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L’eau en Île-de-France en débat à Montreuil

Samedi 7 décembre, la Coordination Eau Île-de-France et Île-de-France Environnement (IDFE) ont réuni plus de 60 associatifs de la région et 9 intervenants pour examiner ensemble quels étaient les problèmes prioritaires pour l’eau en Île-de-France et comment on pourrait faire davantage participer les citoyens à leur résolution.

L’urbanisation intense de l’Île-de-France, la pollution due aux activités agricoles et industrielles, l‘imperméabilisation des sols par les infrastructures et les bâtiments modifient très sensiblement le cycle de l’eau et ont des conséquences directes sur sa gestion. Schéma directeur d’aménagement et de gestion de l’eau et SAGE locaux existent mais les Franciliens veulent être associés à la gestion de ce bien commun de l’humanité et de la vie.

En effet, la vie est née et s’est développée dans l’eau, l’homme contenant entre 60 et 80 % de son poids en eau selon son âge. Toute perte d’eau importante entraîne des pathologies graves (typhus, choléra) voire la mort. L’humain adulte, en région tempérée, doit ingérer autant d’eau qu’il n’en perd soit 2,5 litres/j ; l’eau liquide ne représentant qu’environ 1,2 litre (soit 1 % de la consommation journalière d’eau), le reste venant des aliments.

L’agriculture Bio, les aménagements des espaces urbains pour limiter les effets des crues comme le petit Rhosne à Sarcelles, l’expérience des Etats généraux de l’eau à Bruxelles, alliant expertise des habitants et l’expertise des urbanistes, les mesures prises en Slovaquie, pour limiter l’impact du climat sur la gestion de l’eau ont permis de montrer que le citoyen volontaire pouvait participer activement à la préservation de l’eau. L’agriculture Bio en montrant que la rotation des cultures, la sélection des végétaux résistants aux ravageurs, l’absence d’intrants chimiques permettaient de protéger les captages d’eau, que l’aménagement des cours d’eau permettaient de renaturer des secteurs dégradés par la déforestation.

La seconde partie de la réunion s’est intéressée à la réappropriation de l’eau par les Franciliens, autour du festival Tous en Seine proposé par le Conseil régional ainsi qu’à la lutte contre les atteintes à l’environnement, comme la pollution de la Marne par les rejets d’eaux pluviales de l’aéroport Roissy-CDG et par les eaux provenant de sept décharges, à proximité des captages de l’usine de production d’eau potable d’ Annet sur Marne !

Plus particulièrement, l’accent a été mis sur la participation active des usagers de l’eau, souvent marginalisés par les grands acteurs de l’eau : agence de bassin Seine-Normandie, SEDIF, agro-industrie, etc.

C’est tout le système de distribution de l’eau potable et d’assainissement, confiés à des opérateurs (Veolia ou Suez), par des syndicats ou des collectivités territoriales, qui est aujourd’hui en crise. Au départ porté par des associations d’usagers ulcérés par les hausses de tarifs exorbitantes, la contestation s’est étendue à de nombreux citoyens et élus et à des sujets nouveaux: transparence, gestion saine des collectivités, démocratie… Paris, siège des deux multinationales, est revenu à une gestion publique en régie: le bilan des trois premières années est plutôt flatteur, tant du point de vue des tarifs, que de la participation des usagers ou encore de la politique volontariste en matière de préservation de la ressource.

Un espoir pour l’eau, enjeu de démocratie et de paix

L’European Water Movement dont la Coordination Eau Ile-de-France est membre lance pour la Journée Internationale des Droits de l’Homme du 11 décembre un appel à la Commission européenne, pour que soit donnée une suite à l’Initiative Citoyenne Européenne « Right2water » qui a recueilli 1,8 millions de signatures.

Les Nations Unies proposent le 13 décembre une conférence à Genève sur la reconnaissance du rôle clé que joue la participation du public dans les processus de décision en matière d’environnement et de ressources naturelles et place à ce titre l’eau en exemple (Déclaration de Rio – Agenda 21 – 1992).

En Allemagne, à Berlin, une nouvelle voie s’ouvre pour la gestion publique de l’eau avec la création d’un Conseil de l’Eau conçu comme un outil de démocratie directe.

En Espagne, des recours en justice sont déposés pour endiguer la vague des transferts inter-bassins et des banques d’eau créées pour ces transferts.

