Sale été pour les mégabassines

Le 8 juillet, 9 agriculteurs de Charente Maritime, utilisant des mégabassines illégales, ont été condamnés à de lourdes amendes. La Coopérative de l’eau des Deux Sèvres à l’origine de la mégabassine de Sainte Soline est en difficultés financières. Début juillet encore, quatre mégabassines, trois en Poitou-Charentes et une autre en Vendée, ont été débâchées par DU PLOMB (Débâchages Unis Pour L’Obstruction aux Méga-Bassines)!

Mégabassines illégales : 9 agriculteurs condamnés à 1,5 million d’euros d’amendes

Neuf agriculteurs de Charente-Maritime utilisant des mégabassines illégales depuis 2010 ont été condamnés, le 8 juillet, pour délits environnementaux, avec de lourdes peines financières.

C’est une première en France : le 8 juillet, le tribunal de La Rochelle a déclaré neuf agriculteurs coupables de délits environnementaux liés à l’utilisation de mégabassines entre 2020 et 2023.

Un jugement exceptionnel assorti de peines importantes : 20 000 euros par personne, 100 000 euros par exploitation, 30 000 euros de dommages et intérêts à l’association Nature Environnement 17 (NE17) constituée partie civile et 400 000 euros à verser collectivement à l’Agence de l’eau Loire Bretagne pour compenser le préjudice écologique. Soit 1,5 million d’euros d’amendes et réparations égrainés dans un souffle par le président de la cour. « Beau pays, la France ! » a lâché un exploitant condamné, en quittant la salle d’audience où était retombé le silence.

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Le modèle économique des mégabassines du Poitou prend l’eau

Dans les Deux-Sèvres, la Coopérative de l’eau qui gère les mégabassines est en difficulté financière. Les coûts de ces ouvrages ont explosé, alors que s’accumulent les jugements défavorables et les ras-le-bol d’agriculteurs.

L’agricultrice entrouvre sa porte. Le regard porté au-delà de sa cour de ferme, elle pointe d’un doigt rageur un champ au sud de Niort : « Il devait y avoir une réserve, juste là : on a payé la peau du cul pour rien ! » s’époumone-t-elle. Là, aurait dû être construite une mégabassine, mais le projet a été abandonné. « Je suis bientôt à la retraite, mon mari l’est déjà : on veut plus en entendre parler de la Coopérative de l’eau ! »

Elle témoigne anonymement, comme la plupart des irrigants et irrigantes interrogées : dans le Poitou céréalier, entre famille et voisinage, tout le monde sait qui arrose, tout le monde peut deviner qui a parlé. Elle claque la porte sur nos questions, comme elle a claqué la porte au projet des mégabassines. Et elle est loin d’être la seule à ne plus y croire.

Créée pour construire et faire fonctionner les mégabassines du Poitou, la Coopérative de l’eau des Deux-Sèvres (Coop de l’eau 79) s’enfonce depuis un an dans une crise. D’après les documents consultés par Reporterre, la structure qui gère les mégabassines est frappée par des décisions de justice très contraignantes, victime de l’augmentation de ses coûts de fonctionnement, et voit se multiplier les départs d’agriculteurs épuisés par l’effort financier. Parmi les 10 agriculteurs adhérents rencontrés par Reporterre, 5 évoquent sans détour un risque de « faillite ». Tous décrivent des difficultés économiques systémiques.

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Duplomb dans l’aile – 4 bassines de moins !

