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Rapport Lesage et crise du modèle français de l’eau

Le rapport d’évaluation de la politique de l’eau en France, publié par le député Michel Lesage, dresse un bilan accablant de la situation. Mais les mesures proposées restent cosmétiques face à la crise structurelle du modèle français de l’eau. Tribune de Jean-Claude Oliva, publiée dans Reporterre.

En juin 2013, le député Michel Lesage (PS, Côtes d’Armor), a publié un rapport sur la politique de l’eau en France.

Dès la préface, il pose les limites de son exercice. Exemple significatif, « les activités agricoles, note le rapporteur, sont à l’origine de pollutions dans certaines régions et  mobilisent les réserves d’eau l’été pour irriguer les cultures ». Mais ce constat posé, il renvoie dos à dos deux positionnements antagoniques : « ceux qui souhaitent conditionner les aides agricoles aux changements de pratiques » et « ceux qui considèrent que les agriculteurs en situation de crise subissent déjà des règles, normes et zonages environnementaux excessifs ».

Cette absence de choix ne débouche sur rien de tangible : « affirmer une volonté et une mobilisation collective » en prenant… la Bretagne comme le bon exemple à suivre !  Pourtant la qualité de l’eau est particulièrement dégradée dans cette région où de nombreux captages d’eau potable ont dû être fermés ces dernières années. C’est la manifestation criante de l’échec du modèle français de l’eau, dénoncée par ailleurs par M. Lesage.

Celui-ci envisage cependant « une plus grande conditionnalité des aides et une fiscalité incitative » avec des propositions qui concernent les engrais azotés mais ne s’attaquent… ni aux pesticides, ni aux porcheries industrielles (dont le gouvernement a allégé le régime d’autorisation). A la décharge de M. Lesage, on notera qu’il est député des Côtes d’Armor, un département comptant neuf fois plus de cochons que d’habitants humains : ceci explique-t-il cela ?

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Une bonne pratique agricole, enfin!

Le mensuel « l’âge de faire » publie un article sur le projet Agr’eau qui vise à développer massivement les pratiques agricoles de couverture des sols. Un programme financé par l’agence de l’eau Adour Garonne pour améliorer la qualité de l’eau. Le projet s’appuie sur le savoir-faire de précurseurs, longtemps considérés déviants…

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L’UFC Que Choisir épingle le SEDIF et le SEPG

Le mensuel de novembre titre « Factures d’eau, des écarts injustifiables… » Voici un extrait de son dossier.

« Parmi les villes qui comptent de 60 000 à 100 000 habitants, plusieurs se situent en région parisienne. Deux grands syndicats des eaux y dominent le marché, avec à chaque fois des tarifs conséquents. D’un côté le SEDIF, le puissant syndicat des eaux d’île de France qui regroupe à ce jour 149 communes (en réalité 140, puisque les neuf communes d’Est Ensemble, n’ont pas adhéré, NDLR) et qui dessert plus de 4 millions d’usagers. De l’autre, le syndicat des eaux de la presqu’île de Gennevilliers, qui regroupe 10 communes, surtout dans l’Ouest parisien. Dans nos deux tableaux, toutes les communes qui facturent l’eau potable 1,56€ sont adhérentes du SEDIF. Et les villes franciliennes qui la facturent 1,82€ adhèrent syndicat des eaux de la presqu’île de Gennevilliers. Dans les deux cas, les prix sont élevés. Que Choisir avait dénoncé leurs marges énormes en 2007. Le SEDIF avait vigoureusement contesté mais, en 2010, il a renégocié le contrat qui le liait à Veolia et obtenu une baisse de 20% sur l’eau potable. C’est un net progrès mais l’addition reste lourde pour les 4 millions d’habitants desservis. Ce nouveau contrat de DSP datant de 2011, les usagers n’ont rien à espérer pour les années qui viennent. Mais c’est pire avec le syndicat des eaux de la presqu’île de Gennevilliers. Le prix de l’eau potable n’a pas été renégocié à la baisse. Il continue de s’envoler. 1,82€ actuellement, c’est un magnifique contrat pour la Lyonnaise des eaux, beaucoup moins pour les habitants des 10 communes adhérentes. L’autre gros problème de ces communes est le prix de l’assainissement, qui précisons-le, n’est pas de la responsabilité de ces deux syndicats. Leurs eaux sont traitées par le SIAAP, l’énorme syndicat interdépartemental d’assainissement de l’agglomération parisienne, qui récupère les eaux usées de 4 départements et de 9 millions de personnes, mais il n’est pas le seul intervenant. Avant de traiter, il faut collecter. A Antony, par exemple, la facture rémunère le SIAAP + le département + la commune + deux délégataires. A Courbevoie, le SIAAP + le département + la commune + un délégataire. C’est pareil dans de nombreuses villes qui facturent l’assainissement très cher. La multiplication des intervenants ne facilite pas la maîtrise des coûts. »

 

Stop schistes! Journée mondiale contre la fracturation hydraulique et l’extractivisme

Samedi 19 octobre, le Global Frackdown 2 a vu l’organisation de plus de 200 actions dans 25 pays (presque tous les pays concernés) par les citoyen-ne-s, collectifs et organisations engagés contre l’exploration et l’exploitation des gaz et pétroles de schiste, gaz de houille, huile de roche mère (…) et autres hydrocarbures non conventionnels.