C’est dans ce climat d’attentes fortes pour la démocratie et pour la justice de l’eau que la Coordination Eau Île-de-France s’est rendue le 3 décembre au Parlement européen, à la sortie du MEMORANDUM SUR LA POLITIQUE EUROPÉENNE DE L’EAU par Riccardo Petrella de l’IERPE *. Deux députés européens avaient fait le même chemin : Marc Tarabella (Belgique – PS) et Philippe Juvin (France – UMP) tous deux très impliqués dans les débats qui ont eu lieu sur la Directive « concessions et marchés publics » dont l’eau est aujourd’hui exclue.

R. Petrella s’est donc évertué à analyser le Plan Eau 2027. Sa conclusion est sévère ; sa démonstration aussi.

R. Petrella constate qu’aucun débat public n’a eu lieu alors que la communication de la Commission européenne s’appuyait largement sur la participation du public. Il constate qu’aucune fois les mots « citoyen », « droit humain », « démocratie », « bien commun public » ne sont utilisés dans la rédaction de ce Plan Eau. Plus étonnant : le terme « stakeholder » *  remplace celui de « citizen » et la politique européenne de l’eau se résume à une tentative d’homogénéiser le prix de l’eau sur tout le territoire européen pour 509 millions d’habitants en se référant au mécanisme complexe du grand cycle de l’eau et en affirmant que son accès fera défaut à 40% de la population notamment dans les régions méditerranéennes. Il s’agit de monétariser l’eau à partir de la rareté de ce bien dans une approche purement financière.

À ce titre, R. Petrella interpelle les députés présents sur le caractère non-démocratique des discussions et des prises de décision. Il sort des chiffres accablants sur le nombre d’européens qui n’ont aujourd’hui pas accès à l’eau potable et ceux qui ne bénéficient pas d’un assainissement digne de ce nom. Pourtant aucun de ces chiffres ne figure dans ce Plan Eau 2027. Il nous appelle donc lors des prochaines élections européennes à exiger de grands débats populaires sur le sujet. Mais aussi à exiger que tous les pays de l’Union Européenne participent aux discussions sur ce sujet, pas seulement la France ou l’Allemagne pour exemple ; et que ces débats ne soient pas seulement menés par un pays qui a privatisé nombre de ses services publics comme l’Angleterre.

S’étant penché sur d’éventuelles propositions en matière de droit et de justice pour l’eau, R.Petrella constate que tout en faisant état de sa rareté dans un futur proche, de l’urgence de sa remise en état dans certaines Régions, les instances européennes ne se donnent aucun moyen d’agir en droit comme en justice. Il constate qu’à ce jour les Pays Bas ont reçu 13 milliards de subventions pour la consolidation de ses digues alors que d’autres pays peinent à décrocher des aides structurantes en matière d’eau comme la Pologne. CePlan Eau 2027 ne prévoit aucune politique intégrée en direction des pays méditerranéens alors que la raréfaction de la ressource en eau aura bien lieu dans ces Régions. Il n’intègre d’ailleurs pas non plus la gestion urbaine particulière de l’eau alors que les villes, nous le savons, sont voraces en consommation d’eau et d’énergies et que les populations européennes y sont majoritaires.

Politique inexistante ou volontairement délétère ?

Il est un fait ; l’eau doit rester un facteur de paix en Europe. C’est évidemment l’enjeu du nouveau millénaire. Et tout reste à construire : débat, démocratie, droit, bien commun.

Ce MEMORANDUM met en exergue l’échec des discussions, des pratiques et de la méthode imposée par la Commission européenne sur le sujet. L’échec des résultats environnementaux de la Directive Eau 2015 ne saurait tarder. Faut-il changer les politiques, les institutions, les règles ou tout à fois ?

Au schéma des 4 piliers du Plan Eau 2027 :

1 Agenda environnemental, objectif : le bon état écologique de l’eau en 2027

2 Agenda des services, objectif : libéralisation des services publics d’importance économique

3 Agenda de la croissance économique verte, objectif : 2030 une nouvelle croissance mondiale apte à mettre fin à la pauvreté

4 Agenda de la gouvernance économique, objectif : promouvoir un système de gouvernance de l’eau basé sur les stakeholders

R.Petrella propose une alternative crédible et enfin porteuse d’espoir :

1 Agenda environnemental, objectif : bon état écologique des eaux et justice écosystémique

2 Agenda des services publics, objectif : réinventer des services pour les droits humains de tous les européens

3 Agenda post-croissance, objectif : penser 2027 pour une économie juste, durable et cohésive

4 Agenda de la démocratie, objectif : désarmer les oligarchies européennes

* IERPE : institut européen de recherche sur la politique de l’eau

* stakeholder : partie prenante intéressée (ex : fonds d’épargne individuels ou d’entreprise)

1,8 million d’Européens revendiquent le droit à l’eau et à l’assainissement

Aujourd’hui pour la Journée des droits de l’homme, le Mouvement Européen pour l’Eau se félicite de la présentation devant la Commission européenne des 1,8 millions de signatures, demandant à «mettre en oeuvre le droit humain à l’eau et à l’assainissement».