Début juillet, 4 méga-bassines ont été débâchées : deux bassines, depuis longtemps illégales mais toujours utilisées, à Ferrières et Benon dans la plaine d’Aunis en Charente-Maritime, une autre à Ste Gemme la plaine en Vendée et une dernière à Fouqueure en Charente. Nous avons reçu un communiqué revendicatif signé : DU PLOMB (Débâchages Unis Pour L’Obstruction aux Méga-Bassines)

Communiqué par DU PLOMB (Débâchages Unis Pour L’Obstruction aux Méga-Bassines)

Dans les arrières salles du Parlement, certains projettent un futur catastrophique. La loi Duplomb qui légalise les manigances des lobbys est imposée sans débat en commission mixte paritaire : retour des néonicotinoïdes et levée des barrières pour les pesticides, carte blanche pour les ferme-usines et les méga-bassines…

De notre côté, face à ce qu’ils nous imposent de loin, nous préparons un autre avenir, là où nous vivons. C’est là que nous avons décidé d’apporter quelques réponses tranchées à la loi Duplomb.

Les habitant.es du Poitou qui tiennent à leurs terres et à leur ressource en eau savent qu’il est possible d’accéder aux bassines : plus d’une vingtaine a déjà été débâchée depuis 2021. Alors comme le veut la noble tradition du cutter picto-charentais, nous avons nous aussi découpé les bâches de 4 d’entre elles.

Nous avons ainsi mis hors d’état de nuire deux bassines, depuis longtemps illégales mais toujours utilisées, à Ferrières et Benon dans la plaine d’Aunis . Nous en avons ciblé deux autres : à Ste Gemme la plaine en Vendée et à Fouqueure en Charente.

Nous sommes tenu.es d’agir puisqu’ils ne veulent plus entendre les voix qui s’élèvent autrement. Dans la Plaine d’Aunis en Charente-maritime, le nombre de cancers infantiles liés au modèle bassines explose. En Vendée, les bassines accélèrent la dégradation des rivières. En Charente, des irrigants s’accaparent l’eau pour des cultures intensives de maïs, au détriment de leur voisin.es et de la biodiversité.

Nous refusons de céder à l’abattement. Nous sommes résolu.es à mettre fin à l’impunité dont jouissent les accapareurs de terres et d’eau. Si la loi Duplomb cherche à ce point à sauver le système bassine c’est parce que celui-ci est déjà en train de s’effondrer . De nombreux projets sont déjà abandonnés ou à l’arrêt par décision de justice. Les coûts de réalisation et de sécurisation des chantiers ont explosé. Les bassines ne trouvent plus d’assureur. La petite minorité d’irrigants qui en profitent ont de moins en moins d’ami.es parmi leur voisin.es. Nous comptons bien pousser à l’abandon définitif de ces dispositifs.

La complicité de l’État avec le lobby agro-chimique pour promouvoir les méga-bassines est de plus en plus flagrante. Les banques, les pouvoirs publiques et les spéculateurs s’accordent pour dicter la loi. Nous ne voulons plus assister impuissant.es aux ingérences au sein des instances locales de gestion de l’eau, au lobbying effréné des semenciers et producteurs de pesticides pour dissimuler leur méfaits ou à l’instrumentalisation de la colère agricole par les dirigeants de la FNSEA. En neutralisant ces 4 bassines, nous visons tout un système qui agit comme une mafia.

Il ne s’agit pas d’un acte isolé. Nous ajoutons nos incisions aux coups déjà portés par tant d’autres :

celles et ceux qui par leurs enquêtes mettent à jour les rouages sordides de l’agro industrie

celles et ceux qui lancent des recours juridiques

celles et ceux qui se battent au quotidien, en dépit des menaces, pour faire exister d’autres pratiques agricoles protectrices des terres et de l’eau.

celles et ceux qui organisent des assemblées de bassin versant

celles et ceux qui ont manifesté et manifesteront contre les bassines et la loi Duplomb

celles et ceux qui sabotent ingénieusement

celles et ceux qui s’apprêtent à empêcher le démarrage de chantiers de méga-bassines dans le bassin du Clain.

Tant qu’il y aura des projets de bassines, nous irons leur rendre visite. Nous avons des ami.es partout.

DU PLOMB (Débâchages Unis Pour L’Obstruction aux Méga-Bassines)

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