La tentative du groupe de pression des entreprises de l’eau, Aquafed, de saper l’analyse de Léo Heller sur les risques pour les droits humains de la privatisation de l’eau a suscité l’indignation de plus de 100 organisations dans le monde, dont la Coordination EAU Île-de-France, qui dans le texte ci-dessous expriment leur soutien sans faille au rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’eau.
Nous, soussignés, exprimons notre ferme soutien au rapport sur «La privatisation des services d’eau et d’assainissement» du Rapporteur spécial des Nations Unies (ONU) sur les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement, M. Léo Heller. Il présente le rapport à l’Assemblée générale des Nations Unies aujourd’hui. Nous sommes également profondément préoccupés par les tentatives d’un groupe d’exploitants privés des eaux de saper l’indépendance du Rapporteur spécial et ses travaux.
Cette ingérence est une tentative transparente et inacceptable de protéger les profits de l’industrie
Ce nouveau rapport est une contribution importante à un débat crucial à l’heure actuelle. Le rôle des acteurs privés dans la fourniture de services publics, y compris les services d’eau et d’assainissement, s’est accru au cours des dernières décennies. Ces dernières années, au moins quatre autres procédures spéciales de l’ONU (extrême pauvreté et droits de l’homme , éducation , logement et dette ) ont écrit à ce sujet dans leurs rapports respectifs. Cette semaine encore, huit rapporteurs spéciaux et experts indépendants des Nations Unies, actuels et anciens, se sont réunis lors d’un événement majeur sur la privatisation rassemblant des centaines de personnes en ligne, et cinq d’entre eux ont publié un éditorial, publié dans le monde entier sur l’importance de la question de la privatisation et des droits de l’homme.
Le rapport de M. Heller est équilibré et reconnaît la diversité du contexte. Son rapport est le résultat de son travail au cours des six dernières années et il a été préparé de façon remarquable au cours de plusieurs consultations qui vont bien au-delà de ce qui est attendu ou de la pratique habituelle dans le cadre des procédures spéciales de l’ONU. Les consultations ont réuni un large éventail de parties prenantes, y compris les États et le secteur privé, et ont été partagées de manière transparente sur le site Web du mandat
Lire la réponse de la Coordination EAU Île-de-France à la consultation
Pourtant, malgré l’importance de cette question et les solutions mesurées et constructives proposées, le Rapporteur spécial a été confronté à un rejet important d’Aquafed, un groupe de pression des sociétés privées de l’eau comme Veolia et Suez . Nous savons qu’Aquafed a écrit au Président du Conseil des droits de l’homme, au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et aux États. Ces lettres ont personnalisé la question, remettant en question l’impartialité de M. Heller et le respect des règles applicables. Les préoccupations qu’ils soulèvent ne sont cependant pas fondées; ils visent à le faire taire et à le discréditer, plutôt que de débattre de la substance.
Cette ingérence est une tentative transparente et inacceptable de protéger les bénéfices de l’industrie de l’exposition à la réalité de l’expérience vécue par beaucoup trop de personnes qui ont vu leurs droits humains violés lors de la privatisation.
Nous exhortons les États, en tant que responsables, à continuer de placer leur obligation de respecter les droits de l’homme de tous au-dessus des intérêts financiers de tout acteur privé.
Nous tenons à exprimer notre soutien sans faille à la rigueur et au professionnalisme de M. Heller. Malgré des ressources limitées, il a largement consulté pour ce rapport et pour ses précédents rapports.
Tout au long de son mandat de six ans, il a prêté attention aux communautés et aux familles touchées qui ne jouissent pas des droits à l’eau et à l’assainissement. Dans le strict respect des règles de conduite et du mandat du Conseil des droits de l’homme, il a mené des recherches de qualité, fondées sur des preuves et réfléchies. Il a pris en considération les vues qu’il a reçues au cours des consultations, mais a agi indépendamment des États, du secteur privé et d’autres parties prenantes, qui est le pilier du mécanisme des procédures spéciales des Nations Unies. Il n’y a aucun doute sur son intégrité, son professionnalisme ou son attachement aux droits de l’homme.
Les signataires tiennent à exprimer leur reconnaissance pour le travail que le Rapporteur spécial a entrepris au cours des six dernières années et, en particulier, soulignent l’importance de son travail sur la privatisation. M. Heller fait des recommandations aux États, aux acteurs privés et aux institutions financières internationales, qui, à notre avis, méritent l’attention et l’action voulues.
Nous exhortons les États, en tant que responsables, à continuer de placer leur obligation de respecter les droits de l’homme de tous au-dessus des intérêts financiers de tout acteur privé.