De Créteil à Marseille – FAME 2012
Succès historique pour l’eau en Italie!
C’est un succès historique pour les militants de l’eau du monde entier! Le référendum d’initiative populaire en Italie a obtenu une participation de 57% des inscrits, soit plus que les 50% nécessaires à sa validation : ce n’était pas arrivé depuis 1995 !
Plus de 95% des votants ont refusé la privatisation de l’eau et ils ont été aussi nombreux à refuser que des profits soient réalisés sur l’eau. Les tenants de la privatisation n’avaient pourtant pas manqué de leur expliquer qu’ils se trompaient, qu’en fait, il ne s’agissait pas de privatisation car la propriété des installations serait restée publique …comme en France ! Mais les Italiens n’ont pas été dupes, ils ont bien compris que confier la gestion d’un service public au privé, c’est bien une privatisation !
A l’heure de la victoire, il ne faut pas oublier les étapes du chemin et rendre hommage à la longue obstination de nos amis italiens. Les 1,7 millions de signatures recueillies pour obtenir le référendum. Les centaines de comités dans toute l’Italie regroupant citoyens, associations, salariés et syndicats des services publics, élus locaux, etc. Les deux manifestations monstres à Rome en mars 2010 et en mars 2011. Une dynamique citoyenne s’est construite depuis des années -on se souvient du Forum alternatif mondial de l’eau (FAME) à Florence en 2003- et a su trouver le soutien des forces de gauche comme de l’Eglise catholique, tout en s’affirmant de façon autonome avec le Forum italien des mouvements pour l’eau.
Et si nous suivions le chemin de nos amis italiens ? Et si nous étions capables de nous rassembler, de nous coordonner, citoyens, associations, salariés et syndicats des services publics, élus locaux, etc., pour constituer un grand mouvement pour l’eau en France et dans d’autres pays ? Et si le FAME en 2012 à Marseille cette fois, était le point de départ de ce mouvement ?
Remarquons enfin que la majorité absolue des électeurs italiens (plus 54% des inscrits) s’est prononcée pour la gestion publique de l’eau. Il n’y a pas de forces politiques capables de tels scores depuis bien longtemps en France et dans de nombreux pays européens! Cela donne la mesure de la légitimité politique du combat pour l’eau. Et l’eau a débordé et s’est mutuellement renforcée avec d’autres combats comme le rejet du nucléaire et le rejet de l’impunité de Berlusconi. Face à la désaffection qui frappe les institutions politiques, le combat pour l’eau montre la voie du renouveau !
Cette formidable maturité citoyenne mérite d’être entendue ! Il faut arrêter de jouer avec la démocratie et de décider à la place des citoyens des grandes questions publiques comme la gestion de l’eau ou le nucléaire. Il faut au contraire rendre la parole aux citoyens : exigeons que plus aucune privatisation, que plus aucune reconduction de délégation de service public, ne puisse se faire sans vote de la population !
L’adhésion d’Est Ensemble au SEDIF doit être annulée !
Lundi 30 mai, la Coordination EAU Île-de-France, représentée par l’avocat
William Bourdon, a déposé un recours au Tribunal administratif de Montreuil,
pour obtenir l’annulation de la délibération de la Communauté
d’agglomération Est Ensemble (CAEE) du 30 novembre, sur l’adhésion au
Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF).
Sur la forme, la délibération est entachée d’un vice de procédure : l’appel
à une société de sécurité privée par M. Kern et le comportement de cette
dernière, ont dissuadé nombre de citoyens d’assister à une séance du Conseil
d’agglomération qui aurait du être publique et qui ne l’a donc pas été.
Sur le fond, par les deux délibérations votées le 30 novembre (l’une pour la
réalisation d’études et l’embauche d’un ingénieur pour choisir le mode de
gestion et l’autre pour l’adhésion au SEDIF), la CAEE prétendait rejoindre
le Syndicat des Eaux d’Ile-de-France uniquement pour une durée déterminée en
se réservant la possibilité expresse de s’en retirer au bout de deux ans, une possibilité qui n’est pas prévue par la loi ! Ce qui rend la délibération illégale.
Une gestion publique de l’eau, démocratique et transparente, est toujours
possible à Est Ensemble et en Île-de-France.
La Coordination EAU Île-de-France a besoin de votre soutien et de votre participation pour mener ce combat jusqu’au bout et le gagner!
Vers des Assises régionales des associations pour l’eau en Île-de-France
La Coordination EAU Île-de-France se réjouit que la Région Île-de-France ait
décidé, lors de sa Commission permanente du 19 mai, l’octroi d’une
subvention de 50 000 EUR pour l’organisation d’Assises régionales des
associations pour l’eau.
