Crise de l’eau : l’ONU fait boire la tasse à Paris

En Guadeloupe, la visite du rapporteur spécial de l’ONU sur la question de l’eau a provoqué l’affolement des pouvoirs publics. Alors qu’il devait donner mercredi 29 novembre une conférence, d’abord publique, puis réservée aux universitaires et étudiants, à l’Université des Antilles, elle a été annulée au dernier moment en raison de « pressions ». « Choqué », le rapporteur a tenu à faire une allocution publique dans la rue ! Par Thierry Gadault.

C’est un expert international de premier plan qui a trouvé portes closes à l’Université des Antilles, mercredi 29 novembre dans la matinée, alors qu’il y avait été « invité pour une conférence ». Pedro Arrojo Agudo, le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits humains à l’eau potable et à l’assainissement, fraîchement arrivé en Guadeloupe pour l’occasion, a vu son invitation à donner une conférence à l’université des Antilles « annulée » au dernier moment a-t-il déclaré lors d’une allocution publique improvisée. Il a finalement donné sa conférence sous un arbre, en pleine rue, à Pointe-à-Pitre.

Pourtant, son déplacement était tout ce qu’il y avait d’annoncé. Officiellement pour des raisons de temps, seule une visite académique, c’est-à-dire dans le cadre d’une invitation faite par l’Université des Antilles, empêchant toute prise de parole publique de Pedro Arrojo Agudo, avait été organisée, quand bien même il souhaitait, selon nos information faire une visite officielle. Néanmoins le fait même que la France laisse un rapporteur spécial se rendre dans un territoire d’outre-mer, constituait une grande première et une ouverture évidente. Las, à mesure que la date approchait, le malaise des pouvoirs publics allait grandissant. Selon une source proche du dossier, les autorités n’ont cessé d’en changer les modalités… pour finalement tout annuler au dernier moment. « Aucun gouvernement n’est vraiment pressé de se faire inspecter », a glissé le rapporteur spécial.

Loin d’un auditorium avec micro, climatisation et power point, c’est donc sous un arbre, non loin, du Mémorial ACTe, entre deux averses et assis sur un plot en béton, à Pointe-à-Pitre, que Pedro Arrojo Agudo, a évoqué la question mondiale du manque d’eau et ses enjeux.

Auteur d’un rapport sur l’accès à l’eau potable en Guadeloupe, en 2021,  l’ancien député espagnol (Podemos) a narré, à la vingtaine de personnes présentes, parmi lesquelles des journalistes et membres d’associations, que le vice-doyen de l’Université lui aurait simplement fait part de « pressions » concernant cette intervention sur un sujet « sensible ». Pressions qui se seraient accrues au fil des jours.

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