Archives de catégorie : Batailles pour une gestion publique

La privatisation de l’eau en échec en Grèce

Deux bonnes nouvelles nous viennent de Grèce où les tentatives de privatisation des entreprises publiques de l’eau et de l’assainissement font long feu, face à la mobilisation citoyenne.

La première concerne la décision rendue par la tribunal d’Athènes faisant injonction à  HRADF (le fonds privé, chargé de la vente des biens publics) de répondre à la demande d’accès à l’information présentée par “l’Union Citoyenne pour l’Eau”, une branche du syndicat des coopératives de l’eau de Thessalonique, créée par Initiative K136, pour demander 51 % des parts dans EYATh, la compagnie publique d’eau de Thessalonique, au nom des citoyens.

Par trois fois, HRADF avait refusé de donner des informations sur les processus de privatisation sous prétexte qu’elles étaient réservées aux éventuels acquéreurs privés. Le tribunal d’Athènes fait injonction à HRADF de donner à l’Union Citoyenne pour l’Eau tous les documents et informations demandés. HRADF ne peut se réclamer de son statut d’entreprise privée et doit se soumettre à une certaine transparence, ainsi que l’impose la décision de la Cour Européenne de Justice du 19/12/2013 Case Fish Legal dictant que « l’accès à l’information sur l’environnement, l’eau, l’assainissement et la privatisation de ce secteur, dans le cas où des compagnies privées ont recu une délégation de l’Etat pour réaliser ces travaux dans le cadre du « service public » doit être facilité. »

La deuxième nouvelle est la décision prise le 14 juillet, lors de discussions entre le premier ministre Antonis Samaras, le représentant de la coalition gouvernementale Evangelos Venizelos et deux ministres clefs, de ne pas privatiser les compagnies grecques publiques de distribution d’eau et d’assainissement. Cette décision fait écho à celle du conseil d’Etat sur la compagnie publique d’eau à Athènes mais s’applique également pour Thessalonique. Elle renforce l’exigence populaire de voir l’eau comme un bien public.

 

Pollution de la Marne, de nouvelles actions en perspective

Le tribunal administratif (TA) de Melun a rejeté le recours de la Coordination Eau Île-de-France contre les arrêtés préfectoraux de 2008 et de 2012, autorisant le rejet des eaux pluviales provenant de l’aéroport Charles de Gaulle, dans un affluent de la Marne, en amont de l’usine de production d’eau potable d’Annet-sur-Marne. Le jugement se fonde sur l’insuffisance de preuves concernant la présence d’éthylène glycol, qui a cependant été détectée dans les eaux brutes de la Marne, captées par l’usine d’Annet (voir le considérant 9 du jugement). Le TA s’appuie sur le déni actuel d’Aéroport de Paris (ADP) concernant l’utilisation d’éthylène glycol, une utilisation pourtant de notoriété publique et qui a même été reconnue par le directeur adjoint d’ADP dans « 20 minutes » -lire ICI.

Le TA mentionne, mais ne retient pas, la préconisation de la cellule inter-régionale d’épidémiologie d’Île-de-France Champagne Ardennes, de distinguer systématiquement l’éthylène glycol, le propylène glycol et le diéthylène glycol dans les prochaines campagnes de mesures des eaux pluviales « en raison de l’inquiétude des acteurs locaux ». Ce serait pourtant un moyen simple et définitif de rassurer la population et les associations.

Circulez, il n’y a rien à voir ?

Au-delà de ce jugement, la Coordination Eau Île-de-France se réjouit d’avoir commencé à briser le mur du silence sur une importante question de santé publique et d’environnement. Les conséquences calamiteuses d’une gestion d’une ressource naturelle comme l’eau, à l’unique service des profits d’une entreprise, ont été mises en évidence. Le glycol, ce n’est pas grave, dame nature va régler le problème et l’éliminer ! Eh bien non, cela ne marche pas comme ça, le glycol se retrouve dans la Marne et peut-être dans l’eau que nous buvons ! Si l’État a mis en place toute une série d’outils de gestion de l’eau (autorisation et comité de suivi « loi sur l’eau », SDAGE, SAGE, etc.) ce n’est pas pour constituer des «machins » aux contenus vides, aux dates de réunions aléatoires et aux ordres du jour bidons. Si le législateur a mis en place ces outils de concertation des politiques de l’eau, c’est parce qu’il a supposé que la société civile, les usagers du service, les associations avaient leur mot à dire sur le sujet ! N’est-ce pas le sens de « l’eau, bien commun » ?