«Right2water» est la première Initiative Citoyenne Européenne réussie (ICE). L’ICE est un outil qui peut servir à inscrire une question à l’ordre du jour de l’Union Européenne, grâce à la collecte de plus d’un million de signatures dans plus de sept États membres différents.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 780 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable, y compris en Europe. Et globalement plus de 2 milliards de personnes n’ont pas accès à un assainissement adéquat. L’Agence Européenne pour l’Environnement a déclaré en 2012 que plus de 50% de la population rurale dans 10 pays de l’Union Européenne n’avait pas accès à l’eau potable ou à l’assainissement. Cela a un impact direct sur leur santé et c’est une violation de leurs droits humains.

Cette ICE demande que l’Europe s’engage pour le droit humain à l’eau et à l’assainissement. Il s’agit d’un signal clair de citoyens demandant à la Commission européenne de modifier sa mentalité du «tout marché» mettant l’accent sur la concurrence et d’adopter une approche fondée sur les droits mettant l’accent sur le service public participatif. L’ICE demande d’atteindre
l’objectif d’un accès universel et global à l’eau et à l’assainissement et de protéger nos ressources en eau pour les générations futures.

Nous pensons que cette Journée des droits de l’homme est une étape importante vers la réalisation du droit à l’eau et à l’assainissement pour toutes les personnes dont les droits ne sont pas encore pleinement respectés, ainsi qu’une étape importante pour la défense de ceux qui voient leur droits menacés par les intérêts des entreprises et les mesures d’austérité. Nous attendons de la
Commission européenne qu’elle réponde sur comment et quoi faire pour atteindre ces objectifs dans les trois prochains mois.

Le Mouvement Européen pour l’Eau comprend Aquattac, Berliner Wasserstich, Centro di Volontario Internazionale, Comitato Italiano Contratto Mondiale sull’Acqua, Coordination Eau Île-de-France, Eau Bien Commun PACA, Ecologistas En Acción, European Federation of Public Service Unions, Food & Water Europe, Forum Italiano dei Movimenti per l’Acqua, Fondation France Libertés, Institut Européen de Recherche sur la Politique de l’Eau, Plataforma Contra la Privatización del Canal de Isabel II, Re:Common, Red Agua Publica, Rete Della Conoscenza, Save Greek Water, Transnational Institute, Wasser in Bürgerhand, Xarxa per una Nova Cultura de l’Aigua.

Le Mouvement Européen pour l’Eau a pour objectif la reconnaissance de l’eau comme un bien commun.
Ces membres luttent contre la privatisation et la marchandisation de ce bien vital et pour une gestion publique et communale de l’eau, fondée sur la participation démocratique des citoyens et des travailleurs.

Les mur’Eau obtiennent une baisse des prix et persistent…

illu-1024x633Grâce aux actions des habitants et à la pression exercée sur la municipalité par l’association les Mur’Eau (en savoir+), le Maire a dû négocier au plus juste et  proposer une baisse significative du prix de l’eau. Pour justifier à tout prix son choix d’une gestion par une multinationale, il minimise les dépenses d’investissement à un niveau si bas qu’il faudra plus de 100 ans pour rénover les 87 kilomètres de canalisation de la distribution d’eau sur la ville.

Mais il subsiste une exigence de fond formulée par les citoyens : l’eau n’est pas une marchandise. Sa gestion ne doit pas être source de profit.>>>lire l’article complet

 

Berlin: après la remunicipalisation, la démocratisation

Plus de 40 personnes, pour la plupart représentantes et représentants d´initiatives et d´organisations, ont donné hier, avec la Berliner Wassertisch, le coup d’envoi à l’Assemblée fondatrice du Conseil de l’eau berlinois (titre provisoire). Les premières prises de position ont été présentées entre autres par les représentants de la Berliner Energietisch, de l’Allianz der öffentlichen Wasserwirtschaft (AöW), du Verband Deutscher Grundstücksnutzer (VDGN), de l’Ökowerk de Berlin. D’autres initiatives et organisations s’ajouteront dans les séances à venir.