Créée en juin 2008, la Coordination EAU Île-de-France promeut une gestion
publique et démocratique de l’eau, en lien étroit avec les usagers et leurs
associations, dans le respect de l’environnement. Elle a mené la lutte pour
une gestion publique au SEDIF, qui se prolonge actuellement à Est Ensemble.
Elle a exprimé ses propositions dans le débat sur la tarification sociale et
le droit à l’eau ; plus récemment, elle a été à l’initiative d’un Colloque
sur l’eau et l’agriculture. Elle sensibilise un large public au travers de
ses deux expositions itinérantes, l’eau en Île-de-France et la démocratie au
fil de l’eau ou encore, en multipliant les projections-débats de Water makes
money. Enfin, elle prépare activement le Forum alternatif mondial de l’eau
(FAME) qui aura lieu en mars 2012 à Marseille. La Coordination fêtera ses
trois ans le vendredi 10 juin à Bondy!
Avec les Assises, une nouvelle étape s’ouvre pour mettre en réseau
usagers-citoyens, associations et élus et les faire participer à toutes les
décisions qui engagent leur avenir, qu’il s’agisse de la préservation de la
ressource, de la transparence indispensable en matière de gestion, comme de
la prise en compte de la situation des populations les plus fragilisées,
directement affectées par l’augmentation croissante du prix de l’eau. Pour
mettre en résonnance aussi toutes les formes d’intervention citoyennes et
associatives: porteurs de parole dans la rue, théâtre-forum, expositions,
vidé-eau-activisme, colloques, recours juridiques, conférences-débats, etc.
Une première réunion de travail est prévue samedi 25 juin au Conseil
régional d’Ïle-de-France
Hydrogaïa: une préfiguration de l’avenir de l’eau et du Forum mondial de l’eau à Marseille en 2012?
Le mercredi 25 mai, s’est ouvert à Montpellier, le salon professionnel sur
l’eau Hydrogaïa, sorte de foire commerciale pour faire connaître les
technologies de traitement des eaux. Hydrogaïa s’affiche comme un événement
incontournable de la filière eau, avec comme point central la rencontre des
leaders internationaux du marché. Au coeur du salon, trois jours de
conférences sous le patronage de quatre acteurs clés: le pôle mondial de
l’eau qui regroupe les universités et les entreprises et qui est dirigé par
Véolia, la recherche incluse dans le pôle, une association internationale
des ingénieurs de l’eau et l’agglomération de Montpellier. L’Agence de l’eau
Seine-Normandie qui ne trouve pas d’intérêt aux rencontres associatives dans
sa propre région est également présente! Tous vont dans le sens de ce qui
leur parait une évidence: l’eau, c’est une question de marché.
Les trois thèmes retenus pour ces conférences sont pourtant des thèmes
controversés: la gouvernance de l’eau, Eau et Méditerranée, réutilisation
des eaux de toutes origines. Il ne faut pourtant pas attendre de
controverses dans cette manifestation, les intervenants étant tous, de près
ou de loin, associées aux entreprises privées de l’eau.
Alors que la rive sud de la Méditerranée se bat pour accéder à la
démocratie, à la parole libre, à la lutte contre les inégalités sociales et
aux droits politiques, nous connaissons sur la rive nord un exemple de
déséquilibre dans les moyens dont disposent les acteurs sociaux économiques.
Fort des moyens financiers et des relais politiques, Hydrogaïa pèse
évidemment plus que tout autre manifestation indépendante des pouvoirs sur
l’eau, tels qu’ils se sont consolidés depuis 20 ans en France.
Faire entendre d’autres voix sera difficile dans la perspective du Forum
Mondial de l’Eau de Marseille en 2012, alors qu’Hydrogaia se présente comme
un pas vers 2012. Dans une démocratie, il serait bon de ne pas oublier que
l’eau n’est pas forcément une marchandise et que sa gestion ne devrait pas
dépendre de deux ou trois oligopoles. Dans une démocratie, on peut
légitimement s’interroger sur les relations entre la recherche publique et
les entreprises privées. On peut aussi confronter les modèles économiques et
politiques et se demander sur quelles bases se retrouvent ainsi des élus de
gauche comme de droite.
Rendez-vous à tous ceux qui veulent construire des alternatives au modèle du
marché de l’eau, à la recherche publique pilotée par les entreprises et aux
collusions entre pouvoirs politiques et économiques au Forum Alternatif
Mondial de l’Eau (FAME) à Marseille!