De premiers résultats concrets

Cette action a d’ores et déjà des conséquences positives, très concrètes. Nous avons obtenu des acquis de la part des services de l’État, d’ADP et de Veolia. Nous les avons obligés, enfin, à mettre en œuvre ce qu’ils auraient dû faire depuis des années et n’avaient jamais fait ! C’est le cas du protocole d’alerte entre ADP et la SFDE (Veolia). Sur le plan de la santé publique, nous avons obtenu un début de suivi des pollutions au glycol. Et surtout ADP s’est engagé dans un programme de travaux qui pourrait s’élever à 50 millions d’Euros. Il faut bien sûr poursuivre et s’engouffrer dans la brèche en exigeant d’ADP qu’il finance et mette en œuvre son plan d’action sans attendre plus longtemps. Il faut aussi assurer une vigilance citoyenne sur la qualité de la Marne et de ses affluents, dans lesquels se rejettent, outre les eaux pluviales de l’aéroport, les eaux de ruissellement des décharges avoisinantes, en se dotant, si nécessaire, de moyens d’expertise indépendante. Ce sont les nouvelles perspectives que nous avons pour les prochains mois.

Enfin, cela montre tout l’intérêt qu’il y a de voir des citoyens s’impliquer dans ce type d’action. Quand la gestion de l’eau « bien commun » devient l’affaire de tous, les lignes bougent !

Lire le jugement du TA de Melun

Grèce: le Conseil d’Etat se prononce contre la privatisation de l’eau à Athènes

Au lendemain du référendum contre la privatisation de la régie publique de l’eau (EYATH) de Thessalonique, c’est un second coup de semonce qui est intervenu en Grèce! Le Conseil d’Etat a rendu une décision annulant l’acte par lequel le gouvernement souhaitait transférer un tiers de la propriété de EYDAP (régie publique de l’eau d’Athènes) à un fond de développement.Cette décision gouvernementale qui formait le premier jalon pour la privatisation de l’eau a été annulée car contraire aux articles 5 et 21 de la Constitution. Ces derniers  garantissent le droit à la protection sociale et sanitaire, ainsi que l’importance du rôle de l’Etat dans la santé publique.

Le conseil d’Etat a en effet jugé que : « la conversion d’une compagnie publique (régie de l’eau) en une compagnie privée visant le profit, remet en cause la continuité de la distribution de biens à des prix abordables et de bonne qualité, distribution qui n’est pas garantie alors par la supervision de l’Etat.  »
De plus  » les services de distribution et d’assainissement d’eau qui sont nécessaires a une vie saine et à l’accès à l’eau potable, sont des biens ‘naturels’ nécessaires à la survie et de plus en plus rares. »

Cette décision vient conforter les efforts de la campagne contre la privatisation de l’eau en Grèce et plus largement en Europe.

 

Succès éclatant du référendum contre la privatisation en Grèce

Le 18 mai 2014, plus de 1500 bénévoles ont mis en place des urnes pour permettre aux citoyens des 11 municipalités de Thessalonique de s’exprimer sur la privatisation de l’eau. Ce référendum populaire, se tenant  au même moment que les élections municipales, a été déclaré illégal au dernier moment par le gouvernement qui a même menacé d’arrêter ses organisateurs!

218 002 personnes ont pris part au vote, ce qui représente 34% des inscrits, à comparer aux 55% des électeurs ayant participé aux élections municipales. Une comparaison à relativiser car souvent les urnes pour le référendum étaient placées dans des endroits peu accessibles et peu visibles, du fait de l’interdiction gouvernementale.

La résultat, 98% de personnes se prononçant contre la privatisation de la régie municipale de Thessalonique (‘NON’), a été certifié par des observateurs internationaux et le syndicat grec des avocats. Un tel résultat  s’explique par la non participation des citoyens votant pour les conservateurs (la ligne du parti étant celle du gouvernement, c’est à dire que le référendum est illégal et avec une validité douteuse) et surtout par le fait que l’écrasante majorité des citoyens sont opposés à la privatisation des services publics (plus de 75% sont contre).