« Après la remunicipalisation, la démocratisation ». Etant donné le prix de rachat exorbitant des participations privées, nous ne sommes pas encore au bout du chemin de la remunicipalisation. De nombreuses tâches sociales et relatives à la politique environnementale sont restées en l’état. La participation des citoyens et la démocratie directe sont les legs du référendum sur l’eau qui s’est déroulé avec succès à Berlin. La remunicipalisation de la Berliner Wasserbetriebe (Société des eaux de Berlin) représente une chance unique d’élaborer un modèle de participation. Le Conseil de l’eau berlinois, comité de participation citoyenne, devra avoir des droits d’information, de collaboration et de codécision sur les principes et les buts de la Berliner Wasserbetriebe. Comment le Conseil de l’eau devra-t-il être composé et qui devra choisir ses membres et de quelle manière ? Voici les questions essentielles à soumettre au débat démocratique lors des prochaines réunions.

Pour informer les acteurs sur le fond et préciser le caractère modèle de la démarche, la Berliner Wassertisch a présenté en septembre 2013 un projet de « charte de l’eau berlinoise ». Les premières propositions pour une poursuite de l’élaboration ont pu être discutées dès la séance de fondation d’hier.

La prochaine séance de travail du Conseil de l’eau berlinois aura lieu le 30 janvier 2014. A l’ordre du jour de la réunion : la structure d’organisation de la Berliner Wasserbetriebe et comment impliquer la participation citoyenne.

Gerlinde Schermer : « Notre première tâche, sera d’organiser le dialogue entre experts et associations et, à partir de là, d’impulser un débat large et ouvert entre tous ceux qui s’intéressent au « Conseil de l’eau ». A l’issue de ce processus de dialogue nous aurons des droits de participation clairement définis allant au-delà des modèles connus à ce jour. »

Dorothea Haerlin : « Dans la continuation du développement de l’Observatoire de l’eau de Paris et à partir des expériences faites à Naples lors de la remunicipalisation de l´eau, nous sommes d’avis que le Conseil de l’eau berlinois n´aura pas seulement une fonction d’observateur, mais aussi de collaboration directe et de contrôle. »

Ulrike von Wiesenau : « La remunicipalisation doit être suivie d’une démocratisation. La remunicipalisation de la Berliner Wasserbetriebe représente maintenant une chance unique de concevoir un modèle de participation sous la forme d’un Conseil de l’eau berlinois. Avec, à Berlin, un service d’approvisionnement en eau orienté dans le sens d´un bien commun, il faudra qu’il y ait à l’avenir des règles claires sur la structure de l’organisation aussi bien que sur les droits de participation des citoyennes et citoyens. »

Berlin, le 29 novembre 2013

Veolia eau va supprimer des postes …avant la vente?

Veolia Environnement prévoit de supprimer entre 700 et 750 postes administratifs dans sa branche eau. « Intolérable », juge Jean-Luc Touly, de FO Veolia.

L’entreprise avait déjà annoncé un plan de suppression de 10% de ses effectifs en mars dernier. 700 postes supplémentaires, sur un total de 15.000 employés, seront supprimés l’an prochain au sein de la branche « eau » de Veolia Environnement.

Ces 700 suppressions, qui doivent être validées en conseil d’administration le 11 décembre prochain, se feront sur la base du volontariat, mais des licenciements ne sont pas exclus. Veolia est en fait confronté à une détérioration de ses marges dans l’eau en France.

Les syndicats aux aguets

« On est très inquiets », réagit Jean-Luc Touly, de FO Veolia, évoquant un projet « intolérable ». « Ce ne sont pas les personnels qui sont responsables de la perte des contrats ou de la perte des marges. »

Le syndicaliste dit pourtant ne pas être surpris de ces mauvaises nouvelles. « On regroupe l’eau avec l’assainissement, les déchets, le chauffage, on est à flux tendu », explique-t-il. « En parallèle, les politiques demandent des efforts. (…) Des baisses de prix de 30 à 40% sont demandées depuis 2-3 ans, notamment à la veille des municipales. »

Pour Jean-Luc Touly, « le service public de proximité sera moins bien assuré ». « Personne ne comprend la stratégie de l’entreprise », juge-t-il. « On a l’impression que c’est une forme de fuite en avant. » Le syndicaliste envisage même la disparition de la société « telle qu’on la connaît ».

Ecouter Jean-Luc Touly sur RTL

Lire le communiqué de FO: Réorganisation avant la vente