Face à l’état alarmant des écosystèmes aquatiques en Europe, le hub européen de l’Alliance mondiale pour les droits de la nature (GARN) demande à l’Union européenne, ainsi qu’à ses États membres, de s’engager pour la reconnaissance des droits des écosystèmes aquatiques et demande la reconnaissance des limites planétaires en tant que norme contraignante dans les principes directeurs du droit européen. Par GARN Europe. Publié par Voxeurop.
Glaciers, lacs, rivières, océans – le cycle de l’eau fait également partie de la vie. C’est grâce à la santé des écosystèmes aquatiques que les peuples d’Europe ont pu vivre, prospérer, voyager et se rassembler. Que nous soyons nés ou que nous vivions dans les Alpes ou le long du Danube, sur les rives du lac Léman ou en Méditerranée, une part importante de notre identité et de notre culture est liée à ces entités naturelles.
Cependant, l’état des écosystèmes aquatiques en Europe est alarmant, car ils sont menacés par le changement climatique, la pollution, les barrages et la surexploitation de l’eau. L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) établit une évaluation préoccupante de la qualité de l’eau dans l’Union européenne (UE). Selon son dernier rapport, publié en juillet 2018, seuls 40% des eaux de surface sont en «bon état écologique». Les activités humaines sont en décalage avec les lois naturelles et dépassent les limites biologiques de notre planète. Les pressions humaines exercées sur les cycles naturels du monde vivant représentent une menace majeure pour la protection des écosystèmes aquatiques.
Partout dans le monde, des révolutions juridiques sont en cours pour trouver des solutions systématiques à la dégradation de l’environnement naturel avec la création de nouvelles lois pour protéger le lien qui nous unit à la communauté vivante. Tous ont un objectif commun: la reconnaissance des droits de la nature, et en particulier, ceux des écosystèmes aquatiques.
En Nouvelle-Zélande, le Parlement a reconnu en 2017 la personnalité juridique de la rivière Whanganui, qui compte désormais deux tuteurs – l’un nommé par la communauté maorie et l’autre par le gouvernement. En Colombie, la Cour suprême, dans une décision historique de 2018, a reconnu les droits de la rivière Atrato de la protéger des ravages de l’exploitation minière. La justice a ordonné la création d’une commission de gardiens des communautés locales pour travailler avec l’État sur une politique de restauration et de préservation de cet écosystème. Ce ne sont là que deux exemples emblématiques parmi d’autres.
Le Hub européen de l’Alliance mondiale pour les droits de la nature , GARN Europe, réunissant des organisations et des personnalités engagées dans la défense et la protection des écosystèmes aquatiques, entend présenter de nouvelles propositions en faveur d’une refonte en profondeur des outils juridiques meilleure protection du cycle de l’eau. GARN Europe et ses membres veulent apporter une solution basée sur un ensemble de règles reconnaissant et protégeant, en vertu de leur valeur intrinsèque, les entités naturelles et les écosystèmes en tant que membres interdépendants de l’indivisible communauté de vie.
Conscients que nos actions ont des conséquences, non seulement sur les écosystèmes, mais aussi sur notre propre avenir et celui des générations futures, nous collaborons pour fournir un nouveau cadre juridique commun en harmonie avec le vivant. Cette convergence européenne est l’expression d’un mouvement historique en faveur de l’adaptation des normes juridiques face à la destruction des conditions de vie sur Terre.
GARN Europe demande à l’Union européenne, ainsi qu’à ses États membres, de s’engager pour la reconnaissance des droits des écosystèmes aquatiques et le renforcement des droits des citoyens , afin d’engager des poursuites judiciaires pour défendre la nature. GARN Europe demande également la reconnaissance des limites planétaires en tant que norme contraignante dans les principes directeurs du droit européen . Pour compléter cela, GARN Europe propose la création d’une autorité européenne pour surveiller et garantir la protection de l’équilibre biologique de notre territoire commun. Enfin, GARN Europe appelle à reconnaître le crime d’écocide renforcer la directive 2004/35 / CE sur la responsabilité environnementale et prévenir et réparer les dommages causés à l’environnement.
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