Alain Ramos, conseiller municipal du Blanc-Mesnil (93), détaille la déliquescence de la gestion de l’eau dans sa ville, longtemps confiée à la Saur, puis à la Nantaise des eaux avant de tomber dans l’escarcelle de Suez. La ville du Blanc-Mesnil est une exception en région parisienne car elle puise l’eau dans son propre sous-sol, un avantage dont les habitant.e.s ne profitent visiblement pas.
Article publié sur le blog d’Alain Ramos.
Le dernier week-end d’octobre 2014, notre ami, notre camarade Philippe Hoang Mong nous quittait tragiquement. Philippe était ingénieur fonctionnaire territoriale de notre commune, il assumait responsabilité de la gestion de la distribution de l’eau. Depuis avril 2014, la droite extrême agissait sur ce dossier pour défendre les intérêts d’une entreprise allemande la Gelsenwesser, qui souhaitait faire un coup financier en se débarrassant de sa filiale La Nantaise des Eaux. Cette dernière n’étant pas très présentable, il fallait absolument améliorer son image en lui attribuant un nouveau marché. La droite extrême du Blanc-Mesnil a tout mis en œuvre, pour lui attribuer le marché de la distribution de l’eau, qui était géré par la SAUR. Pour que ce juteux marché s’accomplisse, la droite extrême a tout fait pour tordre la réalité. Le marché a été attribué à la Nantaise des Eaux, dans des conditions qui ont été contestées par la SAUR, le marché a été annulé par la justice, et une nouvelle délibération du conseil municipal a été nécessaire pour qu’enfin la Nantaise des Eaux devienne la délégataire de la distribution de l’eau. Quelques mois après l’entreprise allemande Gelsenwesser vendait un bon prix la Nantaise des Eaux à SUEZ. Pour assurer les profits de la sphère financière, Philippe Hoang Mong, l’honneur de la fonction publique territoriale est mort, ne l’oublions pas.
Nous ne pouvions pas commencer, cet article sur la gestion de l’eau de notre ville sans rendre cet hommage, à l’un des nôtres, mort pour défendre l’intérêt général, contre les dévires dangereuses portées par les choix néo libéraux de la droite extrême locale.
Une nouvelle fois, dans le plus pur style de la presse totalitaire, le journal municipal n° 169, se livre à une vaste opération de diversion pour masquer les réalités de sa politique nauséabonde en matière de la gestion de la distribution de l’eau au Blanc-Mesnil. Gros titre pour ne rien dire de la situation de l’eau. Rappel essentiel, notre ville est une exception, depuis 1928, elle est propriétaire de ses sources d’approvisionnement et des infrastructures de distribution. Pour nous confirmer ce que nous savions depuis toujours sur la qualité de l’eau distribuée, le seul apport de la droite extrême, comme d’habitude, de l’esbroufre et de la communication, a été de labelliser notre eau «La Blanc-Mesniloise». Nous apprenons par la même occasion que la baisse de 25% du prix de l’eau datant de 2014 n’a pas été tenue, comme «Sauvons nos Pavillons» et «la cantine gratuite». Bien entendu pour faire bon poids, le petit coup de patte sur la gauche. Bref, la droite extrême locale minable sur son radeau de la méduse.
Ce coup de projecteur, par des plumitifs de droite extrême, sur la gestion de l’eau est d’autant plus urgent et nécessaire que depuis 8 ans la distribution de l’eau au Blanc-Mesnil n’a jamais été aussi chaotique, il ne se passe pas une semaine sans coupure ou baisse de pression de l’eau, ce qui ne s’était jamais produit depuis au moins cinquante ans. Comme quoi le discours sur la modernité et c’est la faute de la gauche sont une vaste fumisterie. Car, en effet, les dysfonctionnements constatés sont le résultat de la promesse non tenue de Sauvons nos pavillons et du passage de la définition de la politique de l’urbanisme imposée par la spéculation financière et immobilière.
