictes et elle est d’excellente qualité. L’eau des bouteilles est sous la juridiction de l’agence canadienne d’inspection des aliments qui visitera les usines et testera l’eau environ une fois tous les six ans. Lors de ces visites l’agence a retiré 29 des 49 produits testés pour non-conformité aux normes. Deux études indépendantes ont testé le contenu des bouteilles d’eau et 40% des échantillons présentaient un nombre de bactéries supérieur à la normale. Si vous voulez faire attention à votre santé, buvez donc l’eau du robinet!

Geneviève et Jacques-Alexandre tenteront de ne pas acheter d’eau embouteillée en s’approvisionnant d’eau publique du robinet et, lorsque c’est impossible, en traitant l’eau des cours d’eau rencontrés. Nous levons nos verres d’eau du robinet à leur santé pour leur souhaiter un bon voyage!

 

Est Ensemble: assez tergiversé, la régie maintenant !

La Communauté d’agglomération Est Ensemble (CAEE) vient de publier les résultats d’un nouvel audit sur la gestion de l’eau. Plusieurs scénarios sont étudiés, d’un approvisionnement 100% SEDIF à un approvisionnement 100% Eau de Paris, en passant par des solutions intermédiaires. Les tarifs de l’eau (valeur 2024) pour les usagers se tiennent dans un mouchoir de poche (lire page 30): 14 centimes d’euros d’écart pour des prix compris entre 1,95 € et 2,07 €/m3. La prolongation des tarifs actuels du SEDIF) se situe dans la même fourchette. Un écart d’autant plus négligeable que l’incertitude sur les résultats est près de deux fois supérieure !

Beaucoup de temps (trois ans) et d’argent (des dizaines de milliers d’euros) ont été dépensés par la Communauté d’agglomération Est Ensemble (CAEE) pour en arriver à cette évidence : le tarif ne permet pas de trancher le choix entre régie publique et délégation au privé. C’est un choix politique qu’il faut faire en faveur de la gestion publique et qui n’a toujours pas été fait par la majorité socialiste d’Est Ensemble. Quelle est la volonté politique de la CAEE et de son président ?

On peut cependant constater un progrès notable : il y a trois ans, une étude grossière affirmait que la gestion publique était hors de prix. La nouvelle étude réalisée montre que la régie est un peu plus compétitive que la délégation de service public. En réalité, l’écart en faveur de la régie est beaucoup plus important.

En effet, la durée des amortissements (lire p 31) choisie dans l’étude est de douze ans. Outre le fait qu’elle renvoie à la date de fin du contrat SEDIF VEOLIA, dont nous n’avons rien à faire, elle implique des tarifs élevés  pour les prochaines années qui flirtent avec les tarifs actuels du SEDIF. Or il s’agit d’une opération patrimoniale. Pourquoi ne pas prévoir des amortissements sur 24 ans ou sur 48 ans, si ce n’est pour augmenter artificiellement l’estimation des tarifs en régie publique?

La durée de la mise en place du service public de l’eau est fortement exagérée. Il est fait référence (p25) à la fin du contrat SEDIF Veolia en …2023 ! Or il n’y a aucune raison d’attendre la fin de ce contrat. La délibération d’adhésion de la CAEE au SEDIF a été cassée par le tribunal administratif. Il reste l’arrêté préfectoral qui  a reconnu l’adhésion avant qu’elle ne soit cassée par le TA. Mais celui-ci peut être dénoncé par la CAEE, puisqu’il n’a plus de base légale. Il suffit de le demander au préfet. Il faut donc établir un vrai calendrier qui ne soit plus déterminé par la date de fin du contrat mais par la durée réelle des travaux. Nous exigeons aussi la publication du rapport intégral de l’audit et pas seulement sa présentation : au prix de l’étude, c’est le moins que l’on puisse demander !

Assez tergiversé ! Nous exigeons que la CAEE créée maintenant sa régie publique, mette en place un comité des usagers, ouvre des négociations avec le personnel, etc. Vous trouverez toutes nos propositions en ligne ici.

Le 19 décembre 2013

Voir la présentation de l’audit

 

L’eau en Île-de-France en débat à Montreuil

Samedi 7 décembre, la Coordination Eau Île-de-France et Île-de-France Environnement (IDFE) ont réuni plus de 60 associatifs de la région et 9 intervenants pour examiner ensemble quels étaient les problèmes prioritaires pour l’eau en Île-de-France et comment on pourrait faire davantage participer les citoyens à leur résolution.

L’urbanisation intense de l’Île-de-France, la pollution due aux activités agricoles et industrielles, l‘imperméabilisation des sols par les infrastructures et les bâtiments modifient très sensiblement le cycle de l’eau et ont des conséquences directes sur sa gestion. Schéma directeur d’aménagement et de gestion de l’eau et SAGE locaux existent mais les Franciliens veulent être associés à la gestion de ce bien commun de l’humanité et de la vie.

En effet, la vie est née et s’est développée dans l’eau, l’homme contenant entre 60 et 80 % de son poids en eau selon son âge. Toute perte d’eau importante entraîne des pathologies graves (typhus, choléra) voire la mort. L’humain adulte, en région tempérée, doit ingérer autant d’eau qu’il n’en perd soit 2,5 litres/j ; l’eau liquide ne représentant qu’environ 1,2 litre (soit 1 % de la consommation journalière d’eau), le reste venant des aliments.

L’agriculture Bio, les aménagements des espaces urbains pour limiter les effets des crues comme le petit Rhosne à Sarcelles, l’expérience des Etats généraux de l’eau à Bruxelles, alliant expertise des habitants et l’expertise des urbanistes, les mesures prises en Slovaquie, pour limiter l’impact du climat sur la gestion de l’eau ont permis de montrer que le citoyen volontaire pouvait participer activement à la préservation de l’eau. L’agriculture Bio en montrant que la rotation des cultures, la sélection des végétaux résistants aux ravageurs, l’absence d’intrants chimiques permettaient de protéger les captages d’eau, que l’aménagement des cours d’eau permettaient de renaturer des secteurs dégradés par la déforestation.

La seconde partie de la réunion s’est intéressée à la réappropriation de l’eau par les Franciliens, autour du festival Tous en Seine proposé par le Conseil régional ainsi qu’à la lutte contre les atteintes à l’environnement, comme la pollution de la Marne par les rejets d’eaux pluviales de l’aéroport Roissy-CDG et par les eaux provenant de sept décharges, à proximité des captages de l’usine de production d’eau potable d’ Annet sur Marne !

Plus particulièrement, l’accent a été mis sur la participation active des usagers de l’eau, souvent marginalisés par les grands acteurs de l’eau : agence de bassin Seine-Normandie, SEDIF, agro-industrie, etc.

C’est tout le système de distribution de l’eau potable et d’assainissement, confiés à des opérateurs (Veolia ou Suez), par des syndicats ou des collectivités territoriales, qui est aujourd’hui en crise. Au départ porté par des associations d’usagers ulcérés par les hausses de tarifs exorbitantes, la contestation s’est étendue à de nombreux citoyens et élus et à des sujets nouveaux: transparence, gestion saine des collectivités, démocratie… Paris, siège des deux multinationales, est revenu à une gestion publique en régie: le bilan des trois premières années est plutôt flatteur, tant du point de vue des tarifs, que de la participation des usagers ou encore de la politique volontariste en matière de préservation de la ressource.