Le plan de privatisation concernait EYATH, une régie publique sans déficit, qui distribue l’eau aux 1.5 million d’habitants de Thessalonique. Deux compagnies privées, Suez (France) et Mekorot (Israel) ont fait part de leur intérêt pour le rachat de EYATH.

Ce référendum constitue le point d’orgue  d’une mobilisation populaire sans précédent en Grèce alliant collectifs, institutions et individus, aux objectifs variés et différents. Il a permis aux citoyens de retrouver un peu de leur dignité et de leur pouvoir d’agir mis a mal depuis plus de quatre ans par la troïka. Malgré les efforts des bénévoles pour garder un semblant de neutralité autour des urnes, des discussions impromptues contre la privatisation ont commencé tout autour des lieux de vote.

Il marque le dernier événement d’une opposition, ininterrompue en Europe, à la privatisation de l’eau, qui génère souvent plus de dysfonctionnements que d’économie… A suivre.

Lire la lettre ouverte du Mouvement européen pour l’eau, adressée aux candidats à l’achat d’EYATH.

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Une audition publique régionale placée sous le signe de la citoyenneté

a l'eauL’audition publique régionale sur la politique européenne de l’eau, organisée par la Coordination Eau Île-de-France, lundi 12 mai, dans l’hémicycle du Conseil régional, a connu un vif succès avec une centaine de participants. Les nombreuses personnalités associatives et politiques présentes ont mené, plusieurs heures durant, un débat sans concession. En particulier, sur la définition même de la construction européenne: « l’Europe est un marché » ou peut-elle se fonder sur les droits humains et le bien commun?  Une initiative nécessaire pour donner sens et contenu à la politique européenne, dans le domaine de l’eau, au moment où chacun déplore par ailleurs le vide de la campagne électorale. Cette demi-journée a permis de mutualiser les connaissances, les critiques et les propositions et de renforcer l’expertise citoyenne et publique.

Parmi la grande diversité politique des intervenants, un point a fait consensus: le besoin d’un lien entre la politique de l’eau (incarnée par la directive cadre sur l’eau (DCE) de 2000 et le plan eau pour l’horizon 2030) et les autres politiques européennes, en particulier celle de l’agriculture (PAC) et celle de l’énergie. Chacun a dénoncé à sa façon cette lacune dans la politique européenne.

Cet exercice de réappropriation de la politique européenne par les associations et les citoyens a fortement pointé les lacunes existantes en matière justement de démocratie et de citoyenneté Ainsi le Plan eau, publié par la Commission européenne fin 2012, n’a fait l’objet d’aucun débat, ni au Parlement européen, ni dans les Parlements nationaux, ni dans les Conseils régionaux!

La gestion par bassin hydrographique qui est au cœur du modèle français de l’eau mais aussi de la DCE, montre aussi ses limites en matière de démocratie: les usagers citoyens ne s’y retrouvent pas, la plupart des élus locaux non plus…  Et Riccardo Petrella montre aussi la lacune dans la dimension européenne même: car , si de très nombreux bassins sont transfrontaliers, rien n’est expérimenté ou prévu à l’échelle de ces bassins. Les bassins sont considérés exclusivement à l’intérieur des frontières nationales. Un petit arrangement avec la réalité hydrique qu’on prétend servir…

Enfin le mouvement citoyen est en plein essor avec une multitude de référendums (de l’Italie en juin 2011 à Thessalonique le 18 mai 2014, en passant par Berlin ou Madrid). Le succès de l’Initiative citoyenne européenne sur l’eau interpelle directement les politiques. Les réponses concrètes qui seront données ou non à ces mouvements, seront déterminantes pour la crédibilité de l’Europe politique.