Depuis 2014, le conseil municipal et par conséquent la population n’ a plus aucune information annuelle sur les activités des gestionnaires capitalistiques de la distribution de l’eau, la Nantaise des Eaux et depuis 2016 de Suez. Par ailleurs, l’article du n°169 se garde bien de nous donner des informations utiles, nous permettant d’avoir tous les éléments à une bonne compréhension des enjeux écologiques et financiers de la distribution de l’eau. Alors, que dans le même temps, la question de l’eau est devenue un dossier essentiel dans l’indispensable débat sur la transition écologique et climatique.
Notre ville est propriétaire de ces sources d’approvisionnement en eau, elle puise dans la nappe phréatique du Soissonnais. Comme nous n’avons pas à notre disposition les informations légales qui nous sont dues, nous allons travailler à partir de chiffres qui circulent, mais qui sont très proches de la réalité.
Aujourd’hui se sont près de 2 400 000 mètres cubes d’eau qui sont distribuées et donc puisées dans la nappe phréatique. En prenant le dernier chiffre de la population en 2019 publié par Wikipédia est de 57498 habitants, nous arrivons à une consommation par an et par habitant de 41,74 mètres cubes soit 114 litres par jour.
Nous avons recensé à ce jour la construction, par le spéculation immobilière dans le cadre de la promesse Sauvons nos pavillons, de 13 856 appartements nouveaux. Toujours selon Wikipédia, la densité par logement est 2,8 personnes. Cela conduira si ces projets bétonnifères se concrétisent à une augmentation de 38796 habitants dans les 10 prochaines années. Dès lors notre commune comptera 96 294 habitants. Certes, ce chiffre peut être considéré comme un maximum. Néanmoins, même en retenant par exemple qu’une démographie de 95000 habitants, le risque est grand que la consommation d’eau annuel passe à 3 965 300 mètres cubes.
Cette augmentation exponentielle du tirage de l’eau sur la nappe phréatique doit obligatoirement retenir l’attention de celles et ceux qui ont la responsabilité d’assurer la distribution de l’eau, nous devons malheureusement constater que cette préoccupation ne semble pas être celle de la droite extrême locale. Leur politique est toujours une politique de court terme, une politique des profits immédiats sans se préoccuper des conséquences de long terme pour la planète et ses habitants.
Il paraît évident, d’autant plus aujourd’hui où nous voyons chaque jour un peu plus les dérèglements climatiques et leurs conséquences sur l’eau, que les choix du béton à n’importe quel prix est dangereux, voire mortifère.
Au Blanc-Mesnil, ce qui a fait la force de notre commune, c’est à dire son autonomie pour l’approvisionnement et la distribution de l’eau, va devenir impossible à préserver, car elle ne sera peut-être plus en capacité d’assurer un tel prélèvement d’eau dans la nappe phréatique. Cette frénésie de béton le long des rues et des avenues, va conduire à passer sous les fourches caudines du SEDIF et de Véolia et il sera finie de la qualité de l’eau que nous avons actuellement.
La folie du béton voulue, assumée, développée par la droite extrême est totalement irresponsable, d’abord et a aucun moment dans l’article nous percevons des informations sur la nécessité d’adapter le réseau afin qu’il puisse supporter et assurer une augmentation de 65% de la distribution de l’eau, et une telle augmentation de la distribution d’eau a obligatoirement des conséquences immédiates et directes sur le réseau d’assainissement qui sera lui aussi en sous capacité si les investissements nécessaires ne sont pas décidés pour l’adapter au nouveau flux.
Mais, les choix de la droite extrême déterminés exclusivement pour favoriser la profitabilité des revenus de la spéculation immobilière et financière sont, surtout, totalement irresponsables car ils prennent le risque de détruire les capacités ré-emplissage de la nappe phréatique du Soissonnaie pour assouvir leur frénésie d’accaparation des biens communs.
La gestion de l’eau, la droite extrême locale dirigé par un clan népotique, mégalomane, cynique et violent est totalement irresponsable et dangereux pour la planète, les Blanc-Mesnilois et totalement en opposition avec les exigences incontournables pour assurer la transition climatique et écologique.
La bataille pour assurer la pérennité des sources et des ressources de l’eau est une ardente obligation, les Blanc-Mesniloises et les Blanc-Mesnilois doivent se réunir de manière urgente pour sortir l’eau du giron de la production des dividendes qui alimente le moloch de la sphère financière.