« N’inSCHISTez pas on n’en veut pas! »

« Manquerait plus qu’on nous schiste dessus! »

« Nous ne sommes pas maso-schistes! »

« Des bocages, pas des forages! »

Autant de slogans scandés à travers la France, au cours d’actions diverses:

De la manifestation de protestation dans la rue à Montelimar, Lille, Toulouse aux expositions-débat pour informer le grand public en Seine et Marne, en passant par un rassemblement devant le siège d’une compagnie pétrolière canadienne en Essonne.

A Paris, une péniche habillée du slogan « Stop Schistes » et embarquée avec un cracheur de feu, un robinet géant et des militants de 13 associations environnementales ont descendu puis remonté la Seine… Touristes et passants ont photographié la péniche, lancé des mots de soutien.

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Malgré la décision du Conseil Constitutionnel, les opposants à l’exploration d’hydrocarbures non conventionnels restent vigilants: la loi Jacob validée, suite à la question prioritaire de constitutionnalité posée par la compagnie américaine Schuepbach, interdit la fracturation hydraulique, mais elle prévoit aussi la possibilité d’expérimentations « à des fins scientifiques » et « sous contrôle public », d’une commission qui n’a pas été entièrement constituée et ne s’est jamais réunie. Les pétroliers eux ont déjà commencé leur lobby, en réclamant une application complète de la loi, pour que ces expérimentations aient lieu…

En Argentine, une course de solidarité, une caravane sur la route des pollutions dans le Mari Menuco, terre de forages et un débat dans une université. En Tunisie, un rassemblement devant la Sommet Nord-africain du gaz et du pétrole. En Roumanie de nombreuses manifestations et notamment en soutien aux victimes de la répression du mouvement contre les forages d’hydrocarbures non conventionnels de Rosia Mundi…

Climat: rendre l’eau à la Terre

Une alternative à la géo-ingénierie et à la fuite en avant techniciste, par Daniel Hofnung.

Le cinquième rapport du GIEC, publié le 27 septembre, considère qu’il est « très probable » que l’activité humaine soit responsable du réchauffement climatique.

Il préconise la baisse des émissions de gaz à effet de serre, mais on sait la difficulté de la communauté internationale à engager une bifurcation qui signifierait de s’inscrire dans le long terme, d’éviter le gaspillage des ressources naturelles et énergétiques d’un monde fini, et de tirer les conséquences du fait qu’elles ne sont pas illimitées.

Il évoque, pour la première fois une autre voie : la géo-ingénierie ou modification artificielle du climat, en le refroidissant, ce qui serait un constat d’échec des tentatives pour arrêter de le réchauffer.

Dans les chapitres 6 et 7, les rédacteurs consacrent une vingtaine de pages aux techniques « d’extraction du CO2 de l’atmosphère (CDR) ou de diminution du rayonnement solaire (SRM) » [1].

Cette issue est prise en compte par des décideurs, ainsi l’Union Européenne s’est dotée d’un organisme sur la question, EuTrace,  en regroupant des chercheurs d’une petite dizaine de pays (pour la France : du CNRS) après avoir constaté que « l’Ingénierie Climatique (IC) attire rapidement l’attention des milieux scientifiques, politiques, commerciaux et l’opinion publique comme pouvant aller de pair avec l’atténuation du changement climatique » [2]
Une de ses missions est d’« identifier les failles les plus importantes dans la compréhension actuelle de l’Ingénierie  Climatique. » : comment le comprendre ? Est-ce une préparation à la possibilité d’utiliser l’ingénierie climatique ?

Avec une telle option, les réponses au changement climatique seraient des artifices techniques basés sur l’épandage de produits chimiques dont on ignore les conséquences, à l’opposé de la mutation nécessaire de nos sociétés vers des sociétés du « bien-vivre » respectant les équilibres de la nature. Choisir la voie de la géo-ingénierie, c’est masquer les déséquilibres pour pouvoir continuer de polluer et de gaspiller sans rien changer, en s’engageant peu à peu vers un monde non vivable.

L’humanité n’a pas fait que développer les émissions de gaz à effet de serre ; elle a aussi gravement perturbé ou détruit le cycle de l’eau (pompage excessif dans les nappes, irrigation, artificialisation des sols…) Les rapports n’évoquent pas l’action du cycle de l’eau sur le climat, sujet rarement traité, mais peut-on le reprocher au GIEC ?

Non, il a travaillé sur la base d’un millier d’article publiés dans des revues à comité de lecture sur le sujet qu’il traite ; or si l’effet du changement climatique sur les cycles de l’eau est étudié, l’inverse, c’est à dire l’effet des modifications du cycle de l’eau sur le climat, n’est pas ou pour ainsi dire pas étudié [3]. Ce type d’étude n’est pas financé, ce qui fait que notre système s’est fermé à des réponses qui se placeraient non dans un cadre techniciste, mais au niveau de la restauration du rôle de l’eau dans l’environnement.

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