  • OUVERTURE DE LA SÉANCE / Jean Claude Oliva, directeur de la Coordination eau Ile-de-France
  • PRÉSENTATION DU MÉMORANDUM sur la politique européenne pour l’eau/ Riccardo Petrella, Professeur émérite de l’Université Catholique de Louvain, Président de l’Institut Européen de Recherche sur la Politique de l’Eau (IERPE), eurocandidat.
    Lire le mémorandum en ligne>>>ici
  • LE DÉBAT :
  • Gabriel Amard, eurocandidat (Front de gauche)
  • Michel Lesage, député (PS)
  • Emmanuel Poilane, directeur de la Fondation Danielle Mitterrand France Libertés, eurocandidat (Nouvelle donne)
  • Nicolas Imbert, directeur exécutif de Green Cross France et Territoires
  • Serge Lepeltier, Président de l’Académie de l’Eau et Ancien Ministre de l’Ecologie et du Développement Durable (UMP PR)
  • Jacques Perreux, conseiller régional (EELV)
  • Anne Le Strat, présidente d’Eau de Paris et d’Aqua Publica Europea
  • Corinne Lepage, eurodéputée (Europe citoyenne)
  • Jean-François Pellissier, conseiller régional (Front de Gauche)
  • Didier Dumont CGT-fédération des services publics

  • CONCLUSION/Riccardo Petrella et Ruth Stégassy

 

Le référendum pour l’eau de Thessalonique : un « non », plein de « oui »

Ce 8 mai, 98% des 218 002 votants du référendum ont dit NON à la privatisation de l’eau en Thessalonique. La participation a été de 34% dans les 11 municipalités où était organisé le vote. Une victoire pour la démocratie, aussitôt remise en question par le gouvernement conservateur et …le fonds grec des privatisations. Lire ci-dessous l’analyse de Theodoros Karyotis, parue le 10 mai 2014 sur autonomias.net et traduite par Julie Morineau.

« Thessalonique est une métropole tentaculaire située dans le nord de la Grèce. Comme le reste du pays, la ville est touchée par un taux croissant de chômage et de pauvreté, résultat des politiques menées par le gouvernement sous les dicktats de la Troïka, qui ont mené l’économie du pays dans une grave récession.

En Grèce, comme dans beaucoup d’autres pays auparavant, le capitalisme du désastre a su utiliser la crise de la dette souveraine – elle-même génératrice de profit – comme prétexte pour lancer une campagne agressive de pillage néolibéral : les attaques ciblées du droit du travail, des droits sociaux et politiques de la population, le démantèlement des systèmes de santé et d’éducation, les spoliations massives sous couvert de mégaprojets d’extraction, et, dans l’ensemble, la privatisation de tout ce qui constitue les richesses du pays… Là comme ailleurs, le gouvernement et les médias répètent inlassablement, sans états d’âme, ce mantra si cher au néolibéralisme : « Il n’y a pas d’alternatives ».

Dans cette logique, et pour satisfaire aux conditions posées par l’infâme « mémorandum » imposé par le FMI, le gouvernement avait annoncé en 2011 son intention de privatiser EYATH, le service public de la distribution d’eau et de l’assainissement pour les 1,5 millions d’habitants que compte la métropole. Suez, ce géant du secteur de l’eau, fut prompte à exprimer son intérêt pour la bénéficiaire EYATH. Le processus de privatisation a suivi son cours, et aujourd’hui deux candidats – la française Suez et l’israélienne Mekorot – sont en liste pour la seconde phase de l’appel d’offres.

Malgré le chantage et la propagande, les citoyens de Thessalonique et leurs organisations se sont ouvertement opposés au projet du gouvernement de liquider cette compagnie d’ici trois ans. Ils ont réussi à mettre cette question à l’ordre du jour dans les agendas publics, ont montré, preuve à l’appui, que les privatisations des services de l’eau, un peu partout dans le monde, menaient à des hausses des tarifs, à la détérioration des infrastructures, à la baisse de la qualité de l’eau et à la privation de l’accès à ce bien commun vital pour une part importante de la population.

