C’est devant une assistance citoyenne nombreuse et attentive que s’est tenu mardi 27 juin le débat d’orientation sur la gestion de l’eau du territoire Grand Orly Seine Bièvre. Au-delà du flou entretenu par une partie de l’exécutif du conseil territorial, la piste d’une gestion publique se précise et se renforce en suscitant l’intérêt de nouvelles villes de toutes les couleurs politiques. L’intervention citoyenne sera décisive dès la rentrée pour transformer l’essai en faveur de la gestion publique!
Que se passera-t-il si toutes les villes ou une partie d’entre elles n’adhèrent pas au SEDIF?
Plusieurs interventions, notamment celles de Cécile Veyrunes-Legrain, vice-présidente en charge de l’eau, et de Michel Leprêtre, président du conseil territorial, (photo ci-contre) ont cultivé le flou voire les inexactitudes.
Richard Dell’Agnola, maire de Thiais et vice-président du SEDIF, a même essayé d’effrayer les élus avec les poncifs habituels et mensongers sur « l’augmentation du prix de l’eau en régie » (quand on sait que les tarifs du SEDIF sont 30% plus élevés que ceux d’Eau de Paris), ou encore sur « les frais de fonctionnement pour le territoire » (alors que, suivant le principe l’eau paie l’eau, c’est la facture des usagers qui financera le fonctionnement de la régie).
A l’opposé, Jacques Perreux (photo ci-contre) s’est attaché à préciser la feuille de route de la gestion publique pour les prochaines années: « l’établissement public territorial (EPT) assurera la continuité de gestion du contrat avec Veolia jusqu’en 2022 et l’ensemble des villes ou une partie des villes auront alors ensemble cinq années pour réfléchir sereinement, sans pression, cinq années pour inventer, travailler et mettre en place une structure publique. Il est évidemment intéressant que d’ores et déjà trois maires dont les villes ont un contrat avec Suez se disent partisans de la mise en place d’une telle structure. »
Une nouvelle donne à souligner, ce n’est plus quelques villes, comme il y a quelques mois encore, qui manifestent leur intérêt pour la gestion publique mais une dizaine de collectivités de toutes les couleurs politiques. Les interventions de Stéphanie Daumin, maire de Chevilly-Larue et première vice-présidente du conseil territorial, de son adjoint André Deluchat, ou encore celle de Jean-Luc Laurent, élu du Kremlin-Bicêtre, (photo ci-dessus) ont fortement exprimé cette volonté politique en faveur de la gestion publique. La dynamique est clairement de ce côté et ne demande qu’à se développer. Comment pouvons-nous l’aider à grandir? Quelles initiatives prendre dès la rentrée de septembre? Voici les devoirs de vacances des militants associatifs de l’eau bien commun!
Séparer le choix politique de la régie publique des contingences techniques
Jacques Perreux constate que « plusieurs villes ont déjà exploré les possibilités de coopérer avec le service public voisin Eau de Paris mais au-delà de ces villes, notre territoire du fait de sa géographie, de son fleuve et de ses rivières est généreusement baigné par l’eau. Il accueille des aqueducs, des usines d’eau, différents producteurs. On peut donc envisager une régie qui travaille avec l’ensemble de ces opérateurs. »
Jacques Perreux suggère « que l’étude en cours explore l’hypothèse où toutes les villes du territoire sauf évidemment celles qui s’y opposeraient, se regroupent dans une régie territoriale. Il s’agit d’explorer. Non pas de décider mais d’explorer pour pouvoir décider. D’explorer quelles en seraient les conditions, avantages et inconvénients. D’explorer la possibilité de travailler avec tous les opérateurs existants sur le territoire (Eau de Paris, le SEDIF, Suez, la régie de Vitry-sur-Seine). L’étude devrait aussi, selon nous réfléchir les alternatives en terme de bassins cohérents au plan hydraulique. Voici nos deux propositions pour contribuer à la poursuite du travail sans écarter aucune piste. »
Ce faisant, on voit qu’il s’agit de distinguer le choix politique en faveur de la régie publique et les modalités pratiques de sa mise en place. Les obstacles ou les débats techniques ne doivent pas empêcher d’avancer. Après le premier pas, la sortie du SEDIF, le second, la création d’une régie publique la plus large possible, il s’agira de trouver les solutions techniques les plus avantageuses concernant l’approvisionnement en mettant en concurrence les différents producteurs d’eau potable présents sur le territoire.
Le rôle décisif de l’intervention citoyenne
Enfin, Jacques Perreux a conclu son propos en appuyant le rôle des citoyens: « alors que le monde va mal, que bien des sociétés se déglinguent, que parfois le chacun pour soit l’emporte, avec son lot de méfiances, de rejets des autres, parfois de haines, n’y a t-il pas lieu de se réapproprier la gestion de nos biens communs? N’y a-t-il pas lieu d’impulser la citoyenneté pour l’eau et grâce à elle? N’est-ce pas une urgence sociale écologique et culturelle? N’y a-t-il pas lieu que le service public de l’eau citoyen nous aide a redonner du sens aux relations humaines, développe une nouvelle culture de l’eau pour nos enfants, par l’éducation et la participation? J’en en profite pour saluer la présence et la participation des militants associatifs. Nous leurs devons beaucoup . Ils sont indispensables. J’ai en mémoire le rôle décisif que jouèrent ces militants longtemps isolés qui prônaient la renaissance de la Bièvre aujourd’hui rouverte sur notre territoire .«
Pour ce qui nous concerne, nous serons au rendez-vous dès la rentrée. La Coordination Eau Île-de-France va organiser une assemblée de tous les collectifs locaux et associations actuellement engagés dans le combat pour la gestion publique, que ce soit sur le territoire Grand Orly Seine Bièvre, à Est Ensemble ou à Plaine commune. Dans l’objectif de prendre de nouvelles initiatives pour faire entendre la voix des citoyens et de peser sur les décisions qui seront prises en octobre par les territoires.