« Avec la reconnaissance du droit à l’eau par l’Assemblée générale des Nations Unies, une nouvelle étape du combat pour que chaque être humain dispose d’eau en quantité et en qualité suffisantes est ouverte. Il s’agit maintenant de rendre ce droit effectif.
Les « solutions » proposées par les marchands d’eau et promues par le Forum mondial de l’eau depuis quinze ans, sont partout en échec. Elles ne résolvent pas le problème de l’accès à l’eau, ni celui de la préservation de la ressource. Pire, au nom du dogme du recouvrement total des coûts, elles accentuent les inégalités. La fuite en avant dans des technologies toujours plus sophistiquées et coûteuses évite de s’attaquer à la pollution généralisée de notre environnement.
A cette pensée unique, nous voulons substituer la pluralité des voix de l’eau, celles des femmes, des communautés locales, des associations, des élus, qui s’expriment avec de plus en plus de force dans le monde entier, à l’exemple du peuple italien avec le référendum. Au marché de l’eau, nous voulons substituer la pluralité des alternatives qui font appel aux savoirs traditionnels comme aux techniques innovantes, dans un rapport nouveau à la population. Alternative d’une gestion publique renouvelée, forte de la participation de la population et des salariés. Alternative écologique au modèle industriel de gestion de l’eau et de l’assainissement. Alternative politique aussi car comme dit le forum italien des mouvements de l’eau : « cela s’écrit eau, cela se lit démocratie ».
Il y a urgence à changer de modèle car avec le changement climatique de nouvelles menaces pèsent : sécheresses, inondations, mais aussi concurrence accrue entre les usages : la quête éperdue d’énergie pour préserver à tout prix la société de consommation risque d’épuiser l’eau.
L’agriculture industrielle mondialisée génère 40% des gaz à effet de serre responsables de l’instabilité du climat. Très sensible au changement climatique, elle conduit à l’insécurité alimentaire. De plus, l’irrigation intensive et la pollution généralisée qui caractérisent l’agriculture industrielle aggravent encore la crise de l’eau et les inégalités rurales. Il est donc vital d’adopter d’autres modes de production agricole pour résoudre la crise de l’eau.
Nous appelons à participer au Forum alternatif mondial de l’eau, à Marseille en mars 2012, qui sera le grand rendez-vous des peuples de l’eau pour imaginer un autre monde et un autre avenir. »
* Déclaration adoptée lors de la journée de dialogue franco-indien du 17 juin 2011 à laquelle ont participé notamment : Vandana Shiva, Siddh Nath Upadhyay, Esha Shah, Gabriel Amard, président de l’agglomération des Lacs de l’Essonne, Alain Boulanger, président de la FALC, Jacques Cambon, ATTAC France, Claire Chanut du Collectif contre les gaz de schistes, Anne Le Strat, présidente d’Eau de Paris, Maurice Martin, président de l’AREP-CAMY, Jean-Claude Oliva, président de la Coordination Eau Île-de-France, Jacques Perreux, conseiller général et conseiller régional, Joseph Rossignol, vice-président du Conseil général du Val de Marne, Josiane Teissier, Coordination Eau bien commun PACA.