En participant au Mouvement européen pour l’eau, les organisations de la société civile grecque ont pu observer comment le modèle de privatisation que le gouvernement essaie maintenant d’imposer par la force a échoué dans des douzaines de villes, un peu partout dans le monde, poussant bon nombre d’autorités municipales à reprendre en main la gestion de leur eau, un virage à 180° vers la remunicipalisation.
(…)

Dans ce vaste mouvement de rejet de la privatisation, le gouvernement grec reste isolé et peine à faire accepter aux citoyens qu’« il n’y a pas d’autre alternative ». Il y a, en fait, de nombreuses alternatives proposées pour la gestion de l’eau à Thessalonique, qui visent à préserver ce bien vital dans un souci de justice sociale et d’accès pour tous.
De nombreux citoyens et organisations veulent le maintien du service public de l’eau, qui a permis jusqu’ici de garder des tarifs raisonnables ; certains pensent que la gestion de l’eau relève de la responsabilité municipale ; l’Union régionale des Municipalités a d’ores et déjà annoncé son souhait de créer une autorité inter municipale de gestion de l’eau ; une troisième proposition, innovante, vient de l’Initiative 136, un mouvement populaire pour l’organisation, par des citoyens de Thessalonique, de coopératives de l’eau, relais locaux d’un service public de l’eau basé sur la démocratie directe et la justice sociale, dans une logique participative et responsable.

Mais pour que soit ouvert le débat démocratique qui permettra de choisir le modèle de gestion de l’eau qui serait le plus socialement et environnementalement responsable, les citoyens de Thessalonique doivent d’abord faire face à la menace de la privatisation. On observe une montée des tensions sociales, politiques et juridiques qui s’accumulent contre la liquidation de ce service public ; les sondages, à l’échelle locale ou nationale, montrent que près de 75 % de la population est opposée à cette mesure. À cela s’ajoute la décision en attente du Conseil d’État (la cour suprême de justice administrative de Grèce), qui doit statuer sur la constitutionnalité de cette privatisation. Tout ceci a fait caler le processus, malgré les meilleurs efforts du gouvernement néolibéral.

Dans ce contexte politique, les collectifs et institutions qui défendent l’idée que l’eau est un bien commun et un droit humain (SOSte To Nero, Initiative 136, les syndicats des travailleurs d’EYATH, Water Warriors, L’Assemblée ouverte des citoyens pour l’eau et l’Union régionale des Municipalités, pour ne citer qu’eux) ont décidé de prendre le contre-pied de la position du gouvernement en organisant un référendum étendu à l’ensemble de la métropole au sujet de la privatisation d’EYATH. Le référendum est non contraignant, comme le stipule le cadre légal grec, qui ne prévoit pas de consulter la population au sujet des politiques du gouvernement, à moins que cela ait été ratifié par décret présidentiel ou par une large majorité au Parlement. Cependant, les organisateurs sont confiants en l’issue de ce scrutin, qui montrera de façon évidente qu’une écrasante majorité de la population s’oppose à la privatisation de l’eau, faisant ainsi office de tribune d’expression de la volonté populaire.

Le référendum s’est déroulé le 18 mai 2014, en même temps que le premier tour des élections municipales et une semaine avant les élections européennes. Des milliers de bénévoles se sont mobilisés pour organiser l’installation des urnes à l’extérieur des bureaux de vote sur l’ensemble du territoire de la métropole de Thessalonique. En dépit du manque de financements pour cette initiative, de l’hostilité des principaux médias, les porteurs de cette campagne ont réussi à passer outre le désespoir, la résignation et l’apathie consécutives à quatre ans de remise en cause du droit de chacun à vivre dignement. Soutenus par les mouvements internationaux qui ont exprimé leur solidarité avec leur cause, les organisateurs ont mené une campagne d’information pour sensibiliser la population de Thessalonique ; ils consacrent à présent toute leur énergie à assurer l’organisation nécessaire à un déroulement efficace et transparent du scrutin.

Tant que la gouvernance économique s’éloignera de l’intérêt général des populations qu’elle prétend représenter, il reviendra aux citoyens de rappeler qu’ils ont des droits, de réinventer la démocratie et de protéger les biens communs, notamment par des initiatives populaires. La Grèce, dernière expérimentation en date du capitalisme en matière de spoliation, ne présage rien de bon pour le futur que les élites économiques ont en réserve pour les peuples européens. Mais les mouvements et organisations de la société civile grecque n’ont pas l’intention de rester les bras croisés, à observer le pillage économique qui se déroule sous leurs yeux. À la sentence éculée « Il n’y a pas d’alternative », il répondent qu’il y a plein d’alternatives, au contraire, et qu’il y en aura tant que la société civile laissera sa créativité s’exprimer et se dressera pour défendre ses droits et ses biens communs. »