La ruée vers l’urine

Collecter l’urine pour produire de l’engrais permet de réduire la consommation d’eau (potable) et la pollution des cours d’eau causée par les stations d’épuration des eaux usées. Comment cela peut-il s’organiser en Île-de-France? Article de citoyens.com et note de l’Institut Paris Région.

Collecter l’urine séparément pour faire de l’engrais et réduire la pollution : un nouveau défi en Ile-de-France

Alors que l’urine recèle des nutriments précieux pour l’agriculture, celle-ci pourrait être collectée séparément plutôt que d’alourdir les volumes d’eau à dépolluer. Des expérimentations montrent la voie. Reste à changer d’échelle, pointe une note de l’Institut Paris Région. Par Cécile Dubois.

Commet réduire la pollution de nos cours d’eau pour y maintenir la biodiversité, s’y baigner l’été et, in fine, protéger nos océans ? La question des eaux usées n’est pas neutre, dans des zones denses comme la région parisienne. En témoigne les conséquences des mauvais branchements chez les particuliers, lorsque leurs eaux usées sont mêlées au circuit d’eaux pluviales, conduisant directement les excréments dans la Marne ou la Seine. De lourds travaux ont ainsi été menés plusieurs années avant les Jeux olympiques de 2024, pour refaire les branchements ou créer des stations de dépollution des eaux pluviales, afin de permettre la baignade.

Les stations de dépollution qui récupèrent l’essentiel des eaux usées, elles, rejettent malgré tout du phosphore et de l’azote dans les cours d’eaux, issus principalement des urines. Un phénomène qui touche particulièrement l’Ile-de-France. “Les rejets résiduels d’azote et de phosphore des eaux usées issues des stations d’épuration franciliennes sont faiblement dilués dans la Seine, dont le débit est trois fois inférieur à celui du Rhône, alors qu’elle accueille, dans l’agglomération parisienne, les rejets d’une population équivalant à dix fois celle de Lyon”, relève la note publiée par l’Institut Paris Région, réalisée par Tanguy Fardet (LEESU, ENPC, Institut polytechnique de Paris, Université Paris-Est Créteil (UPEC)) et Manuel Pruvost-Bouvattier. Or, ces rejets provoquent un déséquilibre, renforcé par le réchauffement climatique, qui peut favoriser certaines espèces invasives ou nuire à d’autres.

Un paradoxe alors que les urines recèlent un fort potentiel nutritif…

Lire l’article complet


Valorisation des excrétions des Franciliens : quels sont les territoires propices ?

Note rapide Environnement, n° 1041
Par Tanguy Fardet (LEESU, ENPC, Institut polytechnique de Paris, Université Paris-Est Créteil (UPEC)), Manuel Pruvost-Bouvattier

La richesse en azote et en phosphore des excrétats humains (urines et matières fécales) contribue aujourd’hui à la pollution chronique de nos rivières. Elle pourrait au contraire améliorer la souveraineté alimentaire en limitant la dépendance aux ressources fossiles et minières des engrais agricoles, très majoritairement importées. Des initiatives franciliennes et européennes montrent la voie pour cette valorisation. Quels facteurs et opportunités territoriales peuvent permettre un changement d’échelle en Île-de-France ?

Alors que les excrétats humains contiennent la quasi-intégralité des nutriments ingérés, l’assainissement conventionnel  et les stations de traitement des eaux usées tentent de limiter la pollution des rivières, mais participent à un système linéaire qui détruit l’azote des excrétats humains évacués par les chasses d’eau. Ce système induit à la fois la perte d’engrais potentiels, et l’augmentation des prélèvements et de la pollution de l’eau, puisqu’un litre d’urine partant au tout-à-l’égout est entraîné par 20 à 30 litres d’eau en moyenne. Le changement climatique, qui tend à diminuer le débit des rivières, en particulier en été, aggrave la situation en augmentant la concentration des polluants rejetés. Ce phénomène s’ajoute aux projections d’augmentation de la population francilienne, qui laissent déjà craindre une augmentation de la charge à traiter et, potentiellement, de la pollution de l’eau.

Lire la note complète

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *