Quatre mois après l’incendie de la station d’épuration Seine Aval, à Achères, d’autres « incidents » récents émergent. Par Christel de Taddeo dans le JDD du 22 octobre.
De nombreuses zones d’ombre subsistent encore autour de l’incendie qui s’est déclaré cet été dans la station d’épuration Seine Aval, ainsi que sur ses conséquences, après la troisième réunion publique tenue jeudi à la sous-préfecture de Saint-Germain-en-Laye. Cette usine de traitement des eaux usées, située sur les communes d’Achères et de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), est la plus grande d’Europe. Classée Seveso « seuil haut » depuis 2010, elle traite à elle seule 60% des eaux usées de la région parisienne. Le 3 juillet, un incendie spectaculaire a détruit l’unité de clarifoculation qui permettait de traiter les matières organiques en suspension et le phosphate. S’est ensuivi un important épisode de mortalité piscicole.
Si c’est sans doute le plus important, ce n’est pas le premier accident sur ce site à haut risque. « En tout état de cause, la question de la sécurité n’était pas au niveau attendu », confie une source ministérielle. En 2018, pas moins de neuf accidents ou incidents – qui ont porté ou auraient pu porter atteinte à la santé, à la sécurité publique ou à l’environnement – ont été recensés par le Bureau d’analyse des risques et pollutions industriels (Barpi).
Quatre mises en demeure
« L’installation est ancienne et certaines conduites sont vétustes, mais c’est maîtrisé, assure le directeur du site, Yann Bourbon, évoquant des incidents mineurs. Une partie du réseau sera remplacée d’ici à 2023, la partie des travaux la plus sensible a déjà été réalisée en fin d’année dernière. »
L’an dernier, le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (Siaap) a néanmoins fait l’objet de quatre mises en demeure de la part du préfet des Yvelines pour le centre d’épuration de Seine Aval. L’une d’elles, en août 2018, concernait la « surveillance de variation anormale de niveau […] de javel de l’unité de prétraitement », demandée seize mois plus tôt après un accident technologique. « Nous devons suivre les procédures légales », plaide la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE) pour expliquer ces délais.
En mars 2018, après que des « non-conformités notables » ont été relevées, le préfet avait mis en demeure le Siaap pour que la cuve de stockage de chlorure de fer mixte soit mise à l’arrêt sous vingt-quatre heures compte tenu des risques « liés aux mélanges accidentels de produits ». Deux jours auparavant, un nouveau problème impliquant cette même cuve était apparu alors que le Siaap avait eu huit mois pour se mettre en conformité.
Un audit de sécurité lancé
Des « dysfonctionnements » ont par ailleurs été constatés par les services de l’État dans la gestion de cet incident : identification tardive des produits mis en jeu, identification incorrecte des cuves et des circuits correspondant aux produits. Et un incident survenu le mois précédent, impliquant la même cuve, n’a pas été signalé à la DRIEE.
Le 28 janvier dernier, le préfet a astreint le Siaap d’une amende journalière de 50 euros puis de 100 euros afin d’obtenir l’inspection des réservoirs et le contrôle des tuyauteries après que des « non-conformités notables » ont été de nouveau relevées. Les derniers documents pour la levée de l’astreinte ont été fournis par l’exploitant le 11 septembre et sont en cours d’étude.
« Nous avons constaté des manquements et nous les avons à chaque fois réprimés », indique la DRIEE, qui a effectué six inspections sur le site l’an dernier et renforcé sa surveillance. Le Siaap a annoncé, dès juillet, le lancement d’un audit de sécurité de ses installations. L’appel d’offres a été publié le 9 octobre.
Alors même qu’avec Lubrizol et la SIAAP, la Seine est maintenant probablement morte de Paris à son embouchure, il y a une vraie omerta médiatique sur ce dernier dossier.
Cependant quand on prend connaissance des membres qui composent le CA du SIAAP, il n’y a peut-être pas de hasard…
Encore un domaine, l’eau, qui soulève les polémiques à répétition : état des captages prioritaires, fuites d’eau potable de l’ordre de 20 %, traitements et pollutions diverses, épandages des boues, coûts pour l’usager et dividendes servis par Véolia, principe pollueur/payeur toujours pas respecté, aucune harmonisation au niveau européen (comme pour la quasi totalité des thèmes socio-économiques).
La Suisse pourrait représenter un modèle de gestion sur son territoire mais Nestlé se comporte comme un prédateur dans tous les autres pays.
Réveillons-nous, braves gens !